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Quelle rentabilité pour l’exercice libéral?

De nombreux articles développés, avec pour certains une certaine discrétion, permettent de mettre en lumière la réalité concernant la rentabilité de l’exercice médical.

Ainsi sur Lyon un centre de santé a embauché des médecins libéraux en tant que salarié durant une période de 6 mois.

Au sein de ce centre les médecins consultent « en dilettante » et voient en moyenne entre 20 et 25 patients par jour.

Une des responsables de la structure explique que ce système n’aurait pas pu voir le jour sans les aides allouées par les collectivités.

En effet ce centre de santé n’est pas du tout rentable car « le secrétariat est payé, et c’est ce qui coûte le plus cher » dixit Mme Arzur-Monet.

Autrement dit les centres communaux ou gérés par des collectivités ne sont pas rentables car les maigres émoluments reçus suite aux consultations des généralistes ne permettent pas de renflouer les caisses.

Tout aussi perturbant est la prise de position de la Croix Rouge française qui veut céder à un groupe privé certaines de ces activités considérées comme non rentables  et qui grèvent très sérieusement les finances de cette association humaniste.

Bien entendu ce groupe (Ramsay) a pour volonté au-delà de toute charité d’équilibrer sur un plan budgétaire une structure fortement déficitaire.

Un autre exemple plus près de ma commune est celui d’une petite cité de 8600 habitants qui a créé un centre communal de santé, et a décidé de salarier 5 médecins.

Outre cette masse salariale rémunérée mensuellement 5000€, il faut également payer les secrétaires, les agents de service et le parc automobile utilisé pour faire les visites des patients les plus nécessiteux.

Bref un gouffre financier pour 35 heures d’activité des praticiens généralistes, cela d’autant plus que cette commune est assez pauvre.

Cette expérience semble très concluante suivant les mots du maire communiste, mais ce dernier oublie que le financement de cette structure est assurée en totalité jusqu’en 2022 par l’ARS, et non par ses ouailles.

Autrement dit le contribuable de la région met la main à la poche pour donner plus de confort à la population de cette charmante ville.

Une réalité difficile à assumer pour un médecin libéral

Ces trois exemples nous montrent que l’exercice en soins primaires pour les médecins libéraux est une épreuve d’équilibriste en 2022.

Pour pouvoir rentabiliser un cabinet médical il est important d’avoir une amplitude horaire plus importante que celle des centres municipaux ou autre, cela est d’autant plus nécessaire que le médecin qui salarie une secrétaire va avoir des charges très importantes à assumer (il ne peut d’ailleurs que difficilement le faire seul).

Les organismes sociaux proposent une aide financière pour obtenir un secrétariat, mais deux points doivent nous faire réfléchir : le fait que ces aides sont conditionnées à une augmentation significative de l’activité, et en second point le fait  que ces aides ne seront pas nécessairement prolongées dans la durée.

Ce qui est difficile à accepter sur le point de la pérennité de ces aides, c’est le fait que le médecin signe avec la secrétaire qu’il engage un CDI.

Il devra donc s’acquitter secondairement d’un salaire non négligeable.

De plus en aval de cette activité importante du médecin généraliste libéral, tout comme les enseignants qui doivent préparer leurs cours, il est impératif pour le médecin libéral de tenir une comptabilité impeccable ce qui demande du temps et empiète sur le repos bien mérité du médecin.

En parallèle on demande au généraliste tout comme au spécialiste de donner des preuves de formation (je pense que tout médecin se met en règle de différentes manières car les patients sont de plus en plus informés et donnent le change à leur praticien), et on leur recommande pour obtenir un complément de rémunération « satisfaisant » de compléter le site mon espace santé qui pour être alimenté nécessite une fois de plus du temps.

D’autre part les libéraux ne comprennent pas pour la plupart les raisons d’un lynchage médiatique qui pousse journalistes politiques et associations de patients à exiger une participation à la permanence des soins des libéraux (certains travaillent sur une semaine plus de 50 heures) mais aussi une installation en milieu dépourvu en médecins pour les plus jeunes confrères.

La coupe est pleine, et lorsque le gouvernement se mettra réellement derrière une table et discutera avec des acteurs de terrain il pourra avoir une idée claire sur le système de santé français.

Il faut avant tout :

  • Revaloriser de manière juste les médecins généralistes
  • Défiscaliser le salaire des secrétaires médicales
  • Donner plus de place au soin, et limiter les personnels administratifs des hôpitaux qui sont à l’origine d’un déficit de notre système de santé
  • Arrêter de donner une image négative des libéraux qui prennent en charge près des 2/3 des patients

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Pour information à l’hôpital près de chez moi, je pense qu’il y a plus de bureaux administratifs que de lits…
    Dans le service de gynécologie obstétrique il y a 16 médecins….

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