2

Deux mondes que tout oppose…

Il y a quelques semaines de cela une patiente souhaitait partager son désarroi concernant sa prise en charge par un confrère travaillant dans une clinique.

Cette dernière présentait un problème digestif qui nécessitait une expertise d’un professionnel aguerri car la pathologie se révélait assez complexe.

Résigné par cette décision cette charmante personne est allé voir ce chirurgien avec la recommandation du gastroentérologue.

Sans détour ce dernier lui a expliqué qu’il était nécessaire d’intervenir, mais aussi a insisté sur le fait que l’acte qui allait être réalisé « imposait » un dépassement d’honoraire de 500€.

On pourrait dans un premier temps blâmer ce confrère qui profite de ses patients pour s’enrichir, mais malgré tout il faut reconnaître dans ce cas que le confrère a expliqué que ce dépassement était en rapport avec la technicité, très onéreuse par ailleurs, utilisée pour intervenir, technicité qui n’est pas subventionnée par la sécurité sociale.

Je me rappelle toujours la phrase de cette patiente qui m’a confié, après son discours, que ses petits enfants n’allaient pas recevoir de cadeaux cette année du fait de cette charge financière.

Au-delà de cet exemple, je souhaite faire prendre conscience à tous des difficultés vécues quotidiennement par les français des classes moyennes qui doivent jongler pour ne pas avoir des comptes dans le rouge à la fin du mois.

Ces derniers doivent payer des impôts (ils ne cessent d’augmenter avec une taxe foncière qui est majorée d’années en années), doivent faire face aux tarifs parfois prohibitifs des mutuelles qui obligent certains à résilier leur adhésion et de ce fait ne sont plus soignés de manière satisfaisante, ont de grandes difficultés à avoir accès à la culture (le prix des places de cinéma et des musées s’est majoré de manière importante), doivent se plier à des règles dans certains cas absurdes mais édictés par des administratifs en mal de reconnaissance.

Des cols blancs peu enclins à connaître le « petit peuple »

A coté de ce monde qui fait le maximum pour garder la tête haute malgré des prélèvements de plus en plus conséquents, nous avons des politiques de tout bord qui visiblement n’ont pas une réelle connaissance du terrain.

Ils (quel que soit leur bord politique) n’ont pas de scrupules à majorer leurs émoluments ;

Le pire dans ce cas, c’est que certains critiquent ouvertement le tour de vis que leur demande l’exécutif pour réduire la masse salariale induite par les chargés de mission ….

Ils refusent de voir que nous sommes en récession économique, et que recruter ou renouveler les contrats des agents culturels (c’est un exemple) est une hérésie.

Alors que des efforts financiers sont imposés aux contribuables de tout poil, on a de grosses difficultés à faire accepter de réduction du train de vie de l’Etat et des collectivités :

  • Les présidents de la plupart des conseils généraux et régionaux dépensent des sommes exorbitantes dans la communication, et ont augmenté les effectifs de manière non négligeable (+0,5% de plus en 2022). Les cérémonies des vœux très onéreuses permettent d’assoir la popularité de ces politiques, cela sans prendre conscience des frais engendrés
  • La volonté d’une réduction des administratifs reste encore lettre morte, cela alors que les différents premiers ministres avaient théoriquement « pris conscience » de cette réalité. Il existe une inflation des normes et des règles souvent trop pointilleuses qui sont délétères au développement économique du pays, cela grâce à l’imagination d’énarques qui ne connaissent pas le terrain, ou d’administratifs qui restent dans leur tour d’ivoire. Jean François Deniau expliquait en 1981 « que l’administration avait trop de défiance, ce qui se traduit par trop de papiers, et trop de contrôle. On veut trop de renseignements. Il faut faire confiance aux gens »

Actuellement le français de base est devenu méfiant, et parfois très irrité, vis-à-vis des politiques dont ils ne font plus confiance.

Cet état de fait s’explique par le fait qu’il est difficile d’accepter d’avoir à la tête de notre pays des personnes qui n’ont pas la volonté de partager les valeurs de notre démocratie, et qui chargent la mule en ce qui concerne les prélèvements.

Nombreux députés, sénateurs, conseillers généraux et régionaux, et même présidents, n’ont pas de scrupules à bafouer les règles élémentaires que chaque citoyen respecte sous peine d’être poursuivis : emplois fictifs, absence de respect des forces de l’ordre lors de perquisitions, occupation de logements à des tarifs très préférentiels, achat de substances psychoactives en toute impunité, insultes nourries lors de discussions au sein de l’Assemblée Nationale.

Par voie de conséquence il est aisé de comprendre les raisons qui conduisent un important nombre de français à se tourner vers des partis extrémistes (ils ne sont néanmoins pas exempts de critiques en ce qui concerne le respect des valeurs).

De ce fait il est dramatique de voir que le fossé entre la base, et les énarques qui nous dirigent, ne cesse de se creuser.

Ces deux mondes co-existent mais ne se connaissent pas, ou ne veulent pas se connaître.

Cette situation ne va-t-elle pas être responsable du déclin de notre société ?

Je pense qu’il est important que nos têtes pensantes se déplacent pour aller voir la France « profonde », cela avant de légiférer ou de pondre des discours fleuves tout à fait incompréhensibles, mais il faut le reconnaître permettent de les flatter.

Combien de fois nos ministres ont fait « l’effort » d’aller à la rencontre du petit peuple avec les journalistes (nécessité oblige pour montrer leur volonté de se frotter au petit peuple) pour aller voir une entreprise ou un centre médical (je prêche pour ma paroisse) pas nécessairement représentatif du monde réel mais qui permet de montrer les efforts fournis dans le cadre de la prise en charge des patients, cela grâce à leur concours.

Non, nous ne sommes pas dupes et il est important que nous puissions dire qu’il est fondamental de changer de braquet.

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Une fois de plus tu as entièrement raison.
    Tu devrais te présenter. Mais ne ferais tu pas pareil ?
    Je ne le pense pas !
    Bonne année

Comments are closed.