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Une reconnaissance assumée ou feinte, mais quelque peu tardive de la médecine libérale par le directeur de la CNAM

Un acteur du monde de la santé très « conciliant »

Comme un bon nombre de mes confrères, nous avons reçu une lettre du directeur de la CNAM qui a pour but de donner les lignes de la nouvelle convention avec les médecins libéraux.

Tout à fait conscient du ras le bol de cette catégorie de professionnel qui est le pilier de notre système de soins, il tente de faire le dos rond pour être agréable.

Ainsi, pour la première fois il explique que les libéraux jouent un rôle clé dans la prise en charge des patients.

Il est très encourageant dès lors qu’il exprime clairement sa volonté de réduire la charge démesurée des documents administratifs qui font perdre beaucoup de temps aux professionnels de santé.

Pour la première fois il ne ferme pas la porte à des négociations sur une majoration tarifaire des actes réalisés au sein des cabinets médicaux.

Autrement dit il devient « l’allié » des libéraux qui deviennent à ses yeux des professionnels de grande qualité.

De nombreux nuages noirs dans un ciel serein

Cependant, même si M. Fantôme (ce nom lui va très bien) loue nos qualités derrière ces belles paroles, ses propos masquent une réalité très sombre.

En effet notre directeur, que nous pouvons très bien comprendre, souhaite avant tout que les patients reçoivent des soins de qualité.

De cette manière il pourra s’il y arrive être vénéré par la population et l’exécutif (cela est utile pour préparer sa future reconversion).

Pour ce faire il veut au travers de certains « stratagèmes » (CPTS ou assistants médicaux) améliorer la rémunération des praticiens en augmentant la file active de patients au sein de leurs établissements.

Une telle démarche est difficilement réalisable pour de nombreux médecins qui sont déjà au bord du burn out du fait d’un surplus de patients qui fait suite au départ à la retraite de nombreux confrères.

Le numérus clausus a également été en grande partie responsable de ce déficit en offre de soins, ce qui n’est jamais souligné par les énarques qui dirigent nos systèmes de santé.

En effet il me semble qu’avant de faire reporter sur les autres le poids de ses erreurs, il faut être capable de les endosser !

Nous ne devons pas perdre de vue que les mesures voulues par M. Fantôme risquent d’être peu appliquées pour un grand nombre.

Dans un premier temps il s’engage à réduire le poids des demandes administratives.

Or, on se rend compte que cette mesure avait déjà été proposée par son prédécesseur, mais n’avait pas été réellement observée dans les actes.

A titre d’exemple, ce qui m’ulcère (je pense que mes confrères sont dans la même situation que moi) c’est d’observer que les performances du site informatique Amelie-pro  laissent fréquemment à désirer.

Ainsi nous perdons du temps pour renseigner les patients et nous même sur certaines situations.

Dernièrement la CNAM a décidé de dépoussiérer la rubrique des ALD (je n’ai pas compris pourquoi ??) en changeant une ou deux formules.

Durant ce changement il m’était impossible durant 15 jours de recevoir les notifications des patients pour lesquels j’avais fait la demande d’ALD.

A la place j’avais un bandeau au bas de la page avec inscrit en rouge erreur 04.

Une phrase accompagnait ces deux chiffres, et elle stipulait qu’il était impossible de se connecter.

Tout aussi curieux la rubrique vaccination sur la page Amelie-pro a mystérieusement disparue.

Aussi il a fallu demander à des collègues des astuces pour enregistrer les patients vaccinés pour la COVID-19.

Le plus  est de recevoir une réponse par mail d’agents de la CPAM expliquant que les problèmes observés sont dus à mes performances en ce qui concerne le recours à l’outil informatique.

Aussi avec le Ségur de la Santé qui se déploie progressivement (nombreux sont les sociétés de logiciel qui ne sont pas encore agrées ce qui est quelque peu surprenant) nous allons avoir de grandes chances de nous faire des cheveux blancs pour comprendre les volontés pas nécessairement crédibles des énarques en charge de la santé dans notre pays.

Aussi il semble fondamental avant tout pour les libéraux d’élever le ton car nous ne sommes pas des moutons, mais des professionnels de santé !

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Appeler le patron de ce qui n’est qu’une companie d’assurance « notre directeur » est assez symptomatique (fatomatique) de l’etat d’avilissement de nos medecins. Triste d’en arriver la.

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