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Un heureux dénouement pour un futur confrère qui met un peu de baume au cœur pour une nouvelle année qui s’annonce difficile pour les médecins libéraux

Depuis le 1er décembre les médecins généralistes ont montré leur mécontentement vis-à-vis des pouvoirs publics peu enclins à les écouter et à reconnaître leur rôle au sein de notre système de santé.

De nombreuses exaspérations ont été relayées par certains confrères en ce qui concerne le choix politique de l’exécutif.

Ces politiques ont toujours voulu montré un attachement viscéral pour les établissements hospitaliers qui sont la représentation à leurs yeux de notre système de santé.

On oublie que le plus souvent les patients sont pris en charge par les médecins libéraux, cela alors qu’ils symbolisent aux yeux de nombreux citoyens et même des énarques qui nous dirigent le capitalisme qu’il faut à tout prix museler.

Compte tenu de l’hypocrisie de nos dirigeants à l’égard « des petites mains » que sont les généralistes, une consœur a décidé de rallier à la cause de la médecine libérale de nombreux syndicats.

Cette démarche tout à fait justifiée a permis dans un premier temps de rassembler la quasi-totalité des syndicats qui ont montré leur attachement à promotionner une frange de notre système de santé trop souvent mal aimée ou méprisée.

Malheureusement cette unité n’est plus, en cette fin d’année, qu’un lointain souvenir.

Pire,  certaines centrales ont montré leurs divergences et commencent à se démarquer des revendications initiales.

Cette situation a galvanisé quelque peu l’exécutif, qui part le truchement du ministre de la santé, n’a pas caché  sa satisfaction et a félicité la CSMF et MG France qui ne sont pas associés à une grève dure durant la période des fêtes de fin d’année.

Par ailleurs il est très difficile d’accepter les réflexions vexatoires de nombreux internautes qui dans différents forums fustigent les exigences des généralistes qu’ils jugent démesurées ou indécentes dans un contexte d’inflation difficile à supporter par certaines familles.

En parallèle le classique leitmotiv des études payées par le contribuable, et le manque de professionnalisme de certains confrères (consultations bâclées ou sur le pas de la porte) est mis en pâture sur différents sites du web.

Bien entendu la question d’une revalorisation des honoraires avec une consultation à 50€ au lieu de 25€ a été très souvent critiquée par certains français.

Cette demande est souvent relayée par les journalistes qui ne pointent que très rarement les difficultés et les horaires à rallonge des généralistes.

Ainsi, on oublie que les différentes réformes en cours vont quelque peu changer la donne en ce qui concerne la pratique de la médecine libérale avec une participation accrue d’autres professionnels de santé, cela sans réelle concertation avec les principaux intéressés (les médecins).

Nombreux sont les confrères qui n’acceptent pas, à juste titre d’ailleurs, une rétribution conséquente à des professionnels ayant à leur charge des patients peu complexes qu’ils ne verront plus ou très partiellement.

On comprend fort bien qu’il soit nécessaire de réfléchir sur un système qui puisse permettre une meilleure prise en charge des patients qui ne peuvent avoir accès aux soins, ce qui est actuellement le cas et reste très mal accepté à juste titre par nos concitoyens.

Or, pour parvenir à absorber l’importante charge de patients,  on accepte de promotionner une médecine au rabais, et on donne au médecin généraliste l’obligation d’une gestion des cas difficiles.

Cette nouvelle activité ne prédispose, durant les discours avec les organismes sociaux dans le cadre de la future convention avec les praticiens, à aucune reconnaissance véritable ni rétribution en échange.

Ce qui est très surprenant est très blessant également, c’est de voir qu’une grande partie de la société ne comprend pas le malaise des libéraux, et le plus souvent réagit de manière inadaptée en critiquant les généralistes grévistes.

Dans ce contexte, nombreux sont les jeunes confrères qui vont changer de voie, ou décider de migrer vers d’autres cieux.

Les plus vieux (c’est mon cas) vont se résigner à voir le rôle du médecin traitant devenir moins attractifs avec des charges plus importantes, et des responsabilités accrues.

Leur passion pour une profession qu’ils ont volontairement choisis par amour de leur prochain a de grande chance de s’étioler comme une plante n’ayant plus de ressources pour s’épanouir.

Une petite lueur peut éclairer notre quotidien

Cette réalité qui est souvent déprimante ne doit pas nous faire oublier de bons moments qui ponctuent ce quotidien parfois morose.

Ainsi, il y a 10 ans de cela j’ai pu faire la connaissance de Léo*, un jeune étudiant en médecine de 4ème année venu faire un stage dans mon cabinet (je suis maître de stage universitaire).

Ce dernier à son arrivée m’a expliqué avoir de grosses difficultés durant son cursus.

Avec une grande pertinence dans ses propos il a expliqué avoir une perte de confiance lors de sa pratique professionnelle.

Ce trait de caractère a pu être observé au sein du cabinet, et nous avons pu longuement discuter de son avenir, et ses craintes concernant la prise en charge des patients.

Après le stage j’ai continué, tout comme un bon père de famille et formateur, de le suivre et de l’aider dans ses choix.

Après avoir effectué en totalité sa maquette de stage de 3ème cycle durant une période de 4 ans (il a du refaire certains stages) sur Strasbourg, j’ai pu régulièrement converser avec lui et lui donner la force de poursuivre son cursus qu’il voulait à de maintes reprises arrêter.

Début décembre 2022, j’ai eu la joie de le soutenir en tant que directeur de thèse à la faculté de Strasbourg, et j’ai été très heureux de voir qu’il avait déjoué les pronostics de nombreux confrères.

Il nous a montré qu’il était possible d’acquérir maturité et compétence dans une spécialité complexe du fait de sa diversité.

Aussi face à différentes frustrations et désillusions sur le rôle du médecin généraliste au sein de notre système de santé, je ne peux qu’être très fier d’avoir pu contribuer à clôturer le cursus d’un étudiant qui restera toujours une référence en ce qui concerne ma pratique, et me conduit à poursuivre mes actions de formateur dans ce sens.

Léo n’est pas un cas unique en France, et certains confrères agissent de la même manière que moi pour donner confiance à certains étudiants en difficulté.

Je pense que notre façon d’oublier les affres de notre quotidien doit se reporter sur notre éventuelle contribution pour permettre de tels succès.

Les ronds de cuir qui dirigent nos destinées professionnelles ne nous ferons pas perdre de vue une de nos missions qui est très flatteuse à mon goût : l’humanisme qui nous habite, et qui nous fait déplacer des montagnes pour arriver à obtenir de ceux qui sont dans la difficulté, le meilleur d’eux-mêmes.

«  La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre » E. Zola.

 

(*) Prénom qui n’est pas celui de l’étudiant concerné

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. Tu es un très bon MSU et je te félicite pour ton implication…

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