Et les soignants alors!

Depuis le début de la pandémie, l’exécutif a fait de gros efforts financiers pour que nos entreprises puissent rester à flot, et qu’un grand nombre de concitoyens ne soient pas dans des situations économiques désastreuses.

En parallèle la générosité des pouvoirs publics permet une prise en charge totale des tests PCR et antigéniques, cela indépendamment des avis des professionnels de santé (on ne les consulte même pas avant de partir en Espagne pour une petite virée).

Cette gratuité favorise le consumérisme médical, et nous pouvons remarquer des queues énormes constituées devant les laboratoires d’analyse médicale, mais aussi les pharmacies qui dans notre secteur refusent des patients.

Certains, sans réelle raison valable, se font tester toutes les semaines pour faire passer le temps et se rassurer alors qu’ils n’ont aucun symptôme.

Notre président a été déterminé (sic) pour arrêter ce principe du tout gratuit, mais cela pas avant le mois d’octobre.

Nous ne devons pas oublier que les vacances c’est sacré, et électoralement c’est très impopulaire de faire payer ces tests en été (il est de bon aloi de dépenser ses économies dans les restaurants de bord de mer, plutôt que dans des tests).

Dans les centres de vaccination nos concitoyens, mais aussi des étrangers (quelle que soit l’origine de ces populations) sont pris en charge cela sans dépenser un seul centime.

A côté de cela toutes les personnes ayant été en contact avec un sujet porteur de la COVID-19 peuvent bénéficier d’un arrêt de travail de quelques jours, tout cela aux frais du contribuable.

Quid du médecin qui est cas contact toute sa journée, et qui ne s’arrête pas pour autant?

Bref, la COVID 19 va mettre à genou les comptes de nos organismes sociaux.

Sous le tapis une réalité plus triste en ce qui concerne la santé de nos concitoyens

On parle dans les médias à longueur de journée des turpitudes du variant delta, du nombre de patients contaminés, mais on oublie de se focaliser sur la situation des soignants qui demeurent les piliers de notre système de santé.

Depuis des mois il réclament plus de moyens (humains, matériels, et financiers), et les pouvoirs publics restent insensibles à ces revendications.

L’exécutif est conscient des difficultés de ce secteur en crise depuis l’accession au pouvoir de M. Macron.

L’équipe politique en place tente par tous les moyens de freiner la propagation virale car elle sait pertinemment qu’une 4ème vague de grande ampleur risque d’avoir des conséquences sur le monde hospitalier (les cliniques sont aussi impactées), et qu’une implosion risque de se produire en cas de surchauffe.

Tout aussi révoltant est l’attitude du directeur de la CNAM qui se félicite d’avoir signé l’avenant 9 de la nouvelle convention avec certains syndicats médicaux (la soupe doit être bonne pour les signataires).

Or si nous regardons de plus près, les mesures de revalorisation ne sont que très limitées et concernent une population qui n’est prise en charge que par certains médecins généralistes.

Prenons celle qui est la plus « intéressante » pour la trésorerie des praticiens libéraux: la visite longue des patients de plus de 80 ans.

Cette revalorisation ciblée a une nouvelle fois été prise pour éviter un engorgement des urgences hospitalières.

Imaginons un patient de plus de 80 ans qui est cardiaque, situation assez classique.

Avant cette nouvelle convention s’il décompensait son médecin généraliste avait la facilité plutôt que de le visiter pour 35 € de demander l’assistance au 15. De cette façon le praticien reste au cabinet médical, et n’est pas importuné par une visite d’une durée de 45 minutes au minimum.

Maintenant, avec cette nouvelle cotation « attractive » (dans une certaine mesure) sur un plan financier, le déplacement du généraliste pour ces patients sera en théorie plus aisé.

La seule ombre au tableau, c’est le fait que la visite longue ne peut être facturée qu’un certain nombre de fois dans l’année (3 ou4), donc gare au patient « récidiviste ».

Cet exemple me fait penser à la mesure inique prise pour renvoyer vers le généraliste de ville les patients présents aux urgences mais ne nécessitant pas de soins vitaux.

Dans ces cas de figure les hôpitaux recevaient une manne financière, quant au généraliste il devait accepter pour 25€ ces patients dans un créneau de consultation.

Une mesure pas « très honnête », et qui visiblement pose de gros problèmes dans son application car en 2021 on ne trouve plus des moutons généralistes qui acceptent tout et leur nombre s’est de plus considérablement réduit.

Tout cela pour dire que les soignants sont méprisés par nos politiques. Ils sont corvéables, ignorés, et en plus on fait croire dans les médias que leur situation est plus que confortable sur un plan matériel.

Le plus triste c’est de voir que l’Etat ne lésine pas sur des dépenses pouvant être limitées (tests PCR gratuits par exemple) qui sont un gouffre financier pour nos organismes sociaux.

A côté de cela, les pouvoirs publics rechignent à reconnaitre la pénibilité, et la nécessité d’une revalorisation des soignants qui sont la base de notre système de santé.

« L’homme a ce choix: laisser entrer la lumière ou garder les volets fermés » Miller Henry.

 

Dr Pierre Frances