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Une très petite lueur d’espoir dans un monde qui ne cesse de s’obscurcir

 

Je me permets de prendre quelques minutes de répit au décours de mes consultations avec une jeune collégienne de 12 ans que je connais depuis sa plus tendre enfance.

Cette dernière, très bien dans ses baskets, m’explique qu’il lui est difficile de progresser au sein du collège public dans laquelle elle est scolarisée depuis 2 ans.

Très surpris par cette assertion (je suis un très fervent défenseur du public), je lui demande de mieux exposer les raisons de son courroux vis-à-vis de cette institution qui reste à mes yeux un modèle éducatif pour toutes les classes sociales.

En fait cette adolescente m’explique que ses professeurs sont catastrophés par sa présence au sein d’une structure qui n’est plus conçue pour cette jeune fille bien au dessus du lot.

Elle obtient les meilleures notes de sa classe (j’ai pu consulter son dernier bulletin scolaire), mais a des difficultés à suivre les cours du fait du brouhaha, et de l’utilisation intempestive des portables qui ne cessent de perturber le suivi des cours.

Notre jeune adolescente a demandé à ses parents, pour éviter toute matière à harcèlement, de ne pas lui offrir un téléphone portable.

Tout aussi étonnant, et malgré les quolibets de ses camarades de classe, elle ne cesse de se concentrer sur ses lectures qui lui permettent de s’évader dans un autre monde.

En accord avec son professeur principal elle a fait une demande d’intégration dans une école privée plus stricte en ce qui concerne le comportement des élèves, mais ayant également des méthodes d’apprentissage plus en adéquation avec le souhait de nos institutions.

Malheureusement, et malgré son excellent dossier, elle n’a pas pu être acceptée du fait d’un manque de places.

Cette histoire qui n’est nullement romancée m’a quelque peu irritée.

Une situation qui reste figée malgré l’importance du système éducatif pour nos enfants

N’est-il pas nécessaire de redonner à ces enfants le goût de la lecture, et exiger que les portables soient rangés avant le début des cours ?

Ce qui m’attriste, c’est de voir que certains professeurs et auteurs de romans critiquent cette attitude, cela d’autant plus qu’il n’existe pas de réelle soutien ministériel afin que ces futurs citoyens puissent mieux connaître la langue française.

Il y a quelques jours de cela le Festival du livre a permis sur Paris de faire la connaissance de certains écrivains, mais aussi de faire le point sur l’intérêt que portent les jeunes vis-à-vis de la littérature.

Le président du syndicat a pu exprimer sa satisfaction quant à la fréquentation du salon (plus de 100  000 visiteurs).

Cependant ce représentant des maisons d’édition n’a pas hésité à fustiger le comportement des jeunes qui se détournent des livres au profit des écrans.

D’ailleurs ce choix « éducatif » a été prôné par certains énarques (certains enseignants également au départ) de l’éducation nationale qui ont souhaité de cette manière élargir « l’horizon intellectuel » des enfants.

Malheureusement, retournement de situation, le recours à ce nouvel outil a favorisé le développement de certains sites qui n’ont pas d’autres buts que de valoriser sa propre personne, et critiquer les élèves entre eux.

On fait la course à celui qui a le plus d’ingéniosité pour trouver des paris idiots, ou harceler certaines têtes de turc.

Le plus difficile à accepter, c’est le fait qu’au sein même des salles de cours les tablettes ne sont pas au repos, et bien plus elles accaparent un nombre important d’adolescents en mal de reconnaissance ou de vengeance.

Le ministère de l’éducation a donné il y a quelques années un signal fort, celui d’interdire ces moyens de communications durant les cours.

En pratique cette mesure n’a jamais été mise en œuvre, cela alors que certains pays limitrophes (cas de l’Espagne) ont fait machine arrière en ce qui concerne le recours des tablettes chez les plus jeunes.

Tout aussi déstabilisant pour les professionnels de santé, c’est de voir que les très jeunes enfants sont fréquemment rivés sur les téléphones portables lors des consultations, cela alors que les sommités ont édicté des règles précises pour éviter un mauvais développement psychologique de l’enfant.

Très récemment j’ai expliqué à une maman l’intérêt de réduire cette utilisation pour sa progéniture (3 enfants).

Cette dernière m’a rétorqué avec un grand sourire qu’en permettant à ses jeunes enfants de manipuler sa tablette, elle peut suivre son émission de téléréalité préférée.

Après tout que dire avec un tel argumentaire de cette personne qui ne comprend les conséquences engendrées par un manque manifeste de sacrifice dans ce domaine.

Aussi est-il nécessaire à mon avis que l’exécutif soit plus ferme à l’école (et pas seulement) pour faire respecter certaines règles qui permettraient un meilleur épanouissement des enfants.

Mais en ont-ils l’ambition et la volonté ?

Si cela n’est pas le cas nous allons droit dans le mur, et nous allons pouvoir assister au déclin de notre civilisation.

 

 

Dr Pierre Frances

6 Commentaires

  1. On ne peut qu’être pour l’essentiel, d’accord, mais dommage d’avoir laissé quelques fautes d’orthographe, certes bénignes, échapper à une relecture nécessaire (même pour les bons élèves). D’autant plus quand le propos est discrètement pontifiant et décliniste et qu’il s’agit rien de moins que de lutter contre le déclin de la civilisation. Vaste ambition disait un grand prescripteur général…mais pas généraliste.

  2. Merci pour ce post. Dans la même veine lire l excellent livre de Michel Demurget – faites les lire ! Dans la suite de la fabrique du cretin digital ….

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