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POLEMIQUES CONCERNANT LA FIN DE VIE….

Après de nombreux atermoiements, et de remaniements ministériels, le nouveau premier ministre n’a toujours pas statué de manière catégorique sur le thème de l’euthanasie qui est très cher à certaines associations qui militent dans ce sens.

Il est vrai que la fin de vie est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre depuis des années.

Force est de constater qu’en parallèle à la volonté de certains d’abréger les souffrances secondaires à une pathologie dont l’issue se révèle fatale à une courte échéance, certains professionnels et patients veulent prolonger la vie.

Pour ces derniers des propositions peuvent être faites avec la réalisation de soins palliatifs que ce soit au domicile ou dans des unités spécialisées.

Cependant il est quelque peu perturbant que dans ce domaine il y a parfois des désillusions du fait de l’absence dans certains départements d’équipes dédiées à ces soins.

Cela s’explique par le fait que la pénurie de professionnels de santé ne permet pas d’assurer une prise en charge optimale, mais aussi du fait d’un déploiement quelque peu limité pour des raisons budgétaires de ces unités (d’ailleurs le nombre de places dans les services de soins palliatifs demeure très limité).

Il est actuellement difficile de faire accepter à des médecins libéraux avec des équipes paramédicales de s’occuper de ces patients en fin de vie à domicile, cela même s’il existe des regroupements par le truchement des CPTS.

Prendre en charge un patient en fin de vie, c’est accepter d’être présent 24h/24, cela même si nous avons la possibilité de se reposer sur des équipes paramédicales qui interviennent lors de la première demande.

De plus accepter des patients en soins palliatifs, cela se révèle très dur sur un plan psychologique, mais aussi sur un plan professionnel (choix plus ou moins raisonné de certaines thérapeutiques avec une efficacité pas nécessairement au rendez-vous).

Quel jeune praticien généraliste libéral accepte ce sacerdoce mal rétribué compte tenu du temps dispensé pour ce type de soutien ?

Une association « mortifère »

En parallèle, et à ma grande surprise, un article paru dans le Monde il y a quelques semaines m’a quelque peu surpris.

Des membres d’une structure (Ultime Liberté) s’arrogent le droit d’aider des personnes à abréger leur vie.

Ces derniers « dissidents » de l’association en charge pour le droit de mourir dans la dignité ont la volonté (il n’est pas certain qu’ils puissent continuer cette action) d’aller plus loin que leurs référents initiaux.

Aussi ils utilisent des substances illicites (il s’agit parfois de produits vétérinaires) en France (elles étaient commandées par mail, et provenaient de Belgique) pour permettre d’abréger la vie de patients considérant qu’il n’était plus utile de prolonger leur existence.

La plupart ne souffrent d’aucune pathologie organique, et leur état de santé reste satisfaisant mis à part un probable état dépressif.

Ce qui est remarquable dans le comportement des membres de cette association, c’est de voir que leur action selon le porte-parole était avant tout un combat superposable à celui de l’avortement.

Il est difficile de comprendre une telle motivation de personnes qui considèrent « être dans l’illégalité, mais aussi dans la légalité ».

En parallèle à ce discours, un exemple de « prise en charge » d’une patiente très âgée a été développé dans un second article.

Cette dernière n’ayant plus le goût de vivre a décidé d’appeler les membres de cette association pour préparer son « grand voyage ».

Certains membres d’Ultime Liberté ont accédé à sa dernière volonté exprimée simplement, et sans détour, et elle a pu les rencontrer dans sa chambre.

L’action de ces militants a été quelque peu surprenante à différents niveaux chez cette personne :

  • Le fait qu’ils aient eu la capacité d’intervenir sans informer la famille de leur action qui nécessite à mon avis (je ne pense pas être le seul) une discussion préalable avec les descendants
  • Le fait qu’ils ne soient pas des professionnels de santé, et qu’ils ont eu recours à des substances potentiellement létales, substances qui n’ont pas eu l’efficacité souhaitée dans le cas présent. De ce fait la requérante a souffert, cela sans avoir eu les bénéfices voulus suite à l’administration des drogues proposées (l’association donne les produits qui sont absorbés par la requérante)
  • Le fait que jamais ne s’est posé la question chez ces membres associatifs d’une aide psychologique à cette personne qui exprimait le souhait de terminer sa vie. Dans le cas exposé il s’agissait d’une cantatrice qui prenait conscience de son grand âge et refusait d’être une charge pour la société.

Il me paraît inconcevable que des militants mettent à la disposition de patients des drogues non acceptées sur le sol français pour abréger leur vie.

Et c’est là que nous devons ne pas nous précipiter pour avoir une position juste, et satisfaisante en ce qui concerne le débat concernant cette situation.

« La vie est un mystère qu’il faut vivre, et non un problème à résoudre ». Gandhi.

Dr Pierre Frances

4 Commentaires

  1. Si les gens avaient tant que ça envie de mourir, les maisons de retraite ne seraient pas si pleines, or elles le sont. Si les gens avaient tant que ça envie de mourir ils reflechiraient à comment se suicider. Or ils ne le font pas. Personne ne réfléchis à comment se suicider. Les moyens disponibles dans un par terre de fleurs sont nombreux pourtant. Je suis tres opposée à une nouvelle proposition de lois sur l euthanasie car l arsenal existe déjà pour se suicider et également pour soulager les malades et on soulage déjà assez rapidement à mon goût. (Hypnovel +…) Les derniers moments de notre génération va être de se demander si nos proches n ont pas comploté avec le corps médical pour abréger plus vite nos derniers jours. Etre un poids pour ses proches peut devenir dangereux pour la tranquillité d esprit de la personne âgée. On est une personne âgée longtemps, ce n est pas juste un petit mauvais moment. Et si vos enfants et petits enfants doivent assurer le paiement de la maison de retraite pour le malade, la pression devient sensible financièrement.
    Autre sujet associé : Il y a des réunions actuellement entre le corps médical et la famille, or si en plus le malade a signé ses directives anticipées en disant qu’il ne veut pas etre un légume (ce n est certes un projet de vie pour personne, a t on besoin de l inscrire noir sur blanc???), alors on supprime la discussion. Elle aura signé son arret de mort à l avance à une époque où elle avait toute sa tête. On ne lui avait juste pas présenté les choses de cette façon là). Elle ne pourra ainsi plus changer d avis une fois dans le coma. Est ce que ecrire nos directives anticipées ET faire un pas de plus vers l euthanasie va etre une liberté améliorée ou dégradée ?
    Anne Praga, auteur de « mort, par défaut »

  2. Sédation profonde dans les cas désespérés en accord avec l’intéressé et ses proches. Mais, il ne faut, en aucun cas légiférer sur l’euthanasie.

  3. Ne peut on pas accepter qu une personne âgée voir très âgée ou malade dont l issue prochaine est certaine puisse vouloir mourrir sans qu elle soit dépressive ? Ne peut on pas tout simplement respecter son choix ..sa vie lui appartient et N appartient pas a des médecins ou a sa famille

    • Oui mais parfois on est étonné de voir que certains veulent se raccrocher à la vie, et il me semble important d’en tenir compte

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