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Le bal des pompiers…..

Incidemment, suite à un article dans un quotidien local, , nous avons pu prendre connaissance d’un conflit opposant les pompiers et le SAMU 66.

Certains pompiers syndiqués se plaignaient des lenteurs lors des interventions conjointes SAMU et pompiers.

Le plus difficile à accepter, c’est le fait qu’avant de mettre sur la place publique de tels différents, il aurait préférable de s’asseoir derrière une table et essayer d’aplanir le malaise.

Cependant, nous voyons au travers de cette revendication des manifestations très corporatistes, et qui ne font pas avancer la problématique de la prise en charge des patients, bien au contraire.

En effet à la lecture de cet article, nombreux sont les perpignanais qui vont avoir une opinion pas très positives du service d’urgence du département.

Une réalité bien différente que celle mise en pâture par les pompiers

Il est important avant toute chose de réfléchir un peu à la situation actuelle des services des urgences.

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que l’activité de ces services en France s’est démultipliée.

Le chef de service s’est par ailleurs permis de manière claire d’ informer en réponse le journaliste à l’origine de cet article quelque peu diffamant.

Du fait d’un regain d’activité, les urgentistes aux commandes doivent avec rapidité et efficacité faire face à un afflux de patients qui arrivent, cela en sachant qu’il sont porteurs de problématiques parfois complexes ou déroutantes.

En parallèle, compte tenu de la démographie peu réjouissante dans le domaine médical, le nombre des urgentistes est quelque peu réduit.

Cela est majoré par le fait que certains d’entre eux sont plus attirés, du fait de conditions de travail plus attractives (rémunération, qualité de vie), vers les structures privées.

On oublie trop souvent le travail de ces confrères qui est harassant, et qui est difficile à embrasser au delà de 50 ans, phénomène à l’origine d’arrêts de travail fréquents.

Si on rajoute l’arrivée de la vague COVID, la coupe est pleine….

De ce fait les médecins dirigés vers les pompiers sont peu nombreux (les régulateurs SAMU également), et on comprend aisément les retards dans certaines prises en charge (elles concernent les patients ayant des pathologies ne mettant pas en jeu le pronostic vital).

D’autre part l’activité des pompiers dans le domaine d’aide à la personne connaît également une évolution croissante.

Cette participation des soldats du feu (c’est leur rôle premier en théorie) s’explique de différentes manières:

  • Un investissement moins important des généralistes qui sont « cloués » au cabinet du fait de leur activité également importante. De plus l’intervention avec les pompiers est souvent chronophage, et la rémunération de ce service aléatoire car les patients n’ont pas pris leur papiers (carte vitale) lors de ces visites urgentes ou n’en n’ont pas.
  • Un vieillissement de la population qui contraint les pompiers à intervenir chez des personnes âgées peu autonomes, et pour lesquelles aucune solution adéquate n’est trouvée pour assurer leur sécurisation. Les entrées directes en unité gérontologique voulues par Mme Buzyn sont un vœu pieu mais non applicables; uniquement un coup de com politique
  • Un afflux de demandes d’intervention car les citoyens savent que faire intervenir les pompiers c’est gratuit, et après tout ils ont droit car ils donnent leur obole avec le calendrier de fin d’année

Des solutions rapides et salutaires doivent être trouvés dans la prise en charge des urgences

Prenant en compte l’intégralité des ces problèmes il me semble important d’agir vite car la situation sur le front de l’urgence va rapidement devenir explosive.

Pour ce faire plusieurs pistes doivent être prises en compte:

  • Les actes non urgents ou superflus pris en charge par les pompiers doivent être payants. Nous ne devons pas oublier que ces professionnels sont rémunérés par les contribuables, et les contribuables c’est nous!
  • Une convocation par les organismes sociaux des patients qui embolisent régulièrement et inutilement le 15. Le but est de les envoyer vers d’autres structures gérées avec des professionnels non médecins, structures qui doivent être créées en urgence.
  • Ne plus recevoir au sein des structures des urgences les patients alcoolisés n’ayant pas de réelles pathologies. Il faudrait une nouvelle fois au sein du département créer une unité hors des grands centres avec des paramédicaux supervisés par des médecins prenant en charge ces situations.
  • Augmenter le nombre de praticiens travaillant au sein des services des urgences. Cela impose la création de plus de places de médecins au cours des 3 premières années aussi sélectives qu’avec la PACES, mais aussi en assurant une rémunération plus attractive à ceux qui œuvrent dans ces services (les vacataires à ce titre ont été souvent fustigés par les pouvoirs publics et les médias qui se gargarisaient de « clouer au pilori les médecins » , mais il ne faut pas oublier que leur salaire de base est ridicule voire même insultant)
  • Réduire les charges administratives au sein des établissements hospitaliers qui deviennent un frein à la rapidité d’action des urgentistes (réunionite souvent inutile, traçabilité de certaines actions inutile…..)
  • Permettre aux urgentistes d’avoir de meilleures conditions de travail, et une plus grande participation aux actions hospitalières. Le pouvoir exécutif au sein des hôpitaux doit être donné aux médecins et pas aux administratifs! Les soins sont l’affaire des médecins et pas des ronds de cuir.
  • Une plus grande attractivité dans les rémunération des actes des libéraux. Se déplacer et intervenir pour 35€ est une honte. Le serrurier demande beaucoup plus, et « nos compatriotes » mettent la main au portefeuille sans sourciller

Bref, si nous voulons que les Français soient pris en charge de manière correcte il faut que les politiques aient le courage de réformer rapidement le système des urgences!

Laisser la patate chaude aux autres n’est pas très malin, et risque d’avoir un effet boomerang.

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Perpignan.
    Aujourd’hui dimanche en plein mois de juillet, sur 24h il manque 6 médecins aux urgences… No comment !

    • Et voilà une nouvelle fois comment les services d’urgence fonctionnent. Par contre je suis sûr que le nombre des administratifs est au top avec recrutement à la clé.

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