Une pluie de réformes dans le domaine universitaire médical…

Pendant quelques décennies les études médicales étaient associées au concours de 1ère année.

C’est d’ailleurs le titre d’un film quelque peu caricatural sous certains aspects qui a amusé des anciens étudiants comme moi.

Nombreuses sont les générations qui ont du plancher sur des sujets de sélection qui étaient en rapport avec des cours qu’il fallait connaître parfaitement sur le bout du doigt.

Il fallait travailler comme un moine (citation d’un jeune confrère) pour arriver à obtenir une place au concours.

Par la suite tout se passait comme une lettre à la poste, avec une 2ème année qui était une année de césure où certains (pas mal d’ailleurs) en profitaient pour faire une pause car la 1ère année était très épuisante.

Le concours de l’internat finalisait le cursus classique, cela afin de choisir une spécialité.

Une nouvelle fois il fallait, dès la 4ème année, travailler dur pour réussir à se classer brillamment lorsqu’on voulait embrasser certaines spécialités très prisées.

Des réformes multiples concernant les études médicales

Depuis l’arrivée au pouvoir de notre nouveau président des changements se sont opérés de manière brutale avec la création de la PASS et de la LASS (volonté qui était une des promesses électorale).

En parallèle en 6ème année les externes doivent depuis peu de temps passer une nouvelle épreuve orale : les ECOS.

Par ailleurs depuis une année il a été décidé de rajouter une année supplémentaire pour les futurs généralistes.

Tout ce chamboulement en quelques années seulement a quelque peu choqué certains étudiants, certains parents, mais aussi certains enseignants.

La volonté de créer deux filières en 1ère année était avant tout de permettre à des étudiants non scientifiques d’accéder aux études médicales.

Cependant ces jeunes volontaires embrassant une autre formation initiale que la médecine, demeurent souvent frustrés (le taux de réussite dans cette filière est faible).

De plus on a voulu donner l’impression que les universités allaient augmenter de manière considérable les effectifs, et de cette manière favoriser un repeuplement des déserts médicaux.

Or le recrutement, même s’il est majoré par rapport aux années du traditionnel concours, est source de contestations régulièrement nourries dans la presse professionnelle et générale, cela du fait de l’organisation de l’examen final qui ne peut être présenté qu’une seule fois.

La critique majeure de cette réforme de 1ère année, maintes fois dénoncée, et responsable de nombreux recours,  est l’examen oral qui est à l’origine de nombreux pamphlets développés dans le presse générale mais aussi professionnelle.

C’est cette question d’examen oral qui est l’objet d’un article très récent, et assez critique, dans le Quotidien du Médecin.

Les journalistes, impliqué dans l’étude de cette problématique, ont expliqué que le « baptême du feu des ECOS test » a été un fiasco.

Il est vrai qu’introduire une épreuve orale est toujours un motif de discussions quant à la fiabilité de la correction effectuée.

Même si deux correcteurs sont sur place, la démarche de l’étudiant très timide, ou parfois trop imbu de sa personne peut inconsciemment jouer de manière défavorable sur sa note.

Par ailleurs les « stations proposées », même si elles ont été murement réfléchies peuvent être contestées sur leur forme, mais aussi sur le fait que l’acteur interrogé soit plus ou moins loquace, ou donne trop ou pas assez d’indices pour poser un diagnostic précis.

Quant à la 4ème année d’internat de médecine générale elle reste encore très floue dans ses contours (postes proposées, nature de la rémunération et du logement de l’étudiant…), cela alors que des étudiants ont choisi cette filière sans savoir de manière claire les tenants et les aboutissants de cette réforme.

Des réformes qui doivent avant tout être comprises comme étant politiquement positives pour nos concitoyens

Au total les réformes actuelles sont souvent voulues pour que les politiques puissent donner l’illusion que le concours (cas de la 1ère année) est un lointain souvenir, et que le nombre d’étudiants formés au décours des études » nouvelle vague » allait être exceptionnel.

En ce qui concerne la 4ème année de médecine générale elle va permettre d’effectuer une dotation dans les déserts médicaux d’étudiants qui seront présents dans ces zones dépourvues de praticiens.

De cette manière ces jeunes pourront assurer « la bonne santé » des citoyens n’ayant pas eu la possibilité d’avoir un professionnel de santé près de chez eux depuis des années.

Ainsi grâce à des réformes qui ont le risque de majorer stress, et dépression, des futurs confrères, on peut être plus fiable sur un plan politique.

Cela est d’autant plus vrai que les médias très régulièrement martèlent que le « modeste » sacrifice de ces jeunes compense les deniers que l’Etat a versés pour qu’ils puissent avoir une formation de qualité.

On oublie trop facilement que notre nation est également généreuse pour d’autres universités (lettres ou droit par exemple).

Après tout les étudiants en médecine ne constituent pas un socle électoral très important, et il est plus utile et bénéfique de les sacrifier pour obtenir une plus grande popularité sur un plan général.

On se moque totalement de leur santé psychique, cela malgré les différentes communications d’écoute de la part des ministres en charge de l’enseignement.

Ces messages n’ont pas de réelles applications sur le terrain, tout comme d’ailleurs les propos formulés il y a quelques mois de cela par Mme Le Bodo.

Cette ministre avait, à l’époque, expliqué que les sanctions en cas de violences envers les professionnels de santé allaient être exemplaires.

Rien n’a véritablement changé depuis, et les responsables d’actes violents envers les praticiens n’ont souvent qu’un rappel à la loi.

 

Dr Pierre Frances