La COVID-19 a modifié l’exercice professionnel chez certains soignants.
Ainsi une nouvelle forme de pratique médicale s’est développée, cela alors qu’elle était auparavant très confidentielle : la téléconsultation.
Cette nouvelle approche a permis aux heures difficiles du confinement, où les risques vitaux étaient engagés pour les professionnels de santé, de se prémunir d’une éventuelle contamination.
Conscients de l’intérêt de cette nouvelle manière de travailler certains médecins ont poursuivi cette façon de prendre en charge les patients après la grande vague observée suite à la pandémie.
Une pratique quelque peu critiquable sur plusieurs angles
Il y a quelques jours de cela un reportage sur une chaine privée d’information a montré quelques travers de cette nouvelle forme de consultation.
Ainsi la journaliste s’est placée dans une de ces cabines en faisant croire qu’elle avait une rhinopharyngite.
La consultation express (moins de 5 minutes, ce qui a été largement souligné) a permis à cette personne d’obtenir une ordonnance avec un traitement symptomatique (nous ne pouvons pas critiquer la prescription qui était logique).
Par la suite le reportage a insisté sur le fait que ces télécabines sont implantées dans des pharmacies le plus souvent (de cette manière on passe rapidement à la caisse après la prescription).
On passe de la production d’ordonnance vers le comptoir du préparateur en un clin d’œil.
Ce qui était très choquant, et souligné comme tel dans cette enquête, c’est le fait que des collectivités territoriales utilisent également cette méthode pour leurs administrés.
Ce qui était remarquable, c’est de voir l’opposition d’une majeure partie de la population qui accepte difficilement d’être consultée dans une mairie.
En parallèle un pharmacien, que j’ai contacté pour m’assurer d’une éventuelle pénurie d’un antibiotique, m’a expliqué qu’il subissait une pression de la part d’une société de téléconsultation.
Cette entreprise voulait qu’il implante au sein de son officine le matériel pour effectuer ce type de consultation.
A la question de savoir si les médecins aux alentours étaient informés de cette disposition, le représentant a balayé d’un revers de main toute question inutile.
Après tout pourquoi demander à d’autres professionnels de santé leur assentiment car cette opération est très rentable pour le pharmacien.
On ne vit pas pour les autres, n’est-il pas juste de considérer son intérêt comme étant une priorité ?
Je reste stupéfait par ce type de réaction de la part de sociétés peu scrupuleuses, et qui officient dans un domaine qui devrait être très protégé, et qui devrait rester protecteur pour les patients.
Ce qui est difficile à accepter c’est de voir que les pouvoirs publics conscients de telles dérives ferment les yeux.
Il y a quelques jours de cela un patient me raconte son expérience très positive selon lui d’une consultation téléphonique effectuée le samedi après-midi car il avait une otalgie.
Il a obtenu sur son mail une ordonnance avec un antibiotique, et un anti-inflammatoire.
Notre confrère, sans avoir consulté le patient, s’est permis de lui prescrire un traitement qui n’était pas nécessairement utile.
Comme quoi les messages publicitaires diffusés sur différents canaux médiatiques, expliquant que les antibiotiques ne sont pas automatiques, ne servent à rien.
La santé ne doit-elle pas être une priorité ?
Au final, il est important de ne pas oublier que la médecine n’est pas un commerce car la santé de notre patient doit rester notre priorité.
Aussi est-il important de ne pas perdre de vue que l’uberisation de la médecine a de grandes chances de faire perdre des chances de prise en charge correcte pour certains concitoyens.
Ce qui est certain que ce type de dérive est également favorisé par les actions répétées de nos politiques qui ne placent pas la médecine libérale parmi leurs priorités.
Si nous voulons avoir une médecine de qualité, il faut mettre le prix !
Mon cher Confrère, vous avez entièrement raison. Je partage tout ce que vous dites. Soyez-en assuré que je ferai remonter ces faits à François Bayrou devant le Congrès du MoDem à Blois en mars. Dr Dominique Bellecour, coanimateur du Village santé du MoDem et secrétaire départemental du SML75.
Tu as entièrement raison. On a fait une dizaine d’années d’études où on nous a appris à interroger, à ausculter, à palper, à percuter, à re interroger…. Et là en 5 mn on fait un diagnostic (???) et prescription remboursée…
C’est sûr que 5 mn pour une consultation c’est rentable.
Que penses-tu des centres de santé 7/7 j en continu que j’appelle centre de santé poissonnerie car on prend un ticket !
Bonne journée
Benoît
je suis du même avis