Une médiatisation quelque peu perturbante, et manquant de pudeur

Il y a quelques jours de cela plusieurs quotidiens régionaux et nationaux ont développé le sujet du suicide assisté.

Pour illustrer ce sujet, ils ont mis en avant l’histoire d’une ancienne enseignante, Mme Jencquel, qui a décidé à 78 ans de se donner la mort suite à l’absorption de différents traitements hypnotiques.

Cette histoire a mis en lumière le débat concernant le choix de vivre ou mourir.

Ce choix délibéré doit, en tant que professionnel de santé, nous interpeller.

En effet, le médecin est le garant de la santé de ses patients, et à ce titre il est important de tout faire pour donner une qualité de vie et éviter toute douleur physique ou morale.

Ainsi, savoir qu’une personne souhaite, pour des raisons quelques peu dérangeantes (refus d’acceptation de vieillir), se donner la mort reste très perturbant, cela d’autant plus que dans le cas de Mme Jencquel, cette dernière ne souffrait d’aucune pathologie pouvant être à l’origine de douleurs physiques.

Le plus triste dans cette histoire, c’est de voir l’hypermédiatisation de cette mort annoncée.

D’autre part les propos de cette personne qui milite depuis de nombreuses années pour le suicide assisté, et qui a voulu se donner la mort, m’ont personnellement choqués.

En effet cette dernière, tout comme un acteur de théâtre, a mis en scène sa fin de vie et a expliqué qu’elle avait attendu la naissance de son petit fils avant de faire son geste irrémédiable.

Elle n’avait plus le goût de se divertir, et refusait de devenir dépendante (elle ne l’était pas).

De plus au travers de cette fin de vie volontaire, certains sites en rapport avec le suicide assisté font leur propre « publicité ».

N’allons-nous pas promouvoir de cette manière le suicide des patients ayant des soucis épisodiques?

Est-il raisonnable que les journalistes se permettent de proposer cette alternative qui risque d’avoir des conséquences pour des patients psychologiquement fragiles, patients qui ne nécessitent que de l’aide d’un professionnel de santé pour repartir de bon pied?

Pour ma part, contrairement aux propos de certains journalistes qui souhaitent que l’exécutif puisse légiférer sur ce sujet favorablement, je souhaite ardemment que les politiques puissent intervenir sur ce sujet pour interdire cette pratique, cela pour éviter de faire de la publicité pour de telles actions tout à fait hors sol.

Les médecins ont parfois de grosses difficultés pour redonner le goût de vivre aux patients, comment peuvent-ils accepter que des associations « de bonne volonté » soient à l’initiative de propositions de suicide?

Je suis un médecin généraliste qui donne toutes les possibilités pour que les patients puissent recevoir des soins de qualité et vivre de manière satisfaisante.

Je donne des soins à tous, et tente pour ceux qui sont en phase terminale de faire le maximum pour éviter toute douleur physique ou morale.

Aussi permettre de promotionner le suicide assisté est une offense pour tous ceux (je parle au nom de tous les professionnels de santé qui s’impliquent dans les soins palliatifs) qui donnent beaucoup de leur temps et de leur âme pour que les patients partent sans souffrance.

Dr Pierre Frances