Le défi de la dépendance

La réalité concernant le vieillissement de la population mobilise depuis quelques années de nombreux énarques, cela afin de trouver des solutions pour résoudre une équation complexe : celle de la dépendance.

Actuellement notre société est devenue plus individualiste, et les parents sont fréquemment isolés, et refusent de vivre avec les enfants (il existe une réciprocité dans ce comportement d’ailleurs).

Ce cas de figure est responsable dans certains cas de prises de tête de la part des professionnels de santé (médecins, mais aussi infirmiers) pour assurer la gestion du quotidien chez certains de ces ainés qui n’ont plus la capacité de se gérer.

Outre le concours souvent inconditionnel des infirmières et des aides ménagères pour répondre aux sollicitations de ces personnes, les réponses pouvant être apportées dans certains cas (et ils sont nombreux) sont difficiles à obtenir sans un financement adéquat.

L’argent reste la clé magique pour résoudre de nombreuses problématiques, mais souvent les finances de ces patients dépendants ne sont, dans la plupart des cas, pas ou partiellement satisfaisantes.

Aussi faut-il utiliser le système D, et parfois nous sommes heureux de savoir qu’un voisin proche (cela n’est néanmoins pas très fréquent) peut apporter une aide providence, et de ce fait évite parfois des problèmes assez épineux.

Cependant, malgré la bonne volonté des acteurs de terrain (je ne parle pas des différentes structures de saupoudrages crées par nos politiques), nous devons voir la réalité en face, et notre patient est parfois trop dépendant.

Ce qui est souvent frustrant c’est de voir dans de nombreux cas les réactions tout à fait inadaptées de familles qui se désinvestissent de leurs parents.

Ils n’ont aucun scrupule pour culpabiliser le professionnel de santé qui, à leurs yeux, n’a pas rédigé de manière correcte le certificat MDPH ou APA.

Ils oublient que derrière ces demandes il y avant tout un proche qu’ils négligent complètement, ou dans de nombreux cas veulent se débarrasser en se donnant bonne conscience.

Aussi des solutions doivent être apportées par des soignants, souvent dans la précipitation.

Dans ces cas le médecin, mais aussi les autres professionnels de santé optent pour une hospitalisation en urgence (ce qui favorise une surchauffe de ces unités déjà trop sollicitées), cela afin d’évaluer les chances de rendre la personne autonome.

Nous devons accepter le fait que les échecs sont fréquents, et que le retour dans l’appartement ou la maison demeure très compromis pour certains patients.

Aussi les collègues hospitaliers (les urgentistes sont les plus sollicités dans ce cas), n’ont pas d’autre solution que d’envoyer ces personnes vers des unités de convalescence (unités de moyen séjour), et ensuite la famille (elle fait souvent la sourde oreille) ou l’assistante sociale ont le devoir de se creuser la tête pour penser à la suite des événements.

La solution des EHPAD pour les patients dépendants, une solution attractive, mais pas réalisable pour tous

Pour le patient ayant un revenu confortable, ou celui qui n’a aucun moyen la solution de l’EHPAD est une alternative possible, mais dépend bien entendu des places disponibles.

Pour ce faire les professionnels ont un outil (via trajectoire) qui met en relation le patient avec les maisons de retraite du département.

Cette interface par le système informatique permet dans un laps assez court d’obtenir une réponse.

Malheureusement pour les personnes appartenant à la classe moyenne, cette solution est souvent compromise par manque de moyens financiers.

Le coût mensuel d’un EHPAD est compris en moyenne entre 2 et 3000 €, ce que certaines classes moyennes ne peuvent pas débourser.

Cette situation est d’autant plus critique qu’une nouvelle loi a été promulguée fin 2024 en ce qui concerne les EHPAD.

Un hebdomadaire (Marianne pour ne pas le citer) a souligné que les EHPAD allaient majorer leurs facturations pour les personnes dites solvables (celles qui n’ont pas de ressources bénéficieront toujours de la manne étatique).

Cette majoration pourrait être majorée de 35% par rapport à ceux qui bénéficient de l’aide sociale.

Certains conseillers généraux restent quelque peu étonnés d’une telle mesure qui est malgré tout discriminatoire, mais reconnaissent :

  • La fait qu’ils ne peuvent plus, du fait de restrictions budgétaires, financer de manière plus importante ces structures
  • Le fait que de telles majorations sont facilement compréhensibles du fait de difficultés financières engendrées par le coût de l’énergie, du personnel…. Nous ne devons pas oublier qu’en 2023 près de 66% des EHPAD étaient déficitaires

 

Tout cela pour dire que la dépendance va devenir une épine dans la chaussure de l’exécutif, exécutif qui a su durant des années esquiver cette question.

Le tracas des cols blancs parisiens concerne essentiellement le financement de la dépendance qui doit être obtenue après une ponction de certains contribuables qui sont déjà très sollicités en matière fiscale.

Quels seront les citoyens qui seront ponctionnés pour aider ces patients âgés, et sous quel mode ?

Malheureusement, et même si ce sujet reste complexe, nos politiques vont devoir s’y pencher car il serait indécent de négliger nos ainés.

Dr Pierre Frances