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Déconnectés du monde de la santé ?

La chaine télé Public Sénat a récemment développé, en présence des représentants de l’exécutif (ministre, et ministre délégué du ministère de la santé), la feuille de route qui sera suivie dans les mois ou années qui vont suivre ; cela afin d’améliorer notre système de soins.

Une ministre « préoccupée » par la pénurie des médicaments

Ainsi Mme Vautrin a voulu montré son investissement sur un des pôles qui est souvent source de crispation des professionnels de santé, mais aussi des citoyens : le médicament.

En effet depuis quelques années les médecins constatent régulièrement des pénuries qui concernent parfois des médicaments essentiels.

Notre nouvelle ministre, n’a pas parlé de la liste des 450 médicaments essentiels que son prédécesseur avait établis.

Elle a fait table rase de cette proposition, et a préféré centrer son action sur 5 piliers : « innover, produire, soigner, prescrire, délivrer ».

Ce projet se révèle très ambitieux, et a pour but de rassurer le monde médical de sa volonté de collaborer pour que les français reçoivent les traitements les plus appropriés à leur pathologie.

Ce qui est étonnant, c’est de voir que cette dernière souhaite, dans un premier temps, une relocalisation concernant la production de deux molécules régulièrement prescrites : paracétamol et amoxicilline.

Cette idée, surtout en ce qui concerne le paracétamol, n’est pas une nouveauté car le président en personne avait visité un site susceptible d’assurer cette production il y a plus d’une année.

Ce qui est quelque peu dérangeant dans cette histoire, c’est de voir qu’un des géants de l’industrie pharmaceutique française (il n’en reste plus beaucoup) souhaite ne plus commercialiser une grande marque de paracétamol du fait d’un manque de rentabilité.

Il est certain que nos énarques vont devoir se pencher sur une meilleure approche  concernant le prix de cette molécule qui est vendue actuellement quasiment à perte.

En relocalisant il va falloir mettre la main à la poche et doubler voire tripler le coût d’une boite de paracétamol.

La ministre acceptera-t-elle ce challenge ?

Plus amusant est le fait qu’elle propose aux médecins d’intervenir sur leur logiciel de prescription pour les tenir au courant en direct des pénuries, et ce qui encore plus hilarant demander avec le concours de l’ANSM des conseils de substitution.

Il est vrai qu’en effectuant mes études, tout comme mes confrères, je ne me suis jamais penché sur les thérapeutiques pouvant être substituées en cas d’absence d’une molécule.

Autrement dit Mme Vautrin me prend pour une cruche, car elle pense que je ne sais pas, comme la plupart de mes confrères, comment substituer un médicament par un autre en cas de pénurie.

Tout cela me fait penser que cette nouvelle ministre tente de noyer le poisson.

Elle a la solution pour réduire considérablement les pénuries en médicaments, mais refuse d’aborder ce chapitre : il faut avant tout mieux payer les industriels.

Une ministre délégué à la santé très critique à l’égard du monde libéral

Tout aussi surprenant est l’interview du ministre délégué à la santé M. Valletoux.

Nous pensions au départ que sa colère vis-à-vis des libéraux était oubliée (il était en charge de la FHF), et nous allions avoir un nouveau départ.

Force est de constater que cette personne n’apprécie guère le monde libéral qu’il juge, lors de sa réflexion sur les déserts médicaux, cette catégorie de professionnels peu propice à développer une action humaniste.

Cette volonté de se mettre au service des patients est une des qualités des hospitaliers, mais pas des libéraux.

Je suis furieux que ce politique pourtant responsable ne soit pas conscient des actions menées par les libéraux.

En ce qui me concerne je travaille plus de 80 heures par semaine, je m’occupe des patients précaires, et fait tout mon possible pour assurer la formation des étudiants.

Nombreux sont les confrères qui ont la même idéologie, et nous refusons d’être marginalisés par M. Valletoux.

Non, nous sommes pour la plupart d’entre nous au service des patients, et nous ne pouvons pas accepter d’être méprisés de la sorte.

J’invite M. Valletoux à venir à mon cabinet, et ensuite il m’expliquera ce qu’est le monde libéral pour lui.

 

Tout cela pour dire que nous ne sommes pas sortis de l’auberge avec des personnes qui sont plus dans la communication ou dans la volonté de diviser les professionnels de santé.

Ce n’est pas selon moi la manière de diriger un ministère aussi important soit-il que celui de la santé !

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. C’est bien, et il y a quelques années j’avais écrit au ministre de la santé et lui avait proposé de passer une journée avec moi sans journaliste.
    Jamais eu de réponse !
    Benoît

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