Des coupables tout désignés….

M. Le Maire ministre des finances a quelque peu toussé il y a quelques semaines de cela lorsqu’il a appris que le nombre des arrêts de travail, depuis un laps de temps court, a augmenté de manière démesurée.

Aussi afin d’éviter d’alourdir la dette engendrée par cette dépense, il a été décidé de prendre des mesures drastiques pour éviter un accroissement futur qui a des chances de devenir exponentiel.

Pour ce faire la CNAM a proposé de contrôler les gros prescripteurs d’arrêt de travail, et de leurs mettre des objectifs de réduction de ce poste d’activité.

Il a été décidé que des entretiens « confraternels » seraient mis en place pour mieux comprendre les raisons de ces « dérapages » concernant les arrêts de travail chez certains confrères.

En tout état de cause en cas d’acception de mise sous objectif, le non respect des règles de réduction (le pourcentage est établi suivant des abaques statistiques) aura pour conséquence pour le praticien coupable de débourser une somme rondelette pouvant être de 7000€.

Nos énarques sont quelques peu aveuglés par les règlements appris au sein de leurs écoles, et oublient de prendre en compte :

  • Le fait que rédiger des arrêts de travail ne permet pas d’obtenir une prime pour le médecin qui les prescrits
  • Le fait que les médecins sont également des assurés sociaux imposables, et le plus souvent ils ont pleinement conscience des conséquences d’arrêts de travail infondés
  • Qu’il serait plus convenable pour éviter cette mise en cause des professionnels de santé de demander l’avis aux médecins conseils

Une situation qu’il est important de mieux comprendre

Tout d’abord il est fondamental de bien comprendre que les soignants vivent fréquemment des galères en ce qui concerne les arrêts de travail :

  • Du fait que les médecins conseils rapidement donnent « l’opportunité » au patient de reprendre une activité professionnelle. Ils se moquent complètement de l’aptitude au poste de travail du patient, ce qu’ils veulent c’est que les médecins du travail jugent la personne contrôlé inapte. De cette manière elle est licenciée de l’entreprise et le service médical de la CPAM est ravi car il a de cette manière obtenu un « reclassement » à moindre frais. Le plus détestable est de voir que certains de ces confrères de la CPAM n’expliquent pas clairement les objectifs qu’ils veulent atteindre aux personnes convoquées. Une fois de plus le médecin traitant est contraint de s’expliquer et subit parfois les foudres des certains patients
  • Du fait que pour pouvoir réduire le nombre d’arrêts de travail nombreux sont les collègues de la CPAM qui mettent les patients en invalidité de catégorie 2 (de cette manière on fait croire à la personne en arrêt de travail qu’il bénéficie d’un acquis ce qui est tout à fait faux), cela permet de les rayer des listes
  • Du fait que les services sociaux des CPAM pour noyer le poisson n’ont pas de scrupule à proposer (c’est le plus souvent avec la bouche en cœur) la rédaction d’un dossier MDPH. Une nouvelle fois le professionnel de santé déjà débordé par son travail, doit consacrer du temps à la rédaction de ce certificat ; cela alors que son temps de travail dont on ne soucie guère, est énorme
  • Du fait des difficultés vécues par certaines personnes au sein des entreprises du fait d’une pression excessive de la part des employeurs. Le plus cette problématique est peu prise en compte

Des solutions existent……

Pour remédier à cette inflation des arrêts de travail, plusieurs pistes peuvent être proposées :

  • Un contrôle des arrêts de travail par les médecins conseils.
  • Un délai de carence salariale majorée de quelques jours supplémentaires

Malheureusement on se rend compte que ces propositions pourtant tout à fait logiques ne seront jamais appliquées.

Imaginez les médecins conseils travailler d’arrache pied pour effectuer tous les contrôles d’arrêt de travail. Cette charge qui est pourtant une de leur fonction les mobiliserait de manière trop importante.

Quant à la carence salariale de plusieurs jours, il ne faut également pas y compter.

Imaginez le simple fait de rallonger de deux ans l’activité professionnelle des français (certains en sont dispensés d’ailleurs) est à l’origine de manifestations de très grande ampleur, alors qu’en serait-il en cas de remise en question de certains acquis sociaux ?

Il est plus facile de taper sur le médecin qui œuvre le plus souvent au-delà des 35 heures classiques plutôt qu’un agent de la fonction publique qui est dans son bureau.

De toute manière le médecin de terrain s’écrase lorsqu’il est mis en cause dans sa pratique ; les médias d’ailleurs sont les plus actifs pour majorer leur culpabilité.

Dr Pierre Frances