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Le juste prix

La presse nous a appris, il y a quelques jours de cela, que le laboratoire Servier voulait vendre sa branche générique (Biogaran).

Cette nouvelle a quelque peu étonné pas mal de lecteurs, mais elle a comme corolaire le fait que le coût des médicaments proposés par l’exécutif par cette unité de production était trop faible.

Par voie de conséquence le prix de revient ne permet plus de couvrir les frais engendrés par la fabrication de ces médicaments génériques.

Plusieurs firmes pharmaceutiques indiennes ont proposé le rachat de Biogaran, cela afin probablement de centraliser la production en Inde, pays où le coût de main d’œuvre permet de faire quelques bénéfices, cela même si les prix proposés par nos instances de tutelles restent dérisoires.

Cette triste nouvelle a quelque peu énervé l’exécutif qui voit d’un très mauvais œil ce rachat qui va avoir des retentissements non négligeables sur l’emploi.

Aussi les pouvoirs publics ne désarment pas, et ont à l’idée d’interdire ce rachat.

On a l’impression qu’ils veulent noyer le poisson car ils savent pertinemment les raisons de cette vente, vente pour laquelle ils sont en grande partie responsables.

Parallèlement à cette nouvelle nous apprenons avec tristesse que Sanofi a décidé de ne plus commercialiser à l’avenir son vaccin contre la grippe.

Ce vaccin avait comme particularité d’assurer une meilleure protection immunitaire pour les patients âgés.

Las d’accepter de nouvelles mesures ayant pour but de réduire le prix d’achat, Sanofi a tout bonnement expliqué qu’il refusait de mettre sur le marché à perte ce vaccin.

Depuis quelques années les pouvoirs publics, mais aussi certains universitaires diabolisent l’industrie pharmaceutique en les accusant de faire des profits sur le dos des patients.

L’industrie pharmaceutique, la principale source responsable de notre dette ?

Nous comprenons aisément que les grands laboratoires ont pour but de gagner de l’argent en commercialisant leurs produits.

On peut facilement assimiler, que dans le domaine de la santé, il est parfois difficile d’accepter de miser uniquement sur le profit, cela au détriment de la santé de nos concitoyens.

Cependant il est nécessaire de trouver un juste milieu pour que les uns et les autres trouvent un bénéfice, cela sans choquer personne.

Ce qui est très surprenant, et quelque peu étonnant, c’est de voir que nous voulons rogner sur les marges des médicaments qui sont la base d’une politique de santé de qualité.

Comment accepter de sacrifier notre industrie pharmaceutique (elle se réduit en peau de chagrin dans notre pays), cela pour faire quelques économies (et je pense qu’elles ne sont pas substantielles) ?

A côté de cela on a des idées très dispendieuses en élargissant le champ du fonctionnariat.

Dans le domaine de la santé nous n’en sommes pas de reste avec une majoration des agents administratifs des hôpitaux, et des organismes étatiques de contrôle des médicaments.

Ce qui peut nous faire râler, c’est de voir qu’on nous prend souvent pour des imbéciles en nous faisant prendre des vessies pour des lanternes.

Si nous devons nous adapter, parfois avec de grandes difficultés, à une problématique récurrente de pénurie de médicament, cela est en grande partie due à une politique étatique mal conduite dans le domaine pharmaceutique, et pas uniquement au fait que la production mondiale est déficitaire (on nous le répète un peu trop souvent).

On accepte certains avantages sans sourciller pour certains agents des transports publics concernant les retraites (cela est d’ailleurs difficilement compréhensible), et on rechigne à donner des soins de qualité aux français.

Je pense que l’exécutif va devoir se réveiller, et accepter un juste prix pour nos médicaments.

Cela est d’autant plus valable que notre président souhaite relocaliser la production de certaines molécules.

Si cela se concrétise dans un avenir plus ou moins proche, il faudra que nos énarques prennent en compte le fait que le coût de la main d’œuvre dans notre pays va nécessiter une hausse des prix des médicaments produits dans notre pays.

Il ne faut pas avoir suivi les cours dans de grandes écoles pour le comprendre !

Dr Pierre Frances

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