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Hokusai, un film qui nous amène à nous pencher sur la notion « du bien penser »…

La Grande Vague de Kanagawa est une œuvre maintes fois reproduite, et qui est souvent très appréciée et reconnue par nos concitoyens (cf. cliché)

La preuve en est qu’une exposition consacrée à l’artiste à l’origine de la Grande Vague (il s’agit d’Hokusai) au Grand Palais en 2014 a été un réel succès.

Bien entendu, et compte tenu de la célébrité de ce peintre japonais, un film retraçant sa vie a été réalisé.

Il vient juste d’être diffusé sur les grands écrans, et a bénéficié d’une campagne publicitaire assez conséquente ; ce qui va dans le droit fil de la célébrité de cet artiste.

De nombreuses polémiques concernant la manière dont l’artiste a été dépeint ne sont pas les raisons qui me conduisent à parler de ce récit autobiographique.

En effet il est intéressant de faire la connaissance d’un personnage haut en couleur et ayant un caractère bien trempé.

Outre son intempérance qui lui joue certains tours, nous voyons qu’il est passionné par son art, et qu’il souhaite transcrire au travers de ces œuvres ses propres sentiments et la vision de ce qu’il imagine.

Mis à part cet état de fait pour lequel nous sommes souvent confrontés avec certains patrons qui dirigent des services hospitaliers (certains sont très humiliants, mais ils sont aussi très passionnés), il est intéressant de regarder avec plus de précisions le contexte politique du Japon à cette époque qui est à cheval entre le 18ème et 19ème siècle.

Nous voyons que la censure (elle est édictée par un code de bienséance souhaité par le shogun qui est l’émanation du pouvoir des samouraïs) est omniprésente, et qu’il est difficile pour les artistes de s’y soustraire.

Il faut entrer dans le moule sous peine de se voir infliger certaines sanctions comme de la prison.

La société nippone a évolué depuis cette époque, et une plus grande liberté artistique prévaut dans ce pays.

La censure s’exerce en 2023, et elle est parfois insidieuse

Cependant cette notion de censure revient souvent sur le tapis, et pas seulement dans certains pays autoritaires où des dictateurs refusent toute liberté artistique ou de parole.

Ainsi des faits que nous pouvons observer nous montrent que les sociétés occidentales deviennent très progressivement intolérantes dès lors que certains sujets, ou certaines catégories de personnes sont évoquées.

Dans le domaine de la littérature, il est difficile pour un écrivain d’avoir une importante crédibilité (certains ne peuvent plus s’exprimer librement) dès lors qu’une critique d’une catégorie de population met à l’index certains passage d’un livre, ou dès lors que certaines expressions deviennent peu conformes aux codes édités par les féministes ou les associations antiracistes (cas des 10 petits nègres d’Agatha Christie).

Dans le domaine de la santé nous pouvons également observer l’impact de cette censure

Les récentes déclarations du ministre de la santé (elles en ont choqué plus d’un) qui souhaite une destruction ou un déplacement de certaines fresques de salles de garde jugées peu convenables pour des internes en formation.

Il est en de même en ce qui concerne le traitement par les journalistes de faits d’actualité.

Alors que nous avons pu assister, sans aucun répit, au couronnement du roi d’Angleterre sur la plupart des chaines télé, nous n’avons aucun écho ou de manière très rapide concernant la revalorisation ridicule des médecins.

Il est vrai que très régulièrement on a voulu donner une image très négative des libéraux en mettant en pâture des exemples de certains confrères ayant fraudés (les journalistes dans ce cas n’hésitent pas à diffuser de manière répétée des reportages sur ce sujet), ce qui est quelque peu dévalorisant pour la profession.

Aucun journaliste n’est allé à la rencontre d’un libéral de terrain pour tenter de comprendre les difficultés de ces professionnels, et permettre de cette manière de donner des informations objectives aux politiques qui restent enfermés dans leur tour d’ivoire.

Il y a quelques années la situation des agents d’une société de téléphonie qui étaient en burn out était régulièrement mise en avant.

Le responsable du harcèlement et des mutations des personnels a été sévèrement puni et dénoncé, jugement peu clément du fait de l’importante mobilisation syndicale.

A contrario jamais un seul commentaire n’a été donné concernant l’épuisement professionnel des médecins qui travaillent d’arrache pied, et qui se suicident bien plus que les agents des téléphonies.

Certaines voix s’élèvent pour parler de la censure dans les médias, cela grâce à des chroniques diffusées dans certains journaux.

Très récemment c’est le cas d’un éminent philosophe (Michel Onfray) qui critique ouvertement l’absence de pluralisme de certaines radios publiques.

Personnellement je ne peux me prononcer sur cette situation de manière claire, car je préfère lire la presse (je fais le choix de lire plusieurs journaux ayant des tendances politiques opposées) qui m’informe sur la géopolitique qui est très peu abordée dans les éditions d’actualité des chaines de télévision.

Cela me fait un peu froid dans le dos car les jeunes générations, qui rechignent à lire la presse papier, n’ont pas nécessairement une vision objective de notre société.

Néanmoins avant d’être trop négatif dans mes propos, nous ne devons pas oublier que les adolescents et jeunes adultes sont rivés sur les réseaux sociaux et s’informent grâce à des applications sur leur téléphone.

Espérons que ce nouveau mode d’information aura plus d’objectivité que certaines chaines de télévision, ou certaines radio n’ont pas.

Toujours est-il que le film Hokusai permet de s’informer sur la société nippone du début du 19ème siècle, ce qui est culturellement intéressant, mais permet également de voir la reproductibilité de certains faits historiques avec des proportions différentes.

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Avec la censure, vous soulevez là un vrai sujet, très complexe car il touche à l’identité professionnelle. Vous citez le ministre F. Braun qui soutient la suppression des fresques carabines, ce qui n’a rien d’anecdotique. Cela s’inscrit bien dans une logique globale d’effacement de la culture carabine. A cette atteinte à une Tradition s’ajoute le fait que les journalistes ne s’offusquent même pas de l’aumône à 1 euro 50 et du burnout des médecins, alors qu’un rapport du Sénat de mars 2022 dit que 46% des généralistes seraient en burnout. Dans le même temps, en contrepartie de la signature d’un Contrat d’engagement territorial, E. Macron est disposé à signer un chèque pour mettre la consultation à 30 euros (ce qui ne compenserait même pas l’inflation). Il s’agirait donc de travailler plus alors que les médecins sont déjà épuisés. Le chef de l’Etat encourage ainsi les médecins à faire de l’abattage, donc une mauvaise médecine. On mesure bien là le mépris d’E. Macron pour les médecins et son manque d’empathie envers les Français. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner que la colère monte chez les médecins comme dans la population. Oui, la médecine générale traverse bien une crise identitaire historique et elle pourrait même ne pas s’en relever.

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