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Un sondage qui fait réfléchir

Les médias ont diffusé les résultats d’un sondage réalisé il y a quelques jours de cela qui doit nous amener à réfléchir quelque peu, nous les professionnels de santé.

Une question « très tendance » avait été posée: Doit-on faire payer les frais d’hospitalisation des patients ayant le COVID-19 non vaccinés, et hospitalisés dans une unité de réanimation?

La réponse a été pour 51% des français oui.

Bien entendu en fonction des sensibilités politiques des citoyens les réponses ont été différentes.

Ainsi pour les extrêmes (gauche et droite) il ne paraît pas logique de faire payer les frais d’hospitalisation.

A contrario, près de 71% des sympathisants à LAREM sont d’avis de faire payer ces frais aux non vaccinés.

Un résultat surprenant

Ces résultat me donnent la chair de poule car même si la vaccination doit être promotionnée pour combattre la COVID-19, il semble que les arguments pécuniaires ne m’apparaissent pas recevables pour plusieurs raisons:

  • Si cette solution est choisie par l’exécutif, comment les plus démunis vont-ils payer une addiction très salée? Il ne faut pas oublier que les non vaccinés restent plus longtemps dans un service de réanimation. De plus on parle de réanimation car depuis des semaines on nous martèle le fait que ces unités sont saturées, mais ne serait-il pas possible de les étoffer en demandant aux professionnels retraités de venir travailler?
  • Pourquoi dans ce cas ne pas faire payer les patients admis en réanimation du fait de détresse respiratoire alors qu’ils sont de très gros tabagiques?
  • Quid également des soins des patients ayant pris pertinemment des risques comme le patient VIH positif qui a refusé le recours aux préservatifs et qui s’est contaminé? Nous ne devons pas oublier que le prix des antirétroviraux n’est pas négligeable pour la Sécurité Sociale

Tout cela pour dire que les résultats de ce sondage m’ont quelque peu révolté.

Nous sommes tous des professionnels de santé, nous faisons le maximum pour prévenir et traiter les pathologies que peuvent contracter les patients.

Nous sommes nombreux à promotionner la vaccination auprès de nos patients, et il est fréquent que nous soyons confronté à une opposition dans ce domaine.

Malgré ce refus coupable, nous ne pouvons pas laisser tomber ces personnes malgré leur comportement que l’on peut juger comme inadmissible.

Néanmoins nous devons avoir une réflexion plus en amont, et voir que derrière de tels résultats l’action des médias est indéniable.

En effet, sans tenir compte des propos de notre président, les personnes non vaccinées sont régulièrement critiquées dans les forums et reportages.

Il s’agit même d’un matraquage qui a pour but de marginaliser un peu plus les patients non vaccinés.

Au delà de cette action allons-nous atteindre la cible souhaitée?

Je ne pense pas car en dénigrant cette frange de la population on lui donne plus de force dans ses convictions fausses.

Ne serait-il pas plus utile d’instaurer un dialogue avec les professionnels de santé qui sont souvent les mieux placés pour essayer de les convaincre, plutôt que de mettre de l’huile sur le feu de cette manière?

De plus ce sondage nous montre que l’on est en train de mettre dos à dos deux types de français, ce qui est quelque peu déstabilisant car la force d’un pays c’est aussi sa cohésion.

 

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. bonjour, il y a un problème de fond que vous n’abordez pas. Le COVID est un problème de santé publique contagieux ++++ Donc très différent du tabac ou du VIH (mode de contamination différent car risque sexuel ou piqure plus limité). Le fumeur ne contamine pas les autres (ou indirectement par tabagisme passif), le cas du VIH est pénalisable car mise en danger d’autrui ++++. C’est précisément ce que font les antivax, ils se mettent en danger (c’est leur problème) mais ils mettent en danger autrui… en l’occurrence mes proches ou moi (ainsi que leurs proches !) et de façon consciente (il est difficile désormais de ne pas le savoir) ++++. Parler de défense des libertés est hors sujet, c’est une épidémie aéroportée, donc contagieuse. Ils veulent être responsables, OK mais qu’ils assument +++ jusqu’au bout (comme pour l’assurance de maison ou de voiture). Il existe un permis de conduire avec des règles (comme en cas d’épidémie). Si vous n’en voulez pas (liberté individuelle), vous payez en cas de problème ++++ (sauf si insolvable). A ma connaissance, tout le monde trouve cela normal. N’oublions pas qu’il s’agit d’une minorité +++ très active, pour des raisons politiques le plus souvent (cf. pour qui ils votent). Ils se targuent de défendre la liberté, d’être des résistants (?) et refusent le dialogue (cela s’appelle un comportement sectaire matinée de complotisme). Ne vous trompez pas de commentaires. En clair, une minorité veut imposer ses vues, faire ce qu’elle veut, ne pas respecter le Droit (et les autres) et traite la majorité d’être des moutons ou des inconscients. Nous sommes des médecins ayant fait le serment de prendre soin d’autrui et non, de ne pas « contrarier » une minorité qui refuse les données de la Science et se croit elle même correctement informée via les réseaux anti-sociaux (classique effet Duning Kruger). Cela fait tout de même plus d’un an que nous avons des données validées. Mettre en danger autrui, favoriser la maladie chez les plus vulnérables, prolonger l’épidémie et reculer la reprise d’une vie normale socioéconomique ne justifie aucune indulgence. De fait, ils ne souhaitent aucune cohésion sociale mais se considère comme des victimes. Qu’ils assument vraiment leur choix jusqu’au bout (ne pas aller à l’hôpital puisque le risque d’existe pas, rembourser les frais au moins en partie…), c’est cela la liberté et la responsabilité individuelle (à défaut de collective) ! Cordialement

  2. Le gouvernement de Singapour n’a pas eu ces états d’âme et fait payer les frais d’hospitalisation aux non-vaccinés.

  3. Je vous rejoins quand vous constatez que cette position anti non vaccinés ne facilite pas l’indispensable cohésion sociale. Mais votre proposition de poursuivre un dialogue destiné à convaincre les non vaccinés opposés à la vaccination confine à un angélisme qui n’a aucune perspective d’améliorer la situation.
    Le vrai problème se situe en fait dans l’efficacité -actuelle – de la vaccination pour les sujets à faible ou très faible risque. En somme la majorité des vaccinations en cours…

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