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Un changement de pratique des médecins généralistes en rapport avec la situation sanitaire du pays

Un confrère psychiatre a narré dans différents quotidiens sa mésaventure concernant une prise en charge de très mauvaise qualité concernant son AVC.

Ce jeune collègue a expliqué qu’il avait des problèmes d’élocution qui l’inquiétait grandement.

Ayant contacté le 15 à plusieurs reprises il s’est fait éconduire selon ses dires, cela alors que les permanenciers de ces unités savaient qu’il était médecin.

Heureusement ce dernier a pu rejoindre la structure hospitalière par ses propres moyens ; structure où il exerce par ailleurs, et grâce à l’aide d’une aide soignante il a été envoyé dans le service de neurologie.

Au-delà de cette histoire pathétique qui aura des conséquences sur la gestion des urgences sur Nice.

De nombreux citoyens ont également expliqué sur les pages dédiées aux commentaires leurs mésaventures qui étaient similaires, et qui auraient ou qui ont eu des conséquences dramatiques.

Dans ces cas de figure est-il important de réprimander l’urgentiste (si ce dernier a assuré la régulation de l’appel) de garde suite à cette erreur ?

En regardant la réalité en face je ne pense réellement pas pour plusieurs raisons :

  • Le planning de ces collègues qui est de plus en plus chargé, et le manque criant de collègues est devenu un réel problème
  • Une trop grande facilité de la part des citoyens d’appeler le 15 pour des raisons parfois futiles ce qui donne peu de marge pour les patients ayant de réelles problématiques de santé
  • Le plus important est également de comprendre les difficultés tant sur la plan matériel que mental des urgentistes qui ont de grosses difficultés à gérer des situations complexes du fait d’un manque criant de moyens matériels en aval (manque de médecins de garde car après une journée de 10 heures il est normal qu’ils se reposent, de transporteurs….)

Des difficultés également observés chez les généralistes libéraux

En ville les médecins généralistes libéraux sont également confrontés à des dilemmes, et des conditions de prise en charge des patients souvent difficiles.

Ainsi pour pouvoir avoir une idée sur une douleur abdominale qui pourrait être en relation avec une cholécystite, le gold standard des examens reste l’échographie abdominale.

On apprend cela aux étudiants durant leurs études, et ils restent souvent très attachés à cette idée.

Or pour avoir un rendez-vous il faut s’accrocher ou envoyer le patient vers les urgences des cliniques.

En effet cet examen est peu invasif et très utile dans ce cas, mais il nécessite une participation effective du radiologue, ce qui allonge très grandement les délais de rendez-vous (1 à 2 mois).

De ce fait on demande pour le patient ayant une éventuelle cholécystite un scanner abdominal qui va donner la même réponse, mais au prix d’une irradiation qui n’est pas acceptée par de nombreux confrères.

Et que dire de la prise en charge du patient ayant eu une éventuelle comitialité ou ayant un syndrome parkinsonien qui ne peut avoir de rendez-vous avant 6 mois chez un neurologue ?

En 2022 le médecin généraliste devient un praticien multitâche qui doit être capable de gérer les patients ayant des problématiques complexes normalement gérées par des spécialistes.

De ce fait sa formation concernant les différentes spécialités doit être de qualité au sein des universités, mais aussi sur le terrain (rôle de la formation continue).

Le généraliste d’aujourd’hui est devenu un professionnel aguerri à des situations parfois critiques.

Aussi il est inconvenant de les critiquer, et il est indispensable d’écouter ces professionnels et ne pas les dénigrer, car ils sont devenus la pierre angulaire d’un système de santé moribond.

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Étant MSU et animant les gep, je fais intervenir un collègue médecin généraliste qui s’est formé à l’échographie pour expliquer aux internes l’intérêt de se former à l’échographie, comme nous il y a 40 ans à l’ECG…

  2. L’exercice de la médecine générale n’est pas simple! Néanmoins (si l’on retient le récit publié de cette aventure) ce n’est pas un intervenant (fatigué, stressé, distrait …) qui est en cause MAIS plusieurs successivement !. Difficilement acceptable.

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