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Quelle est la valeur d’un médecin?

Le directeur de la CNAM depuis quelques jours discute de manière âpre avec les syndicats médicaux pour « changer » quelques lignes concernant la future convention.

Force est de constater la volonté farouche de M. Fantôme de revaloriser les médecins généralistes sur certains actes qu’il juge très importants pour nos concitoyens.

Pour ce faire, il a fait une proposition « très pertinente »: la rémunération substantielle  des visites des patients ayant plus de 80 ans.

Ce choix très avisé a été bien réfléchi je le pense car derrière cette revalorisation « colossale » se cache un intérêt pour faire quelques économies (réduction du nombre d’hospitalisations coordonnées par le 15), mais aussi pour permettre aux patients âgés de rester à domicile.

Bref, derrière une bonne volonté le directeur de la CNAM souhaite enfumer quelque peu les généralistes en appliquant le système des vases communicants (on donne d’un côté, et on récupère de l’autre).

A situation différente, prise en compte différente

Nous pouvons assez facilement comprendre que la situation économique de la France ne permet pas de donner une manne trop excessive aux soignants.

Cependant, ayant consulté un journal national, j’ai pu constater que les agents de la SNCF (ceux qui travaillent sur les TGV à bas coût) ont été revalorisés de manière assez intéressante, cela car ils menaçaient la direction d’une grève.

On comprend aisément l’embarras d’une direction prise en tenaille entre les économies à réaliser (le déficit de cette entreprise publique est abyssal), et la pression sociale qui peut déstabiliser l’exécutif (une grève ce n’est pas très bon en période pré-électorale).

En ce qui concerne la médecin, le problème est différent car même si la volonté de la plupart des praticiens est de manifester son mécontentement vis à vis d’un C ridiculement peu rémunérateur, et les actions syndicales dispersées et manquant parfois de cohérence.

De toute manière en divisant les professionnels de santé (on donne certains pouvoirs à certains professionnels au détriment d’autres), on peut éviter tout conflit au sein de cette famille.

Cela nous démontre une nouvelle fois que notre Président gouverne en prenant en compte les conséquences de certaines mesures (grèves notamment), et non en se donnant la peine de  reconnaitre une profession qui n’est pas nécessairement fervente admiratrice de La République en Marche.

Cela nous démontre une nouvelle fois que le secteur libéral est mal aimé par nos politiques; triste mais très réaliste.

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. Ce prix de consultation bloqué à ce tarif indécent me parait indécent depuis des années . Il est impératif et urgent que la sécurité sociale revalorise un acte ou l’intelligence de celui qui le pratique est sollicitée à son maximum . Sécurité sociale qui rembourse bien et à l’infini , les actes techniques effectués par des machines et dont l’interprétation est le plus souvent stéréotypée . Tel est le souhait que je forme ce jour.

  2. Votre analyse expose le dilemme de la médecine française : il y a un prix officiel
    de chaque acte, en totale déconnexion avec sa valeur réelle . Que vous renouveliez rapidement une ordonnance ou que vous soyez devant un patient qui va nécessiter de consacrer du temps «clinique », le tarif est identique.
    Les gouvernements successifs ont trouvé le remède pour calmer les syndicats : des rustines financières, sorties du paiement de l’acte pour rester dans l’orthodoxie comptable décidée par l’administration et ainsi permettre de faire des bilans statistiques quasiment préétablis, qui permettent aux gouvernants de s’autosatisfaire, bloquer ainsi artificiellement l’indice de l’inflation etc. Pourquoi ne pas rendre au temps médical sa valeur ? Avec la carte vitale il est très simple de mesurer la durée d’une consultation. Cette voie mérite d’être creusée…

    • Cette vision avait été déjà exposée par de nombreux confrères, mais la sécurité sociale ne souhaite pas la développer car elle refuse toute valorisation d’actes en médecine générale. De toute manière nous ne devons pas perdre de vue que les généralistes sont des libéraux qu’il faut abattre….

  3. Voici quelques décennies les médecins belges ont programmé des vacances simultanées hors Belgique pour soigner la surdité de leur gouvernement. Devant cette volonté affirmée, leur gouvernement a retrouvé l’ouïe et fait suite à leurs revendications légitimes. À bon entendeur…

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