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Une 4ème année sous haute tension !!!!

Depuis quelques années les politiques et certains universitaires réclament une prolongation des études médicales pour les futurs médecins généralistes.

Cette volonté clairement affichée pour ces 2 catégories de personnes s’affirme sur deux principes pas nécessairement superposables :

  • Le principe de donner plus de possibilités à des populations vivant dans des déserts médicaux d’avoir un accès aux soins pour les politiques
  • Le principe d’avoir un nombre d’année d’études identique entre spécialistes de tout poil pour les universitaires

Après plusieurs années de tergiversation, le contour de cette nouvelle réforme des études médicales a été établi avec un certain manque de clarté.

Une 4ème année qui pose des questions, et favorise la polémique

En fait certaines personnalités n’ont pas hésité à rassurer les futurs étudiants (cas de Mme Le Bodo) en expliquant au congrès de l’ANEMF en novembre 2022 que les étudiants ne seraient pas contraints d’aller en zone sous-dense.

Malheureusement M. Valletoux a permis de faire voter une loi dans laquelle cette idée a été balayée d’un revers de main.

Désormais les terrains de stages en zones sous-denses devront tous être pourvus lors des choix des affectations des futurs internes.

Tout aussi dérangeant ont été les annonces faites sur la rémunération de ces futurs confrères.

Il a été dit qu’il serait possible de gagner une rémunération de 4500 euros par mois.

Cependant cette somme ne sera pas donnée à tous les internes.

Elle est conditionnée à une activité professionnelle intense, et à une participation obligatoire à la permanence des soins.

Malheureusement, une nouvelle fois les médias se sont emparés de cette annonce concernant la rémunération des étudiants en répétant le chiffre de 4500 euros, et nombreux sont les citoyens qui ont imaginé que la totalité des étudiants obtiendraient une telle rémunération.

Par ailleurs on apprend que les médecins juniors (je considère qu’ils sont capables d’exercer car ils ont été déjà en stage « d’autonomie ») devront rétrocéder près de 80% des actes effectués.

Comment peut-on accepter une telle proposition qui est peu motivante selon moi ?

D’autre part aucune mention des conditions de logement de ces internes dans les zones sous-dense n’a été prise en compte.

Autrement dit nous sommes dans un réel flou artistique, et nous avons des difficultés à nous projeter vis-à-vis d’une réforme qui n’est pas encore bien ficelée.

Comment est-il possible que la commission en charge de cette nouvelle maquette ne se soit pas prononcée de manière plus claire sur le sujet auparavant ?

Il ne faut pas oublier que dans moins de 3 mois des jeunes qui ont passé leur ECN vont devoir choisir leur spécialité.

Ce manque de clarté concernant une discipline essentielle pour les patients a de grande chance d’induire de la part des futurs confrères des réactions de rejet.

De toute manière il est certain que le gouvernement table sur le fait qu’une adéquation entre les postes proposés et les choix effectifs permettra à la médecine générale de faire quasiment le plein.

Malheureusement il est probable que certains étudiants effectueront ce choix par défaut du fait de leur mauvais classement, ce qui risque de ne pas rendre ses lettres de noblesse à une spécialité pourtant essentielle.

De toute manière le plus important n’est-il pas de donner l’illusion aux français que les déserts médicaux reculent ?

Enfin la détresse psychique des étudiants qui devront aller dans des zones reculées est une réalité qui concernera certains jeunes, mais que les énarques ont sagement mis de côté pour éviter de créer une polémique.

C’est sur ce point que je souhaite avant tout intervenir en tant que maître de stage.

C’est mon rôle d’accompagner ces jeunes malmenés pour certains du fait d’un choix imposé d’affectation.

Je tiens réellement à tenir ce rôle, et je défendrai avec beaucoup de conviction ces jeunes qui pour la plupart le méritent amplement.

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Peut-être que tous les postes ou presque seront pourvus. Mais combien partiront ensuite exercer à l’étranger ? Combien feront des DU et Mastères pour fuir la médecine générale? Combien seront-ils à bifurquer vers la médecine esthétique non chirurgicale (les 9 DU parisiens en la matière font salle comble) ? Quoi qu’il en soit, les jeunes n’ont pas mérité d’être les victimes expiatoires des péchés de nos politiciens. Dr Bellecour, Coordonnateur national du Village Santé du MoDem.

  2. Accompagner nos jeunes consoeurs et confrères c’est passionnant.
    Par contre j’ai l’impression que les internes que j’ai en GEP ne sont guère motivés (ées). Effet sociétal ???

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