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La santé au sein du secteur libéral est volontairement le maillon faible de notre système de santé, chiffres à l’appui !

Une dérive comptable très technocratique

Le directeur de la CNAM, qui est par ailleurs soutenu par les pouvoirs publics, a fait des propositions concernant la revalorisation de la consultation.

Ainsi, à moins que les syndicats refusent tout compromis, la prochaine convention va permettre aux généralistes libéraux de voir une majoration de très grande qualité de leur consultation, majoration d’1€ 50.

Il est très amusant de voir que M. Fatome a fait un calcul « très savant » pour nous expliquer que cette « dépense » va être à l’origine d’une amélioration du pouvoir d’achat des généralistes de 7000€ par an.

Cependant, je ne comprends personnellement pas comment cet énarque puisse donner de telles valeurs ?

En effet, même si nous effectuons une modélisation sur l’ensemble des médecins généralistes, il est important de souligner que même si certains arriveront facilement à ce chiffres d’autre seront à la peine pour y parvenir.

De plus il est facile de faire des moyennes sans connaître de manière précise le travail des généralistes qui sont souvent le nez dans le guidon du fait d’un déficit chronique de collègues.

Enfin ces 7000€ représentent-ils une rémunération brute ou nette ?

Ce qui est certains, c’est que cette annonce médiatique émanant d’un « homme de confiance » car appartenant au cercle des hauts fonctionnaires discrédite une fois de plus les libéraux qui sont pointés du doigt comme étant des professionnels ayant une soif maladive d’argent.

Dans la même veine nous avons pu féliciter le directeur de la CNAM qui a, dans sa bonté légendaire, permis aux généralistes de recevoir 70€ pour la visite d’un patient de plus de 80 ans en ALD, mais uniquement 4 fois par an.

Il ne faut pas venir de Saint Cyr pour comprendre que cette mesure n’a pas pour vocation de mieux assainir le compte en banque des libéraux, mais bien plus d’éviter une surchauffe au sein des services des urgences.

Jamais un seul fonctionnaire du ministère de la santé n’est venu voir de quelle manière un généraliste pouvait tenir la comptabilité des actes effectués en visite de cette manière.

Pour ma part je le fais de manière très épisodique car je ne me contente pas de consulter ces personnes 4 fois par an, et je ne tiens pas un agenda me permettant de savoir si je peux comptabiliser les 70€.

Le seul point positif de cette mesure a été de voir que certains de mes patients fidèles avaient changé par magie de médecin traitant (problème au sein de la CPAM de comptabilisation, ou collègue indélicat ?).

Tout aussi révoltant a été la réflexion du président actuel qui exhortait, il y a quelques années de cela, les généralistes à travailler jusqu’à 22 heures.

Toujours dans l’idée de travailler plus, et  pour éviter de retrouver la porte close chez un généraliste le samedi matin, les organismes d’assurance maladie recommandent aux médecins pour obtenir une petite prime, de venir travailler 35 samedis par an.

Plusieurs questions se posent suite à cette question des 35 samedis :

  • Pourquoi 35 et pas 52 ?
  • Est-il logique d’avoir une telle idée, tout en sachant que certains libéraux (ce ne sont pas encore des espèces en voie de disparition) travaillent seuls dans un cabinet ?
  • Une telle mesure va-telle être étendue aux agents des CPAM qui pourront être à l’écoute des assurés qui travaillent en semaine, contribuables qui pourront de cette manière avoir une possibilité de contact avec un préposé qui ouvrira leurs droits (certains ont des difficultés à trouver un créneau horaire en semaine) ?

Quant à la permanence des soins, c’est un serpent de mer qui ne cesse d’être alimenté par les politiques et les médias.

Aux yeux du public, il est inconcevable de ne pas avoir la possibilité de consulter un généraliste le week-end.

Cette idée est de manière récurrente développée par nos politiques qui fustigent les libéraux.

Ces soignants ne soucient pas de leur rôle au sein de la société, et préfèrent passer les fins de semaine en famille. Quelle honte !

Ce comportement « irresponsable » est curieusement observé dans d’autres domaines (et ils sont nombreux) que la santé.

Cependant nous devons nous taire car la santé est un droit, et les libéraux doivent accepter sans broncher les contraintes liées à leur fonction.

Un mépris constant des libéraux

Ces différentes manière de réagir vis-à-vis des généralistes, qui pour la plupart sont sur le pont au-delà des 35 heures, n’est pas acceptable.

Les énarques oublient que dans le domaine de la santé la masse laborieuse est constituée en très majorité par les libéraux qui ne comptent pas leur heures et se mettent à la disposition des patients.

Aussi exiger plus à des professionnels qui se dévouent corps est âme à leur fonction est quelque peu inconvenant.

Pourquoi demander à un médecin qui effectue 4 ou 5 jours de présence au sein de son cabinet de travailler le samedi, cela alors qu’en capitalisant le nombre d’heures de travail hebdomadaire on arrive facilement dans la plupart des cas à 50 heures ?

Pourquoi demander à un médecin libéral de faire des gardes les fins de semaine alors que, lui, a grandement besoin d’une période de repos pour affronter une nouvelle semaine très chargée ?

Depuis quelques années mon stress s’est majoré la veille de mon retour de vacances (je suis toujours remplacé durant cette période).

Alors qu’autrefois il était facile d’absorber le flux de patients lors de mon arrivée, je suis obligé de cumuler les heures (cela devient une exercice de titan) pour arriver à faire correctement mon travail.

Cet état de fait est vécu par de nombreux confrères, je le pense, et nos politiques oublient que nous nous épuisons, cela sans une réelle reconnaissance (elle est parfois exprimée à certaines occasions, mais elle est peu sincère) de la part de nos énarques.

N’oublions pas que les libéraux sont avant tout des humanistes, et qu’ils continuent d’exercer leur art car de nombreux patients le méritent.

Sans cette reconnaissance, parfois émouvante,  la médecine libérale n’aurait plus d’attrait en 2023.

«  Le mépris est une pilule qu’on peut avaler mais qu’on ne peut mâcher » Molière

Dr Pierre Frances

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