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Un système de santé à la dérive!

Depuis quelques semaines les médias ne cessent de nous informer sur la situation de certains territoires en ce qui concerne l’accès aux soins.

Ainsi on voit différents édiles et associations de patients qui manifestent leur mécontentement du fait d’une pénurie de professionnels de santé dans différents bassins de population.

Les journalistes donnent des pistes pas nécessairement très judicieuses et dans certains cas contre-productives (regroupement de professionnels dans des zones déjà bien achalandées, recours à des praticiens étrangers n’ayant pas les qualifications requises…..).

En parallèle, on fustige régulièrement les jeunes confrères qui refusent de s’installer rapidement dans des zones dépourvues de soignants, ou des jeunes collègues qui exigent des conditions financières aux collectivités très importantes.

De cette manière on galvanise la rancœur des français en leur donnant une image très négative des médecins.

Une réalité des études de médecine bien moins rose que celle décrite par les médias

Cependant, il est important de regarder la réalité en face, et on peut de cette manière se rendre compte qu’être médecin est un parcours du combattant harassant durant les études universitaires.

Tout d’abord la réforme des études médicales ne laisse plus l’occasion pour les étudiants de souffler en2ème année comme autrefois.

En effet durant les 3 premières années de leur cursus, ils sont polarisés sur les résultats de leur examen classant qui éjecte 40% des effectifs chaque année.

En 4ème année ils sont rivés sur leurs cours car ils préparent leur examen national classant qu’ils passent en début de 6ème année.

Arrivés en 7ème année ils sont internes, et ils doivent travailler dur dans les CH ou CHU avec un nombre d’heures assez conséquent, et qui est souvent décrié par les syndicats professionnels avec une relative indifférence de la part des directeurs des CHU ou CH.

On ne doit pas oublier, que ceux qui ne cessent de répéter que les études médicales sont très onéreuses pour le contribuable, deux points essentiels :

  • Durant leur internat les étudiants donnent leur maximum pour faire tourner les services en recevant un salaire de misère. De ce fait on peut dire qu’ils remboursent grandement le contribuable, ce qui n’est pas le cas des jeunes universitaires dans le domaine de l’économie, des langues…
  • La précarité de leur situation avec une nécessité de mobilité dans différents lieux tous les 6 mois. Cela veut dire changement de résidence et déménagement sans une réelle contrepartie financière en adéquation

Le médecin face à un exercice professionnel de plus en plus difficile à assumer

En ayant achevé son cursus le jeune confrère qui vient juste de passer sa thèse va dans un premier temps :

  • Pour les hospitaliers accepter des postes d’assistants très mal rémunérés avec des horaires de forçats, cela pour arriver au graal de PH
  • Pour les libéraux ils vont faire des remplacements pour mieux connaître un monde auquel ils ont été peu confrontés durant leur cursus, mais aussi pour savoir de quelle manière ils pourront exercer (cabinet en groupe, relations avec les établissements privés pour faire certains examens…..)

Cela étant, en quelques décennies un autre écueil entrave la route des professionnels de santé : la pénurie des soignants.

De ce fait le médecin libéral (c’est celui qui est le plus impacté par cette situation) se voit dans l’obligation de travailler plus pour absorber un flux de patients bien plus important.

Pour ce faire, et prenant en compte très tardivement de cette problématique, les pouvoirs publics ont trouvé la parade en leur proposant de majorer leur patientèle moyennant la rémunération partielle d’une assistante médicale sur une durée très courte (deux ans), en donnant des conditions attractives de travail pour les retraités qui peuvent de cette manière travailler plus longtemps et de manière plus conséquente (ils peuvent de cette manière mourir sur scène), en permettant une délégation des tâches sous la responsabilité du médecin…..

Bref, tout cela pour dire que la situation professionnelle des médecins libéraux n’est pas très enviable avec des horaires de plus en plus élastiques, et un surcroît de travail.

Le plus inique dans cette situation, c’est de voir que les administratifs en charge de la mise en place de ces mesures (ARS surtout) ont des effectifs pléthoriques et redondants dans certains secteurs, et travaillent pas plus de 35 heures.

Autrement dit, on n’hésite pas à sacrifier psychologiquement, et en se moquant également de leur santé, une branche professionnelle pour permettre le bien être des citoyens.

De toute manière on se rend compte que les médecins ne sont plus respectés, ce qui est par ailleurs le cas d’autres professionnels également indispensables pour nos compatriotes (cas des pompiers, des policiers, des enseignants…).

Dans ce cas il est nécessaire et urgent d’exiger une plus grande implication de l’exécutif pour que les médecins ne soient plus une valeur d’ajustement faisant suite à des errements politiques non assumés.

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. Bis repetita, cher confrère : vous ne pouvez attendre de ceux qui sont à l’origine des problèmes depuis longtemps (nos « politiques ») de les résoudre. Ils ont tout fait pour qu’il en soit ainsi. Ne vous faites pas d’illusions.

  2. Tout à fait d’accord avec votre analyse très pertinente

  3. Bien dit Cher Confrère
    Je me demande pourquoi lesjeunes continuent a s’orienter dans une telle
    Galère
    Ils feraient mieux de s’engager en politique, aucune compétence exigée et aucune responsabilité quelque soit la décision voir LES dernières épidémies
    Covid,bronchiolites
    Merci

  4. Vous avez très bien résumé la situation Docteur. Et pour preuve, avec cette quatrième année, l’exécutif utilise les internes de médecine générale comme variable d’ajustement pour palier aux erreurs faites depuis 20 ans en matière de santé publique.

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