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Une solution simpliste et culpabilisante pour les rares médecins sur le terrain !

Depuis quelques jours les pouvoirs publics, les journalistes, ne cessent de marteler qu’il est important, pour effectuer de réelles économies, de contrôler et « mettre à l’index » les médecins gros prescripteurs d’arrêts de travail.

L’année 2022-2023 a permis de mettre en lumière une importante croissance du nombre d’arrêts de travail, ce qui fait quelque peu tousser l’exécutif.

Il y a quelques années (je parle d’il y a plus de 30 ans), certains confrères se voyaient contraints, du fait d’une démographie médicale importante, d’accepter des arrêts de travail de complaisance pour pouvoir vivre décemment.

Quelques uns étaient connus pour leur sollicitude à cet égard, et la classe politique n’hésitait pas d’en rire (il est vrai que le déficit de la CNAM n’était pas comparable à celui actuellement observé).

Actuellement les médecins, peu nombreux, ne savent plus où donner de la tête pour suivre de manière correcte leur patientèle qui est devenue colossale.

Bien entendu la problématique des arrêts de travail de complaisance dans ce cadre ne me semble pas très opportune, car d’autres missions plus importantes pour les patients découlent de ce surcroit d’activité.

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire !

Pourquoi assistons-nous à cette hausse du nombre des arrêts de travail ?

Tout d’abord il est important de revoir le contexte « favorable » à cette nouvelle donne.

Les français ont vécu une période très difficile avec le confinement, et les conséquences de la COVID sur leur santé.

Les pouvoirs publics ont mis en place des plans d’aide pour les entreprises en difficulté, et en parallèle ont permis aux salariés positifs à la COVID de ne pas travailler durant 10 puis 7 jours avec une indemnisation totale des arrêts de travail.

Cette situation a quelque peu changé les mentalités de certains qui ont compris que le travail n’était plus leur priorité, et que les loisirs pouvaient leur permettre d’avoir une meilleure qualité de vie.

En parallèle le confinement a permis le développement d’une nouvelle forme de pratique médicale cautionnée par ailleurs par la CNAM : la téléconsultation.

Outre la facilité d’une consultation par ce biais, qui a permis d’éviter tout contact « charnel » avec le patient, cette nouvelle manière de travailler a permis de majorer considérablement le nombre d’arrêt de travail.

D’ailleurs certains journalistes ont ouvertement mis les pieds dans le plat pour dénoncer cette pratique.

Cependant, et bien tardivement à mon goût, les CPAM ont décidé de ne plus prendre en compte ce type d’arrêt de travail lorsque le patient avait contracté la COVID.

Malheureusement le mal est fait, et on a poussé la société entière vers un laxisme coupable, et les pouvoirs publics ont oublié que toute indemnisation des citoyens devait être compensée par une majoration des recettes fiscales.

Or les français qui travaillent sont quelque peu désabusés de prendre conscience que près de 50% de leur salaire est taxé, et qu’à l’avenir cela risque d’être bien plus important.

Par voie de conséquence, et pour éviter tout embrasement dans les rues, l’exécutif préfère trouver une solution simpliste : mettre au pas une catégorie de professionnel déjà au bord du burn out.

Autrement dit la COVID a donné l’occasion aux politiques d’être généreux avec les deniers publics, et a encouragé certains comportement pas nécessairement positifs pour les entreprises.

Pour rattraper leurs erreurs il faut bien trouver un coupable : le professionnel de santé.

Des solutions pour réduire les arrêts de travail

Les énarques oublient, volontairement je le pense, une solution, pour réduire de manière importante cette dérive très coûteuse.

Il suffit tout simplement de réduire l’indemnisation de ces arrêts de travail, et ne pas permettre à certaines entreprises d’assurer une  rémunération totale des arrêts de travail.

Je suis parfois sidéré de voir que nous vivons dans une société peu égalitaire ou certains salariés peuvent prétendre à des congés enfants malades, et se gaussent de ne pas avoir des pertes de salaire lors d’un arrêt de travail.

Bien entendu en diminuant l’indemnisation des personnes en arrêt on met le feu aux poudres sur un plan syndical.

Et c’est bien là le caillou dans la chaussure du gouvernement qui refuse de cette manière une confrontation avec ces forces contestataires.

Mais est-il plus juste d’accepter cette situation tout à fait injuste plutôt que de taper sur le professionnel de santé ?

Une autre solution consiste à demander aux agents de contrôle (les médecins conseils) d’être plus actifs pour assurer les contrôles à ce niveau.

Leur rôle, à mon avis, n’est pas de rencontrer les gros prescripteurs et les sermonner, mais plus d’agir en amont pour assurer une réduction du nombre de ces arrêts de travail.

Je pense à ce titre que tout professionnel a un outil très utile pour permettre plus facilement cette prise en compte : Ameli-pro.

Su ce site il est possible de discuter avec les confrères de la sécu, et demander des contrôles.

Nous ne devons pas oublier qu’une des fonctions du médecin conseil est d’agir pour éviter les dérives et les fraudes !

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Je n’ai jamais vu autant de personnes en bien out à cause de conflit au travail.
    Les médecins de la SS n’ont qu’à contrôler, mais ils vont dire qu’ils sont débordés et surtout qu’il ne travaille que 35 h ou moins
    ..

  2. C’est bien au médecin conseil d’effectuer des contrôles pour repérer des abus. Il faut aussi en finir avec le parti des technocrates. La bureaucratie est responsable du déclassement de notre medecine. Le deconventionnement généralisé est la meilleure garantie pour faire une médecin qualitative et indépendante. Le contrat d’engagement territorial voulu par E. Macron est inacceptable car il ferait entrer la médecine ambulatoire dans une logique productiviiste donc maltraitante envers les patients (risque d’erreurs médicales accru) et les médecins (burnout). En Angleterre le système de paiement par capitation est en cause dans la dégradation de l’état de santé des travailleurs, ce qui impacte négativement la production. Et le paiement à l’épisode de soin est dans échec dans tous les pays qui l’ont expérimenté. Pendant ce temps, nos députés discutent d’amendements aux propositions décadente. Un changement de méthode et de paradigme s’impose de façon urgente. Dans quatre ans il sera trop tard. Dr Bellecour, référent santé au MoDem de Paris.

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