Une poire pour la soif

2022, comme toute nouvelle année, est l’occasion de souhaiter une bonne année, et permet d’élaborer son programme de travail mais également de formation continue.

A ce titre, dès le début janvier de nombreuses structures en charge pour proposer des formations indemnisées pour les médecins se sont manifestées avec une insistance plus ou moins importante.

Nous savons en prérequis que chaque médecin bénéficie d’une enveloppe consacrée au DPC, enveloppe qu’il dispose en fonction de ses choix et de ses attentes.

Même si les fonds du DPC proviennent des cotisations des médecins libéraux, force est de constater que de nombreux programmes sont choisis par les médecins, et il est fréquent qu’au dernier trimestre de l’année civile les caisses sont vides et ne permettent plus aux retardataires de se former.

Aussi dans un souci d’équité, il a été décidé que la contribution au DPC serait effective sur un nombre d’heures plus restreint, ce qui est tout à fait juste car l’éventail des participants est de ce fait plus élargi.

Parmi les sociétés qui tirent le mieux leur épingle du jeu dans « cette course à l’échalote », nous trouvons bien entendu celles qui harcèlent de manière régulière les médecins.

Dans certains cas elles menacent les professionnels de santé d’un éventuel déconventionnement, si cette obligation de formation n’est pas respectée.

Outre les appels téléphoniques, les mails ou les courriers de relance, on est parfois dubitatif par leur argumentaire qui frôle quelque peu la mauvaise foi.

Ainsi, certaines structures matraquent le fait que cette formation est obligatoire, et que l’Ordre cautionne tout à fait les actions proposées.

C’est la raison qui a conduit le Conseil National de l’Ordre à réagir en informant de cette pratique commerciale peu recommandable qui a été mise en lumière par le guichet payeur (l’agence nationale du DPC).

Le DPC, une manne financière non négligeable

Il est important de savoir que ce démarchage n’est pas qu’un acte humaniste, mais dans de nombreux cas il est quelque peu intéressé.

En effet, les médecins qui effectuent un DPC permettent aux organismes en charge de cette formation de recevoir un pécule qui peut devenir un trésor de guerre.

C’est la raison qui a poussé de nombreux syndicats médicaux (catégoriels ou non) de se lancer dans cette quête qui concerne la formation.

Bien entendu, nous ne devons pas lancer la pierre sur les syndicats qui donnent souvent des programmes de qualité, et compensent cette participation par une rémunération qui permet de renflouer des caisses pas nécessairement bien fournies du fait d’une réduction drastique du nombre d’adhérents.

Le DPC, comme nous avons pu le voir il y a quelques jours de cela est aussi un pré carré que les syndicats veulent conserver, et ne veulent plus (il est probable en effet que les sommes dépensées soient moins importantes) partager avec les universitaires qui profitent de cette ressource pour payer les formations des médecins qui reçoivent des étudiants.

Cet affrontement nous montre bien que le gâteau n’est pas énorme, et que différents protagonistes veulent une part qui renfloue de manière très généreuse les caisses.

Assurer une meilleure ventilation des fonds?

Face à cette situation très souvent conflictuelle, il me semble fondamental d’intervenir pour que ce fond soit distribué de manière équitable.

Pour ce faire il est important de mieux contrôler les sociétés ayant des actions de DPC, et pas seulement en les dénonçant à l’Ordre.

Il est également nécessaire de réfléchir sur le mode d’indemnisation des structures en charge de cette formation.

En effet, les émoluments reçus par ces sociétés sont énormes proportionnellement à la somme allouée au médecin qui effectue sa formation.

A ce titre je me rappelle très bien des propos d’un professeur d’université qui était un artisan dans la validation des actions il y a plus de 10 ans.

Ce dernier m’avait expliqué qu’il était possible de former un médecin aussi bien qu’actuellement avec des rétributions moins importantes pour les sociétés en charge de cette formation.

C’est en donnant une meilleure image (moins commerciale, et plus scientifique) que le DPC gagnera en crédibilité.

Dr Pierre Frances