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Une caricature très polémique

 

Relayé par le Quotidien du Médecin, une caricature de Plantu fait le comparatif entre le coût d’une intervention par un plombier, et celui généré par une consultation chez un généraliste.

Ce clin d’œil très humoristique a été à l’origine d’un déluge de critiques (bien entendu il y a eu aussi des remarques très bienveillantes également, mais elles restent plus confidentielles) à l’égard des professionnels de santé.

Outre le fait que certains mettent en avant le caractère trop expéditif des consultations (ces personnes remarquent que les consultations ont une durée qui avoisine les 5 minutes), d’autres n’hésitent pas à pointer du doigt l’important professionnalisme des plombiers qui ont plus de mérite que les soignants.

Les français s’imaginent que les médecins sont des nantis, et cette image très ancrée dans l’imaginaire collectif est difficilement modifiable car comme dirait un patient « il est dans le gène ».

Nous devons également reconnaître que les médias ne transcrivent pas, dans leurs éditoriaux ou émissions télévisées, une image  très positive des libéraux.

Ainsi j’ai pu ce week-end découvrir dans un hebdomadaire national un article (il s’agissait d’un encart, mais il a le mérite d’exister et « d’informer ») concernant « La prime pour les médecins libéraux ».

Le journaliste met en avant les dépenses induites par cette « généreuse » prime, tout cela comme si la somme déboursée est tout à fait incongrue.

Les propos de l’Assurance maladie sont également reproduits dans cet article, et mettent en avant une revalorisation significative en rapport avec le respect de certains objectifs de santé publique.

Ces déclarations doivent nous interroger : de la pommade vis-à-vis de la ridicule revalorisation des actes proposée en novembre, une volonté de montrer que l’assurance maladie met la main à la poche pour féliciter les heureux élus.

Des critiques manquant d’une expertise approfondie

On oublie que la prime n’est pas la même pour tous, et même certains ne la touchent pas.

En effet les objectifs sont parfois très complexes, et impossibles à atteindre pour certains.

De plus donner une petite prime pour permettre de faire des économies aux organismes sociaux n’est pas nécessairement très juste et quelque peu hypocrite même car il est difficile dans ce cas de parler de revalorisation.

Au-delà de cette annonce qui est à l’origine de la colère de certains citoyens, car certains ont des difficultés à joindre les deux bouts, on tente une nouvelle fois de donner une image négative des médecins libéraux.

Ces professionnels ne sont pas des délinquants financiers âpres au gain comme on le laisse supposer, mais pour la plupart des soignants zélés qui ont conscience de leur rôle.

Nombreux sont ceux qui ne lésinent pas à travailler plus de 50 heures, cela au détriment de leur vie de famille et de leur santé.

Ce qui est d’autant plus révoltant, c’est de voir que cette manière de penser, et de réagir est également observée parmi les différents membres de l’exécutif.

Alors que le SMIC est régulièrement revalorisé, que le coût de la vie ne cesse de se majorer,  on oublie volontairement dans ce calcul les libéraux.

Après tout on s’imagine qu’ils sont riches, et qu’ils peuvent faire le sacrifice d’une revalorisation.

Malheureusement, ce travail de sape est très déstabilisant pour une profession qui est déjà très affectée par son nombre restreint.

En continuant de mépriser ces professionnels, nous risquons à court terme de voir des changements d’orientation des jeunes confrères écœurés par ce manque de reconnaissance.

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. Bonjour, votre diagnostic de « travail de sape » peut être étendu assez facilement à tout un ensemble de professions actuellement assez mal représentées chez nos gouvernants : pour la plupart, des professions accessibles « au mérite » avec de bons résultats scolaires… donc élitistes. Sus à la méritocratie ! Au motif qu’avec l’effondrement de « l’éducation nationale », seuls les rejetons des « socialement favorisés » s’en sortent… Il est plus facile de dénigrer et abattre les quelques uns qui dépassent (en utilisant le prétexte de leur privilège de naissance) de la masse que de relever le grand nombre de ceux qui échouent…

  2. Il serait temps, mon cher confrère, que vous compreniez que les libéraux doivent disparaître. Nos « élites » s’y emploient depuis 40 ans.

  3. Bonjour Pierre
    Je suis tout à fait d’accord sur ton point de vue. Nos jeunes Internes ne veulent plus de l’exercice libéral, ni de travailler plus de 35 heures par semaines : pourquoi les autres et pas moi ? Ils demandent à exercer dans un respect mutuel ; et ne pas abimer leur santé ni leur entourage comme l’ont fait trop souvent les anciens. Le gain financier n’est pas un objectif en soi mais il est normal de gagner correctement sa vie pour vivre pleinement une vie professionnelle et familiale. Nos gouvernants sont schizophrènes : ils veulent des médecins partout. Certes, mais alors, qu’ils offrent aux jeunes générations les moyens de le faire. Et ce n’est pas une aumône de 1 euro 50, nettement inférieure à l’inflation qui va arranger les choses. Les médecins libéraux partent à la retraite et ne sont plus remplacés. On leur promet de supprimer les cotisations retraites qui ne rapportent aucun points mais la CARMF prélève toujours ? Des promesses, rien de concret, et l’on s’étonne encore qu’il n’y ait plus de médecins qui désirent exercer comme avant. Nos sénateurs et députés, si prompts à voter auparavant un numérus clausus imbécile, devraient maintenant réfléchir et proposer des solutions satisfaisantes aux futurs médecins. Nos énarques, toujours suffisants mais rarement nécessaires, ne devrait pas compter uniquement sur le plan financier mais prendre en compte également le plan humain. Et c’est aussi le cas dans les hôpitaux. C’est bien dommage, car être médecin, c’est passionnant mais dévalorisés par la méchanceté et la jalousie de certains de nos concitoyens.
    Dr Max Budowski. Pr Émérite de médecine Université Paris Cité

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