Réflexions sur les déserts médicaux

Les différents candidats qui souhaitent devenir président des français ont élaboré différentes promesses pour lutter contre la désertification médicale.

Conscients de l’enjeu sur leur électorat que pourrait avoir une absence de réaction sur ce sujet, ils ont été contraints de réagir rapidement avec des solutions diverses mais avec souvent des similitudes.

Bien entendu, ce qui ressort des différents programmes est avant tout de favoriser l’installation ou le travail temporaire dans ces zones dépourvues de médecins.

Une des proposition qui revient le plus souvent est celle d’une 4ème année d’internat pour les jeunes générations.

Ils pourront de cette manière se frotter à un monde qu’ils ne connaissent pas et qu’ils pourront soutenir.

Après tout c’est de leur devoir d’aider la collectivité qui leur a permis de suivre des études grâce à la manne conséquente des contribuables!

Les réactions restent éparses et peu importantes de la part des syndicats médicaux en ce qui concerne cette possibilité qui se dessine de plus en plus pour les jeunes générations de confrères.

En parallèle dans les alcôves de certains partis politiques des mesures plus coercitives sur la liberté d’installation se discutent.

Une réalité dont les solutions pour la modifier restent très complexes et interrogent

La problématique des déserts médicaux est avant tout leur identification.

Il y a quelques semaines de cela, un article de grande qualité a été publié dans les colonnes du Monde.

Il expliquait que les déserts médicaux étaient présents à la campagne, mais étaient également une réalité dans les villes.

C’est ainsi que Paris qui est pourtant la capitale devient inexorablement un désert médical.

Et oui, la représentation que certains énarques ont du désert médical est tout à fait erronée.

La pénurie en professionnels de santé touche les milieux ruraux mais aussi les milieux urbains.

Les solutions apportées par les politiques ne sont et ne seront pas la hauteur des espérances.

Nombreux sont ceux qui tentent d’attirer les jeunes confrères en agitant le drapeau du salariat.

Cette solution a très souvent la faveur de collègues, mais on oublie qu’un médecin libéral travaille en moyenne 70 heures par semaine, et que dans ce contexte en permettant une fonctionnarisation de notre profession, on majore d’autant plus la pénurie déjà importante.

Envoyer les jeunes en milieu rural c’est bien , mais vont-ils être épauler et par qui et comment?

Nous ne devons pas perdre de vue que le soutien d’enseignants est un impératif car il s’agit d’une année universitaire supplémentaire.

L’autre question est celle des émoluments qui seront octroyés à ces jeunes.

N’est-il pas juste d’effectuer une rétrocession « respectable » des honoraires?

En parallèle une autre solution est également envisagée: la délégation des tâches par d’autres professionnels de santé.

C’est la raison qui pousse les instances régionales de la santé (les ARS) à aider financièrement à la créations de CTPS ou de maisons de santé.

Là encore allons-nous avoir une médecine à plusieurs vitesses, et une qualité de soins qui ne sera plus la même?

Certains professionnels (les pharmaciens surtout) et édiles ont également opté pour un autre système pour freiner la désertification médicale: la téléconsultation.

Cet outil grandement expérimenté durant la période de COVID-19 n’est pas une grande révolution, car nous ne devons pas l’oublier la base d’une consultation médicale, c’est l’examen clinique.

De plus la répartition de ces cabines est très aléatoire, et certaines fleurissent dans des zones non déficitaires; bref un grand foutoir encore une fois très électoraliste.

Au final toutes les solutions proposées vont avoir un impact sur la santé des patients en mal de soins.

Malheureusement il n’est pas sur que ces solutions soient réellement satisfaisantes.

Dr Pierre Frances