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Aberrations administratives !

Les journalistes ont relayé une histoire très perturbante, et même choquante par son développement.

En Italie un chef de service qui officie aux urgences va devoir payer une amende salée car il n’a pas respecté les « diktats » des administratifs qui recommandaient expressément de ne pas travailler au-delà de certains horaires.

Pour sa défense ce confrère a rétorqué qu’il avait sauvé de nombreuses vies durant la période où il a fait ces heures supplémentaires (c’était durant la pandémie de la COVID19), et qu’à ce titre il fallait donner les soins les plus appropriés aux patients admis dans son service.

En fait l’administration aurait tout à fait accepté que ce praticien délaisse son service et fasse encourir de graves dangers à ses patients.

Un pouvoir démesuré des administratifs dans nos hôpitaux

Cette situation peut nous faire sourire car à première vue on pense bien entendu à une « fake new ».

Malheureusement ce fait qui est réel nous montre l’absurdité de l’administration aveugle. Elle ne fait que penser à appliquer des directives venues du sérail (autrement dit des ministères), et qui auraient nécessité parfois un peu d’adaptation.

Cette situation est parfois observée en France où dans certains cas des praticiens ne peuvent pas exercer car ils ne sont pas correctement insérés dans l’organigramme du CH.

J’en ai fait les frais très récemment lors de mon arrivée dans le service des urgences pour y travailler.

Je suis vacataire, et en pratique je suis sous contrat qui est renouvelé tous les 6 mois.

Bien entendu je ne suis pas trop affairiste en ce qui concerne les contrats avec les CH, et à mon arrivée je n’ai pu me connecter à l’unité informatique qui est le sésame indispensable pour poursuivre ma mission de soins.

Aussi a-t-il été nécessaire de téléphoner au service informatique de garde (je travaille le plus souvent la nuit) pour pouvoir obtenir le code permettant d’avoir un accès aux données des patients.

En fait le gestionnaire des comptes des vacataires n’a pas envoyé de renouvellement de contrat, ce qui a conduit à invalider mon compte car mon mot de passe n’était plus reconnu.

Toute cette histoire semble une nouvelle fois risible, mais elle m’a fait perdre au moins 30 minutes.

Au-delà de cette histoire, nous nous rendons compte que le pouvoir tentaculaire des agents administratifs est en train de gripper le fonctionnement des hôpitaux publics.

Il y a 30 ans de cela lorsqu’un chef de service toussait le directeur hospitalier se mettait à genoux.

Actuellement le rôle s’est inversé, et le pouvoir politique s’en félicite grandement.

En effet l’exécutif ne perd pas de vue que les médecins sont avant tout des humanistes qui peuvent être dispendieux, et dans ce cas il est important d’avoir un système de surveillance rapproché.

Cependant même si nous considérons qu’il est impératif de contrôler les médecins, il est important de souligner plusieurs points qui doivent nous faire réfléchir :

  • Tout d’abord pourquoi la masse salariale des administratifs hospitaliers français est la plus importante d’Europe ?
  • Pourquoi les unités hospitalières n’ont pas la rentabilité des cliniques privées, et pourquoi leur capacité de travail est plus réduite que ces structures libérales ?

En fait ces questions les politiques et les journalistes les ont clairement développées, mais une sorte d’omerta évite toute discussion sur ce sujet.

Or il faut savoir qu’il est fondamental de changer cette manière d’agir, car sans une réforme en profondeur de nos institutions hospitalières nous allons droit dans le mur.

C’est peut-être ce que recherchent nos dirigeants…

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. Bonjour Docteur,
    Je suis tout à fait d’accord avec vos propos. Malheureusement la lourdeur administrative a atteins tous les secteurs de l’économie.

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