Une victoire de la CNAM sans réel panache !

Nous apprenons que différents syndicats médicaux sont sur le point de signer la future convention médicale qui va permettre une revalorisation des médecins généralistes (ils recevront pour leur consultation 30€).

Après de nombreux atermoiements concernant ce nouveau tarif de l’acte médical (les administratifs ont prioritairement la volonté de tabler sur une rémunération plus globale), les « caciques » de la CANM ont accepté quelques (elles sont minimes) concessions.

Les différents syndicats réunis autour de la table ont décidé, avant toute ratification du projet conventionnel, de donner la parole à leurs adhérents cela afin d’avoir des idées claires sur les lignes à suivre.

Alors que trois syndicats se sont prononcés, avec une courte majorité d’adhérents volontaires pour accepter les 30€, en faveur d’une ratification de la nouvelle convention, certains médias professionnels ont souligné le fait que plus de 50% des libéraux refusent cette adhésion concernant les propositions de la future convention.

Tout cela semble faire rêver car ne pas accepter une revalorisation de 30€, c’est peu compréhensible…

Une convention qui ne valorise pas nécessairement la médecine libérale

En fait il faut savoir, comme le souligne notre confrère le Dr Kron dans un courrier des lecteurs du Quotidien du médecin, cette nouvelle convention « est un marché de dupes ».

Cette affirmation me paraît tout à fait juste, et montre une  nouvelle fois le manque total de considération des pouvoirs publics à l’égard des libéraux.

Comme ce collègue l’a très bien souligné, on va demander à l’issue de cette signature certaines contraintes (permanence des soins obligatoire, majoration de la file active de patients…).

En parallèle pour mieux contrôler, mais aussi diviser les professionnels de santé, on va contraindre le généraliste à adhérer à des structures très coûteuses comme les CPTS qui vont développer un sport très apprécié par les administratifs : la réunionite inutile et chronophage.

Tout cela s’effectuera dans le dos des libéraux qui devront fournir un travail plus conséquent dans la joie et la bonne humeur.

Autrement dit les syndicats qui seront futurs signataires vont probablement se mordre les doigts à plusieurs titres :

  • Le fait que le nombre de leurs adhérents mécontents qui vont changer de crémerie va être non négligeable (il ne faut pas oublier que l’acception de la base demeure positive dans ces centrales avec une majorité assez faible)
  • Le fait que rapidement les pouvoirs publics vont rapidement mettre en place les sanctions pour les médecins conventionnés qui ne rentrent pas dans les clous en ce qui concerne les différentes contraintes imposées par cette nouvelle convention
  • Le fait que cette signature est une voie sans issue d’une nouvelle revalorisation avant 5 ans

Pour ma part, il me semble qu’il faut garder la tête haute, et montrer que nous sommes en position de force pour ne pas accepter cette situation très contraignante.

Je comprends très bien que de nombreux praticiens ont des difficultés à joindre les deux bouts après avoir payé la secrétaire, les différentes sociétés de logiciels qui pratiquent des tarifs exorbitants, et ont le couteau sous la gorge.

Par voie de conséquence ces collègues souhaitent une revalorisation de leur profession, et ce même si des contraintes parfois difficilement acceptables se profilent.

Je suis sûr que le directeur de la CNAM va bien se frotter les mains car il aura roulé dans la farine les libéraux qu’il n’aime pas réellement, et qu’il souhaite mettre au pas.

Cet état de fait peut s’observer dans notre quotidien.

En effet la quasi-totalité  des médias a été très bien informée (nous pourrions dire ont pu déformer le message concernant la future convention) car nombreux sont les patients qui ont été alertés par les journaux d’une revalorisation des médecins.

N’oublions pas que même avec l’assentiment de certains syndicats pour signer ce « new deal », la revalorisation ne pourra se faire que si une majorité de ses représentants l’accepte.

Autrement dit, et même si le projet de la future convention a de grandes chances d’être accepté, il me semble trop prématuré que les médias fassent croire que la revalorisation des actes médicaux est actée.

Dr Pierre Frances