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Vision étriquée ou réaliste des soignants?

Lorsque notre président a pris conscience de la gravité de la pandémie sur nos populations, il a rapidement pris l’initiative de nous confiner juste après les résultats électoraux du 1er tour lors de l’élection des maires.

Au delà de cette initiative, les soignants ont eu, dès l’arrivée de la « première vague », une attitude exemplaire.

Ainsi au sein des hôpitaux, des cliniques, mais aussi des cabinets médicaux libéraux, tous ces professionnels ont pris en compte l’importance de leur rôle.

La COVID-19 a été à l’origine d’une surchauffe des services de réanimation (hospitaliers, mais aussi des cliniques), et le personnel en charge des patients dans ces unités n’a jamais démérité. Pire, ces professionnels ont du, avec la compétence qui les caractérise, affronter des situations humainement difficiles à affronter (décès de jeunes patients, choix dans le transfert de patients).

Tout aussi délicat est la situation de stress qu’ils ont du essayer de gérer car les familles n’ont pas pu, dans de nombreux cas, voir l’être cher qui disparaissait d’une complication secondaire à cette virose.

Mis à part l’angoisse générée par cette première vague, ils ont du également prendre en compte un autre élément: leur charge de travail.

Outre le manque de personnel chronique voulue par les politiques qui affecte les unités hospitalières, il a fallu également remplacer les soignants contaminés (certains sont passés de l’autre côté de la barrière et ne sont malheureusement plus de ce monde).

Les soignants ont toujours répondu présents, cela en sachant les risques pris dès lors qu’ils étaient contaminés.

Au décours de cette première vague, les français, sous l’impulsion de certaines associations de citoyens, ont décidé d’honorer cet engagement.

Ainsi durant quelques semaines certains français ont fait du bruit avec des casseroles à 20 heures pour montrer leur soutien à cette masse laborieuse qui est allé au travail (pas en télétravail), et n’a pas fait porter à la connaissance des pouvoirs publics les tares qui pouvaient les exclure du soin (certains l’ont fait, mais ils restent très minoritaires).

Après la première vague est arrivée la 2ème et la 3ème vague, et les français ont du s’adapter avec beaucoup de mal à cette nouvelle donne très difficile, cela sans savoir quand la pandémie arrêtera sa progression.

Un changement de paradigme dans la vision de l’engagement des soignants

Les vaccins pour la COVID sont alors arrivés au mois de janvier 2021, et les professionnels de santé ont continué de se mobiliser dans leurs services ou dans leur cabinet, mais aussi au sein des centres (la vaccinodromes) pour assurer le bon déroulement de la vaccination des plus âgés.

C’est alors que le premier couac est intervenu. On a proposé aux médecins d’effectuer au sein de leur cabinet la vaccination, mais sans avoir le nombre de doses nécessaires.

Le plus difficile à accepter c’est le fait que les pouvoirs publics étaient parfaitement au courant de cette situation, et préféraient le mensonge à la vérité.

Demander aux médecins de vacciner, établir des listes (c’est très chronophage), cela alors que l’exécutif connaît parfaitement la problématique de la distribution, c’est rageant!

Par la suite la 4ème vague est arrivée en été.

Les médias ont diffusés des témoignages de familles très remontées contre les personnels de certaines unités hospitalières qui étaient l’origine de décès de patients (ils étaient contaminés et n’étaient pas vaccinés il semblerait).

Aucun journaliste, aucun membre du gouvernement n’a expliqué qu’en étant vacciné il est possible de contaminer les patients, et que toutes les mesures prises pour éviter toute transmission virale sont parfois vouées à quelques échecs.

Plutôt que de soutenir les personnels ces « habitués » et professionnels des médias ont préféré se taire.

Afin de réduire l’impact du variant delta sur les services hospitaliers, nos politiques (le ministre de la santé en tête) ont prôné le recours à la vaccination obligatoire des soignants.

Plutôt que la discussion, on se précipite sur l’obligation, ce qui est un affront au monde médical et paramédical.

Les soignants sont des professionnels responsables qui durant de très nombreux mois n’ont pas compté leurs heures pour vacciner les patients, et ont répondu toujours présent afin que personne ne reste sans soins.

Les professionnels sont harassés, et ils sont pour certains désabusés de voir que leur engagement n’est plus reconnu, et qu’à la place on ne cesse de les fustiger sur un domaine (la vaccination) qui les met au centre des critiques.

« L’honneur c’est comme la virginité, ça ne sert qu’une fois » Georges Clemenceau.

 

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. L’engagement professionnel et personnel d’une très grande majorité de soignants (au sens large) efface mal, et c’est regrettable, le refus de vaccination d’une minorité qui s’avère finalement préjudiciable à tous.
    C’est donc vers cette minorité que nos ressentiments doivent être dirigés. En fait la majorité silencieuse le reste. Dommage. C’est aussi à nous d’avancer.

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