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30 €, une revendication « indécente » sans contrepartie !

Le directeur de la CNAM a de grandes réticences à donner 30 euros aux médecins généralistes pour chaque consultation réalisée.

Cette revalorisation n’est pas possible sans qu’un effort soit effectué pour permettre un meilleur accès aux soins…

Depuis de nombreux mois des voix s’élèvent pour dénoncer l’absence de revalorisation d’une profession qui est la première voie de recours pour prendre en charge les patients.

Les pouvoirs publics conscients de la pénurie actuelle des professionnels de santé tentent de trouver des solutions pour résoudre une équation difficile à résoudre : De quelle manière prodiguer des soins de qualité à une population qui n’a pas de médecin traitant ?

En fait il est quasiment impossible d’avoir une objectivité sur cette question car il n’y a pas de réponse valable.

Aussi afin de donner un peu plus de chances aux citoyens d’avoir un accès au soin l’exécutif a trouvé la solution de faire du chantage sur les conditions d’une revalorisation de cette profession.

Rien n’est plus simple d’actionner le miroir des alouettes (et certains syndicats se sont fait piéger) pour essayer de convaincre des praticiens jusqu’à présent positionné afin de recevoir une revalorisation à 30 €.

Cette pratique est quelque peu malsaine car elle « essore » une fois de plus des soignants épuisés par leur charge de travail, mais surtout nous montre qu’il existe un réel mépris pour les libéraux.

Pour justifier les réticences à revaloriser les généralistes, les énarques de la CNAM expliquent qu’il est difficile d’ouvrir une bourse actuellement vide.

On peut comprendre d’une certaine manière le sacrifice que les libéraux peuvent effectuer dès lors que les caisses sont vides.

Les jeux olympiques une excuse pour certains de recevoir des avantages colossaux

Cependant certains événements (cas de la tenue des jeux olympiques) nous montrent que l’on accepte plus facilement sortir le carnet de chèques dès lors que certaines professions exercent une pression incommensurable.

C’est le cas des contrôleur de la SNCF, mais aussi des aiguilleurs du ciel qui n’ont aucun scrupule à demander des primes démentielles, et pire des possibilités très avantageuses de prendre la retraite.

L’avènement de la tenue des jeux olympiques à Paris permet également pour les éboueurs de revendiquer des primes exceptionnelles.

Pour éviter une grève le gouvernement accepte, sans condition particulière contrairement à la revalorisation des médecins généralistes qui ne peut s’effectuer que sous respect de certaines obligations, de mieux rémunérer certaines corporations.

A côté de ces catégories professionnelles qui ont un pouvoir de pression considérable, et savent le mettre en avant, nous oublions d’autres professionnels qui ne déméritent pas en acceptant sans rechigner d’absorber une charge de travail plus importante.

Ayant une activité bénévole au sein de 2 CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) dédiés aux sans abris, j’ai pu remarquer que les agents d’accueil, éducateurs, et veilleurs de nuit n’ont pas bronché lorsqu’on leur a appris qu’ils devraient accepter un nombre d’usagers bien supérieur à la capacité de leur structure.

Le but de « cette surchauffe » était de désengorger Paris des migrants déplacés vers la province.

Ces professionnels n’ont pas obtenu de meilleurs salaires malgré leur plus grande mobilisation.

Qu’en est-il des médecins qu’ils soient sur Paris ou dans les campagnes qui vont travailler d’arrache pied cet été car ils n’ont pas trouvé de remplaçants (ils sont humanistes avant tout, pour la plupart, et refusent de laisser leur patients sans soins) ?

On ne va pas leur donner une prime d’assiduité pour tenir la barre durant cette période, cela alors que certains vont assurer des gardes de nuit, et accepteront de sacrifier leurs week-ends.

Et oui c’est cela la France : celui qui a une pouvoir de nuisance le plus important peut faire pression sur l’exécutif afin d’obtenir des avantages inopportuns.

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Cher Confrère,
    Vos chroniques sont toujours agréables à lire et très claires.
    Tenir un blog prend du temps et de l’énergie, cela mérite beaucoup de respect.
    Me permettrez vous une petite remarque ?
    Nos syndicats médicaux devraient systématiquement reprendre le directeur de l’assurance maladie lorsque celui-ci emploie (à dessein) le terme de « revalorisation ». Il est plus judicieux de parler de « rattrapage de l’inflation ».

    Il serait

    Nos syndicats pourraient plus facilement hausser le ton et être exigeants, en demandant un « rattrapage de l’inflation » (comme cela est accordé systématiquement aux salariés (avec environ un an de retard).
    Les employés de la sécu ont droit au rattrapage automatique de l’inflation, idem pour les professionnels de santé salariés, mais….les professionnels de santé libéraux en sont privés !

    Autre point à souligner. Quand le directeur de l’assurance maladie négocie avec les médecins, il exige tout un tas de contrepartie, avant même d’aborder la questions des « revalorisations ». Aucune profession salariée ne se voit exiger dles contreparties en échange d’un simple rattrapage de l’inflation ! Cela déclencherait des manifestations énormes, et une indignation du public (sans parler des éditoriaux des journalistes qui seraient de véritables brûlots).
    Pourtant c’est ce que nous subissons à chaque nouvelles convention…

    Si l’on tient compte de l’inflation le directeur de la sécu n’a rien mis sur la table des négociations conventionnelles :les cotisations à l’assurance maladie ont augmenté mécaniquement avec la hausse des salaires, à chaque rattrapage de l’inflation pour les salariés. L’argent était donc déjà dans les caisses.

  2. Une fois de plus, tu as entièrement raison.
    Benoît

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