Un domaine très politique: la gestion des hôpitaux publics

Depuis quelques semaines nous ne cessons d’être matraqués par des reportages diffusés par la presse et concernant les problématiques des hôpitaux.

C’est ainsi que nous avons pu apprendre que 20% des services devaient fermer par manque de personnel.

Notre ministre de tutelle s’est rapidement manifesté en contestant ces chiffres et en mettant en avant un pourcentage bien moins élevé de fermeture de services hospitaliers (entre 5 et 10%), chiffres donnés par une société en charge de cette évaluation certainement grassement payée par nos deniers.

Les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie, et de ce fait sont l’occasion d’un combat frontal entre politiques.

Le ministre de la santé a tout à fait conscience de la gravité de la situation car il s’est exprimé très clairement sur ce sujet en expliquant que les fermetures de lits au sein des hôpitaux demeurent préoccupantes.

Cependant il a expliqué « qu’il n’y avait pas d’alerte globale ».

Ce double discours, digne d’un politique et pas d’un médecin, nous montre que notre système de santé vit des heures très difficiles, et que l’exécutif après avoir caché sous les tapis la réalité d’une gestion hasardeuse concernant ce domaine doit accepter cette triste nouvelle.

D’ailleurs une candidate à l’élection présidentielle (les politiques ne vivent que pour cela depuis quelques mois), Marine Le Pen  a versé « quelques larmes » sur notre système de santé exsangue.

Cette dernière a fait certaines propositions qui globalement sont avant tout électoralistes, et peu réalistes.

Néanmoins certains propos m’ont quelque peu fait réfléchir.

Ainsi elle a parlé du problème des administratifs au sein des hôpitaux, problème déjà soulevé par différents candidats, et même notre Président bien avant son élection.

Il est impératif de réduire cette masse salariale qui freine le fonctionnement des hôpitaux.

Malgré cette constatation et ces coûts faramineux qui entravent toute marge de manœuvre, rien n’a changé dans ce domaine.

Pire le nombre d’administratifs biberonnés aux 35 heures ne fait qu’augmenter dans les centres hospitaliers et au sein des ministères.

Malgré cette gabegie de « têtes bien pensantes »,  le recours à des sociétés externalisées en charge d’audits augmente également de manière démesuré.

Mme Le Pen souhaite augmenter le nombre de lits au sein des hôpitaux, mais elle ne nous donne pas la solution pour le recrutement des médecins, manne qui devient rare et parfois impossible à trouver dans notre superbe pays.

Je ne pense pas qu’elle accepte un recrutement de professionnels de santé en provenance de pays de l’est ou du Maghreb. A ce titre ce serait tout à fait judicieux de siphonner la main d’œuvre libanaise qui n’arrive pas à vivre décemment du fait d’une crise économique énorme (je pense que certains politiques y pensent inconsciemment ou de manière insidieuse).

A côté de cette « délicate équation » se pose la question de la rémunération à sa juste valeur du soignant des hôpitaux, problème qui est à l’origine de départs de professionnels de santé vers le privé.

M. Véran donne quelques idées d’une revalorisation, mais cela reste malgré tout très flou, et n’est pas nécessairement à la hauteur des espérances des soignants.

Tout aussi intéressant, c’est de voir que les politiques (M. Véran est également un de ces politiques) après avoir jeté dans la fosse publique les « mercenaires » qui travaillaient au sein des services des urgences ont du accepter cette collaboration avec des émoluments en rapport avec les souhaits de ces vacataires.

C’est ainsi qu’avant d’appliquer le texte de loi concernant le plafonnement des rétributions de ces « tristes sires », on attend sagement quelques mois, le temps de déminer cette problématique qui permet aux hôpitaux de fonctionner.

A ce sujet, je souhaite surfer sur cette vague qui est source de contrariété de ma part.

Sur le CH de Perpignan où j’officie de manière très ponctuelle (uniquement dans le but d’aider les confrères très affectés par la surcharge de travail excessive), j’ai vu ma rétribution se réduire de 30% depuis quelques mois (200€ pour 5 heures de travail en étant perpétuellement dérangé), cela alors que le directeur pour flatter son ego (il veut que Perpignan devienne un CHU) a recruté des étudiants de 4ème année pour certains services (les urgences ne sont bien entendu pas dans ce pool car c’est l’unité de la honte) et assure le logement gratuitement dans un hôtel de proximité.

Tout cela pour dire que nous marchons sur la tête, et qu’il est fondamental que la gouvernance des hôpitaux change, et que nous ayons une politique de santé digne de ce nom!

Dr Pierre Frances