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Changement de paradigme pour le paracétamol

Une grande firme pharmaceutique française annonce vouloir se séparer de sa branche santé grand public, en donnant les prémices d’une nouvelle donne en ce qui concerne une célèbre marque de paracétamol (cf. site web du Quotidien du médecin).

Une nouvelle entité regroupant plusieurs spécialités grand public (le paracétamol étant la valeur sûre de ce nouveau groupe) va être créée.

En filigrane nous apprenons que la volonté ce géant industriel français est avant tout de majorer ses profits en développant : recherche, et mise sur le marche de thérapeutiques innovantes en cancérologie notamment mais pas uniquement.

Une situation étonnante peut en cacher d’autres

Derrière cette prise de décision qui semble très curieuse, il ne faut pas se voiler la face, le paracétamol est un médicament énormément prescrit.

Cependant sa marge bénéficiaire reste ridicule compte tenu des coûts engendrés par sa production.

On comprend donc aisément que le laboratoire souhaite rapidement trouver une issue pour éviter de vendre à peu de frais une molécule pourtant indispensable dans nos pharmacies.

Parallèlement notre président a émis la volonté de fabriquer du paracétamol en France, prise de décision qui a du précipiter également la décision du groupe pharmaceutique de se séparer de ce fleuron de la « haute gastronomie du domaine médical » prisé pour soulager la douleur.

Or si les prix ridicules de ces molécules ne sont pas revus à la hausse (nous ne devons pas oublier que la main d’œuvre en France est bien plus onéreuse qu’en Asie où ce médicament est fabriqué), il ne sera pas possible de commercialiser un paracétamol français sans aides de l’Etat.

Actuellement aucune décision n’a été actée en ce qui concerne une éventuelle majoration future des marges sur ce produit.

Au-delà de cette saga concernant le paracétamol, depuis de nombreux mois nous devons jongler avec les pénuries récurrentes de certains traitements.

C’est ainsi que très régulièrement les pharmaciens nous contactent pour nous aviser d’une rupture de stock de certains produits pourtant essentiels (cas de la flécaïnide ou de l’amoxicilline/acide clavulanique).

Ce qui est quelque peu déstabilisant, c’est de noter que l’ancien ministre de la santé (M. Braun) avait élaboré une liste de médicaments indispensables, thérapeutiques dont la disponibilité devait être permanente.

Ces dispositions sur le papier sont devenues des vœux pieux car les pénuries dans le domaine pharmaceutique sont de plus en plus nombreuses, et concernent également les médicaments dits indispensables (certaines de ces molécules proposées étaient d’ailleurs en doublon ou pas nécessairement indispensables dixit certains professionnels de la santé très en colères vis-à-vis de ce dispositif).

Derrière l’arbre se cache la forêt

En étant plus pragmatique sur la question des médicaments, il est important de souligner que les pénuries observées sont dues en très grande partie au fait que les autorités françaises en charge des médicaments ;

Ces dernières veulent avant tout faire d’énormes économies pour réduire la dette colossale que nous devons rembourser, mais aussi afin d’équilibrer mieux le budget de la Sécurité Sociale.

De ce fait le tarif des médicaments proposé aux grands groupes pharmaceutiques n’est pas à la hauteur de celui qui est fixé dans les autres pays européens.

Par voie de conséquences, nous recevons les surplus que les autres pays voisins n’ont pas utilisés.

Et voilà la raison de cette pénurie organisée qui oblige les professionnels de santé à s’organiser afin de traiter de manière optimale (c’est un mot qui parfois n’a pas la connotation voulue) les patients consultés.

Cela nous démontre que la santé n’est plus le maillon fort de notre société, ce qui est réellement perturbant pour les professionnels de santé et les patients.

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. La pénurie de médicaments essentiels va se poursuivre car le gouvernement appelle à acheter au prix inférieur à celui du marché. C’est une faute stratégique. La logique de Bercy prévaut. Le président à beau dire, ce ne sont que des incantations qui ne seront pas autoréalisatrices. Il se trompe. Cet aveuglement nous amène dans le mur. Ce qu’il faut faire, c’est acheter les médicaments au prix du marché, comme le font tous nos voisins européens. De plus, il faut un reste à charge pour les patients. C’est encore une faute du gouvernement de ne pas doubler la franchise sur les boites de médicaments. Mais ce gouvernement continue sa trajectoire socialiste qui contribue au paupérisme des classes moyennes. Et la volonté de réindustrialisation du secteur de la pharmacie restera un voeux pieux. L’échec est prévisivble. Dr Bellecour, co-animateur du Village santé du MoDem.

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