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Le médecin un professionnel très ou trop protégé ?

 

Dernièrement au décours d’une de mes consultations je reçois une touriste « en transit régulier dans notre cité» qui est quelque peu remontée contre son médecin traitant.

Ce dernier « serait passé à côté » du diagnostic du cancer du poumon chez son mari qui est actuellement décédé.

Bien entendu cet événement a été à l’origine d’un conflit avec ce collègue, et a mis à mal la relation médecin-patient.

Je me suis permis de lui dire que cette épreuve difficile a été probablement vécue également de manière très amère par le praticien en charge de la santé de son mari.

Il n’a sûrement pas démérité lors de la réalisation des soins du patient, mais il faut reconnaître que l’exercice médical est parfois complexe.

Suite à mes propos cette dernière ne cache pas sa colère vis-à-vis du corps médical qui, selon cette personne, est très corporatiste et étouffe les fautes des professionnels de santé.

Ne souhaitant pas rajouter de l’huile sur le feu, et souhaitant clore le débat, je me suis permis de lui demander les raisons de sa venue.

Une vision qui mérite plus d’éclaircissements

Au-delà de cette récrimination envers le corps médical qui est assez récurrent auprès de la population, il est important de faire le point sur cette notion de « corporatisme ».

Certains journalistes ont montré du doigt les errements de certains conseils départementaux de l’Ordre qui étaient « complices » d’actions délictueuses de certains confrères.

Dans un premier temps il est important de souligner qu’il est souvent difficile pour un Ordre de prendre position pour certains faits dont l’éclairage judiciaire n’est pas très clair.

On ne peut pas condamner sur des a priori des médecins, cela suite à des dénonciations parfois calomnieuses.

Ce comportement tient essentiellement au fait qu’en pratique nombreuses sont les plaintes à l’égard des médecins qui sont parfois peu crédibles voire même diffamatoires, et sont le plus souvent en relation avec un défaut de communication qu’une réelle erreur concernant le soin.

Les Ordres départementaux ont toujours joué le rôle de conciliateurs, et n’omettent jamais de ne pas traiter toute plainte ou doléance reçue.

Le patient est le libre arbitre, lors de la confrontation avec le médecin incriminé pour erreur médicale, de poursuivre son action.

Il peut en toute indépendance refuser cet échange ou ne pas accepter les réponses du collègue.

Dans ce cas les deux parties se retrouveront au conseil régional de l’Ordre, instance très impartiale.

Nous ne devons pas perdre de vue que les médecins convoqués sont souvent très affectés par cette situation car ils ont l’impression de passer devant un tribunal.

L’Ordre est présent pour les réconforter dans cette épreuve, mais n’intervient jamais pour modifier le cours d’une conciliation.

Aussi en fin de consultation avec cette dame, j’ai bien expliqué que les médecins sont des hommes, et qu’ils font leur maximum pour donner des soins de qualité.

Malheureusement dans certains cas des erreurs peuvent survenir.

Ces « fautes » sont souvent liées à la difficulté de l’exercice médical.

Mes propos ont été bien compris par la patiente qui a reconnu avoir verbalisé trop rapidement son émotion suite au décès de son mari, situation qu’elle n’a pas réellement digéré du fait de l’évolution péjorative sur un laps de temps très court de l’état de santé de son époux.

Ce qui a été très dur pour cette personne, c’est le fait que cette pathologie de découverte récente se soit soldée par le décès de son conjoint, cela alors qu’elle n’était pas préparée à ce départ.

Elle a reconnu trouver le coupable idéal en reportant la responsabilité du retard diagnostic sur le médecin.

Néanmoins elle s’est remise en question en expliquant que son mari était un malade peu compliant, et qu’il refusaient souvent les examens complémentaires demandés par son médecin traitant.

Comme quoi dans ce cas de figure il est difficile de reconnaitre la faute du confrère, faute qui est fréquemment endossée à tort par les professionnels de santé.

« La communication est plus rare que le bonheur, plus fragile que la beauté » Emmanuel Mounier.

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. Impartial conseil de l’ordre? qui a violemment attaque tous ceux qui ont soigne avec grand succes le covid avec azithro, ivermectine, hydroxychlorquine etc… Une tache indelebile dans l’histoire de la profession. Une honte indicible.

    • Il faut savoir que la médecine n’est pas une science, et que les erreurs sont fréquentes. En ce qui concerne les traitements que vous évoquez ils n’ont pas été validés par l’HAS, et dans ce cas il est difficile de donner un avis positif sur ces molécules dans le COVID. On peut se poser de nombreuses questions en ce qui concerne le COVID, et certaines resteront sas réponses. L’ordre se range dans ce cas aux propositions des hautes autorités de santé, si cela n’est pas le cas on devient anarchiste.

  2. Pas simple tout ça et pour le conseil de l’ordre cela ne doit facile.
    La médecine est un art difficile.

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