Regardons derrière le miroir

Dernièrement les médias nous ont informé de la triste situation d’un jeune homme qui avait une tumeur cérébrale.

Compte tenu de la situation sanitaire, ce dernier avait du accepter le fait qu’une intervention chirurgicale devait être repoussée une nouvelle fois (cela faisait 3 fois que l’intervention avait été différée).

Avec une certaine émotion, nous avons pu voir ce jeune qui avait visiblement subi une chimiothérapie (il n’avait plus de cheveux) accepter avec fatalisme sa situation.

Les médias au travers de ce témoignage ont voulu choquer les français, et ont tenté d’alerter vis à vis de la situation dramatique que vivent les hôpitaux français.

Cependant, plutôt que de mettre en avant la problématique de l’organisation des établissements publics, ils ont clairement expliqué que cette situation était de la responsabilité des patients admis n’ayant pas été vaccinés.

Les non vaccinés sont à l’origine d’un surplus de travail au sein des hôpitaux, et ils sont à l’origine d’une perte de chance pour les patients ayant des pathologies graves.

Il faut savoir lire entre les lignes

Nous pouvons être quelque peu irrité par la situation des services de réanimation qui sont saturés du fait du refus de la vaccination d’un petit groupe de patients qui mettent à mal notre système de santé.

Néanmoins, selon moi, ce n’est pas le seul élément qui est responsable de cette situation difficile à accepter pour nos concitoyens.

En effet, au travers du cas de ce jeune homme, l’analyse effectuée par les journalistes sur ce fait divers s’avère simpliste car elle dédouane les politiques qui depuis de nombreuses années ont volontairement voulu dépecer le secteur de la santé en refusant une revalorisation des soignants, et en n’acceptant pas d’en former plus.

D’autre part, ce cas nous montre un autre travers du journalisme en 2021: on ne fait plus d’enquête approfondie pour comprendre les différents aspects d’un problème posé.

Ainsi dans le cas de ce jeune, aucun journaliste n’est allé voir les oncologues en charge du patient pour connaître les raisons qui ont conduit à ce retard dans la prise en charge:

  • Chimiothérapie en premier lieu qui doit être réalisée du fait d’une extension trop importante de la tumeur?
  • Bilan d’extension qui ne permet pas une intervention chirurgicale?
  • Refus de toute intervention car le patient se trouve en situation de soins palliatifs?
  • …….

Nous pouvons également mettre en avant, comme l’ont fait ls journaliste, le fait que le manque de personnel soit responsable de ce retard de prise charge. Cependant, il me semble que dans ce cas les professionnels en charge du patient se seraient exprimés sur ce sujet pour dédouaner leur responsabilité.

Dans tous les cas il aurait été souhaitable d’avoir un éclairage plus objectif pour se faire une opinion sur les raisons d’une manque de « qualité » dans cette prise en charge.

Au delà de ces propos, nous ne pouvons qu’être quelque peu ému par le fait qu’un jeune soit atteint par une pathologie redoutable par ses conséquences et son pronostic.

 

Dr Pierre Frances