2

La pratique de la médecine générale parfois complexe……

Depuis quelques mois des articles publiés dans les journaux professionnels font état des difficultés de certains confrères généralistes salariés exerçant dans des maisons médicales ou dans des centres de santé dont le financement est effectué en partie par les collectivités locales.

C’est ainsi qu’à Auvers sur Oise la mairesse de cette commune a décidé de ne plus accorder de crédit aux généralistes travaillant dans un centre médical qui bénéficiait de largesses financières de cette cité visiblement.

En fait les médecins officiant dans cette structure ont vu leur nombre réduit et ont décidé de recevoir les patients suivant des critères précis, critères qui ne sont pas visiblement ceux que l’édile d’Auvers avait à l’idée.

Il est probable que de nombreux électeurs potentiels ont du faire connaître leur mécontentement auprès de la mairesse qui n’a rien trouvé de mieux que de remettre en question la manière dont les confrères travaillaient.

Une autre situation fait couler beaucoup d’encre sur le site du Quotidien du Médecin: le licenciement d’une généraliste exerçant au sein d’un centre de santé de Dordogne.

Par manque de rentabilité, cette collègue a été débarquée manu militari car sa présence ne permettait pas d’obtenir un équilibre financier pour l’association qui gérait ce centre.

La médecine générale salariée, une équation financière difficile à résoudre

En fait nous savons pertinemment que nous sommes en période de grand disette en ce qui concerne les effectifs des médecins qu’ils soient généralistes ou spécialistes.

Pour tenter d’attirer les jeunes trop peu nombreux certaines collectivités et associations jouent la carte du salariat.

Cette démarche est souvent payante car les jeunes confrères souhaitent avoir en plus de leur activité professionnelle une vie privée de qualité.

Aussi travailler 35 ou 39 heures pour une rémunération nette avoisinant les 5000€ est très attractif.

Cependant, les différentes têtes pensantes qui œuvrent dans ce sens oublient le fait que salarier un généraliste est très coûteux.

En effet, outre les charges incombant à ce recrutement, le plus souvent les actes pratiqués par ces médecins n’arrivent que très partiellement à couvrir les frais engendrés par ces centres (secrétaire, petit matériel, électricité, chauffage, véhicule pour les visites….).

Aussi est-il nécessaire pour certains de faire appel aux ARS qui compensent le manque à gagner, mais aussi aux communautés de commune qui mettent souvent la main à la poche.

Cela veut dire que les collectivités (c’est à dire l’argent public) sont sollicitées pour éponger les dettes.

Cela veut dire que pour s’offrir un médecin généraliste salarié au sein d’une commune il est nécessaire de demander au contribuable de mettre la main au portefeuille.

Au delà de cette situation, on se pose la question des raisons d’un manque de rentabilité d’un cabinet médical basé sur le salariat.

La réponse est simple à donner: le coût d’une consultation est dérisoire et ne permet plus en 2022 de couvrir la totalité des frais engendrés par le recrutement d’un médecin généraliste.

Il est souvent aisé de dire que le déficit observé est en relation en grande partie par la durée des consultations excessive car les médecins salariés trainent les pieds, mais les énarques oublient qu’examiner un patient, solutionner les problématiques des patients est parfois très complexe et chronophage.

Or ces têtes bien pensantes oublient que pour solutionner les déficits de ces centres il est nécessaire de mieux rémunérer l’acte médical, et également de mieux répartir l’offre de soins (certains centres ont des effectifs pléthoriques cela sans réelle raison).

Autres pratiques, et autre manière régler les problèmes de déficit financier

A côté du monde du salariait la médecine générale est souvent libérale et les médecins généralistes arrivent pour la majeure partie d’entre eux à boucler leur fin de mois, cela avec en plus le recours à un secrétariat.

Comment cela est-il possible?

Bien entendu de mauvaises langues pourront mettre en avant le fait que ces libéraux font de l’abattage et consultent les patients en moins de 10 minutes ce qui permet de rentabiliser leur cabinet médical.

En fait le plus souvent la pérennité de l’activité libérale tient essentiellement au fait que ces praticiens ne comptent pas leurs heures (la moyenne est proche de 50 heures par semaine) et sacrifient souvent leur vie privée.

De cette manière il leur est possible de pouvoir vivre décemment de leur activité, car une nouvelle fois en travaillant 35 heures on ne peut pas vivre convenablement en payant le personnel avec un tarif de consultation aussi faible qu’il l’est actuellement.

A contrario nous voyons au sein des hôpitaux, qui sont l’objet de toutes les préoccupations de la part de l’exécutif sur un plan pécuniaire (l’argent coule à flot pour ces établissements), que certains confrères de médecine interne ont un rythme de consultation (1 à 2 par heure) économiquement peu viable.

Nous ne pouvons pas critiquer cette situation car ces collègues doivent effectuer un interrogatoire et une examen clinique poussé, mais on ne peut que s’insurger pour deux raisons:

  • Le fait que l’Etat éponge les dettes engendrées par ces services
  • Le fait que certains généralistes prennent le temps nécessaire, comme les internistes, pour examiner les patients et les interroger ce qui évite d’emboliser certains services comme les urgences

Dans ce contexte, n’est-il pas urgent pour rendre plus attractive la médecine de ville (salariée ou non) de revaloriser financièrement l’acte médical, plutôt que d’accepter de donner de l’argent à des associations qui divertissent les prisonniers en leur permettant de jouer à Koh-Lanta ?

« Existe-t-il pour l’Homme un bien plus précieux que la santé? » Socrate

 

 

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Comme vous le soulignez l’équation :
    Salaire pour 35h à 5000 E +frais cabinet et secrétariat = nombre de C x25 E
    EST IMPOSSIBLE !
    Combler le déficit par nos impôts = indécent (pour rester correct)
    A l’hôpital l’équation est un peu différente car c’est consultations longues sont souvent (aussi) pourvoyeuses d’actes rémunérateurs ( Scan IRM LABO )…

    • cela va dans le droit fil de mes propos en effet

Comments are closed.