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Les lapins indésirables pour certains, mais pas tous

Depuis quelques semaines les médias nous expliquent que certains restaurateurs, lassés par le fait que certaines réservations ne soient pas honorées, ont décidé de passer à l’action en facturant les lapins.

Certains journalistes ont relaté les mésaventures d’un groupe de personnes qui ont été contraints par le tribunal de payer une note très salée sans pour autant avoir consommé dans ce type d’établissement.

La seule faute qu’ils avaient commise était de réserver et de ne pas venir par la suite.

La grande majorité des citoyens a compris les raisons de cette sanction car les explications ont été très claires :

  • Le fait que le coût des denrées alimentaire est devenu prohibitif. En laissant ce surplus engendré par l’absence de clients à la charge du restaurateur. Ces réservataires mal intentionnés le sanctionnent financièrement, cela en plus du manque à gagner
  • Ne pas honorer sa réservation, c’est également ne pas donner la possibilité à certains clients de venir au restaurant car cet établissement doit afficher ou expliquer que le service est complet
  • Le fait que les responsables de ces lapins aient décidé de saisir le tribunal, cela alors qu’ils sont fautifs. Il est curieux de demander une réparation pour une faute que l’on a commise

Et les médecins alors !

Pour les professionnels de santé cette situation (réparation financière suite à une réservation non honorée) n’est pas acceptée par la majorité des citoyens.

Cette attitude est favorisée par le fait que les frais de santé sont pris en charge en grande partie par le contribuable.

Un syndicat (l’UFML) a voulu qu’une sanction à l’égard de ces personnes peu tolérantes, qui ne respectent pas les professionnels de santé, soit effective.

L’exécutif a essayé de noyer le poisson en expliquant que cette situation était intolérable du fait d’une pénurie en professionnel de santé, et le président est monté au créneau pour dénoncer ce manque de civisme.

Cependant cet effet d’annonce n’a été suivi d’aucun décret, et cette idée de sanction financière a été remisée au placard par le Sénat.

Il ne faut également pas oublier que de nombreux confrères n’acceptent pas la sanction financière, et plus original certains tentent d’expliquer les raisons de telles attitudes souvent irresponsables par le fait d’une grande précarité de ces populations que nous devons en aucune manière blâmer.

Pire certains mettent à l’index les collègues qui refusent de recevoir les patients qui ont été inconvenants en refusant les contrevenants qui n’honorent pas leurs rendez-vous.

Nous devons donc accepter que des patients ayant certaines idées des valeurs au sein de notre société puissent se permettre de s’en affranchir, cela sans vergogne pour un grand nombre d’entre eux.

Nous pouvons comprendre que la santé reste une priorité au sein de notre démocratie, mais il apparaît tout à fait inconcevable de ne pas inculquer à certains français l’importance d’un respect de certaines valeurs qui sont le fondement de notre démocratie.

Les médecins sont le garant de la santé des patients, et à ce titre il est fondamental que les patients puissent honorer leur rendez-vous.

On oublie souvent que certains créneaux horaires non pourvus sont, pour certains spécialistes, un manque à gagner important, mais aussi une perte de chance pour certains patients qui auraient pu bénéficier de l’expertise du confrère.

Actuellement le médecin généraliste doit faire des choix cornéliens (cas des urgences) pour envoyer chez une spécialiste.

En effet les délais, pour des consultations classiques, sont de plus en plus longs chez ces confrères.

De ce fait si le généraliste monopolise une place d’urgence qui n’est pas réellement une urgence, il va rapidement être mis à l’index par le confrère du fait de son manque de discernement.

Au-delà de ces propos nous voyons que le vœu d’un syndicat n’a pas été réellement pris en compte.

Cette situation a de grandes chances de conduire à une majoration du désamour (il est déjà très important) des médecins vis-à-vis des pouvoirs publics qui prennent par-dessus la jambe les problèmes que vivent les libéraux.

De plus cette manière de réagir de l’exécutif laisse pantois, car nous ne devons pas perdre de vue que dans d’autres domaines (justice, éducation….) ce type de laxisme risque de générer de graves injustices.

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. « Les pouvoirs publics qui prennent par dessus la jambe les problèmes que vivent les libéraux ». Tout est dit.

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