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Des propos peu valorisants pour la médecine libérale

Le refus de MF France d’accepter de signer la future convention avec la CNAM a été à l’origine de discours quelque peu critiques de M. Fatôme et M. Braun.

En fait le syndicat MG France était attendu au tournant, et il était le seul à éventuellement accepter des concessions concernant les propositions de la CNAM sur le futur conventionnement des libéraux.

Or, même si de nombreuses voix avaient exprimé leur scepticisme vis-à-vis des propositions formulées par le directeur de la CNAM, nous avons été surpris de son rejet quasi unanime  par la base du syndicat MG France visiblement très remontée.

Cette réaction en dit très long sur le désarroi des libéraux, mais aussi met en lumière le fait que ces professionnels n’acceptent plus d’avoir des diktats de personnes qui ne connaissent pas les réalités de terrain.

Ce qui est très frustrant, c’est de voir les réactions de M. Braun qui n’hésite pas à monter au créneau pour vilipender quelque peu l’action syndicale qu’il juge tout à fait inappropriée et irresponsable.

Le plus difficile à accepter dans sa prise de parole (il ne s’est pas gêné pour aller discourir sur certaines chaines de télévisions ou de radio), c’est le fait d’épingler le manque de responsabilité des libéraux qui à ses yeux se moquent éperdument des patients, et n’ont aucun scrupule à accepter qu’une frange de la population ne soit pas prise en compte dans les soins.

La médecine libérale source d’un grand mépris de la part des énarques, mais pas seulement

Cette culpabilité, exprimée après mûre réflexion (il est certain que ses collaborateurs ont œuvré pour que M. Braun puisse discourir de la sorte), est une manière de jeter le discrédit de professionnels de santé auprès de la population.

A ce titre nous ne pouvons qu’être très surpris par la manière dont les journalistes ont sciemment donné peu de crédits aux revendications des libéraux.

Ils ont très brièvement mis en avant un seul argument (la revalorisation de la profession) lors de leurs interventions, et donnent la part belle aux  frasques et devenir de célébrités toxicomanes.

Il est vrai que la santé de nos concitoyens est un sujet qui doit moins nous préoccuper que les nouvelles des stars du paysage audiovisuel français qui bafouent quelque peu les bonnes mœurs.

Cette façon d’informer les français est sidérante car elle nous montre que la qualité de l’information n’est visiblement pas la préoccupation majeure de la grande majorité des rédactions.

Le but recherché par la plupart des journaux télévisé ou même en qui concerne la presse papier, c’est avant tout de créer la polémique là où elle n’a pas nécessairement lieu d’être.

Cela est d’autant plus étonnant que le contenu des chaines d’information est similaire quel que soit le canal choisi (elles diffusent pour la plupart, à plus de 75%, le même programme).

Tout cela pour dire que les messages que souhaitaient relayer les libéraux directement ou par le biais des syndicats n’ont pas eu d’écho au sein des rédactions.

Pire, une déformation des revendications des professionnels de santé, de très mauvais alois d’ailleurs, a mis uniquement sur le tapis la question de la rétribution insuffisante des médecins.

Or la réalité est tout à fait différente, et mérite que nous puissions nous y pencher avec une expertise de qualité.

Tout d’abord, il est tout à fait inconvenant de la part d’un ministre, et du responsable de CNAM de marteler à tout va que la non acceptation de la convention est une erreur de la part des libéraux.

Ces propos démagogiques alimentent de manière épidermique les revendications parfois acerbes de certains concitoyens en mal de soins aveuglés par ces discours orientés.

Entre les lignes des différentes interventions des énarques on apprend que les libéraux ne sont pas du tout humanistes, et ne regardent pas plus loin que leur propre intérêt.

En jetant le discrédit sur ces professionnels ils risquent de perdre leur crédibilité, ce qui n’augure rien de bon pour la santé des français.

Une réalité concernant la médecine libérale qui n’est jamais prise en compte

Comment est-il possible d’accepter que les médecins travaillent plus que 50 heures/semaine alors que le salarié X ne va pas au-delà de 35 heures ?

Comment est-il possible de contraindre des professionnels, qui pour la grande majorité œuvrent durant 5 jours pour un total de 40 à 50 heures, à rester de permanence le samedi ?

Est-il normal d’imposer certaines règles dans la prise en charge des patients sans avoir l’assentiment de ces libéraux ?

Il y a deux jours de cela j’étais de garde sur mon secteur (et oui certains libéraux assurent des missions de service public, ce que de nombreux députés feignent de voir), j’ai été appelé à 00h pour aller en visite chez une patiente.

Après avoir effectué les soins nécessaires pour améliorer son état en fonction de mes connaissances (il existe encore de nombreux médecins ayant l’amour de leur métier), je suis retourné chez moi à 1h 30.

Durant 5 minutes j’ai réfléchi et je me suis rappelé avant d’aller vers mon lit que je devrais me lever à 5h, soit moins de 4 heures de sommeil, cela pour attaquer une nouvelle journée qui allait être  très probablement difficile.

C’est alors que je me suis dit que nos politiques sont dans leur tour d’ivoire, et qu’ils ne peuvent pas nous comprendre car ils ne viennent jamais sur le terrain pour nous écouter et nous soutenir.

Il est vrai qu’il est plus facile de trouver un bouc émissaire à des erreurs concernant le recrutement de professionnels de santé, plutôt que de regarder la vérité en face.

Cette manière de se comporter est avant tout une façon de ne pas se mettre à dos les potentiels électeurs.

Malheureusement c’est de cette façon que notre système de santé va s’écrouler.

Dr Pierre Frances

6 Commentaires

  1. Retraité et intérimaire en spécialité hospitalière, je n’ai jamais pratiqué la surenchère et suis ainsi payé comme on me le propose. Mon activité de cs rapporte à l’hôpital et permet, je l’espère, aussi un effet de médecine préventive évitant ensuite hospitalisations en urgence, soins, handicaps, réadaptations, très couteux etc..(Voir période Covid avec ses cas aggravés à retardement).
    Je suis scandalisé par les propos du ministre de la santé et de ses relais par la presse, à charge contre les intérimaires, en mettant uniquement en surface les rares abus de certains.
    Nous en avons assez d’être traités de mercenaires, cannibales, et d’être accusése gangréner les hôpitaux publics.
    Nous sommes des médecins responsables et utiles quand même aux populations locales, surtout en zones de déserts médicaux comme cela est mon cas.
    Finalement on nous impose un salaire horaire effectif de 35 €.
    Des solutions existent pourtant mais visiblement les décideurs ne veulent pas les entendre.
    Au revoir ‘là haut’.

  2. Dans la liste, vous oubliez de mentionner que, pour les médecins, l’âge de départ à la retraite, c’est d’actualité, est de 65 ans!

  3. Ce que tu dis est vrai mais n’avons nous pas fait des erreurs durant les dernières années…
    On a rien dit quand certaines professions Paramédicales ontcommencé à faire de la médecine sans avoir notre formation.
    Il y a quelques années j’ai eu une plainte contre moi par des SF auprès du conseil de l’ordre. J’avais écrit que ces SF avait le même tarif que nous avec 5 ans d’études et pouvaient faire énormément d’actes pour lesquels leur formation était, à mon avis, insuffisante. C’est comme si nous les MG repreniont à faire des accouchements… Bien sûr je n’ai eu aucune sanction ! Maintenant les pharmaciens, les IPa, les kinés, les orthoptistes et bientôt, pourquoi pas les vétos vont faire de la médecine. L’ordre des médecins et la plupart de nos syndicats ont laissé faire.
    À mon humble avis, il faut mettre tout à plat : la bureaucratie, l’hôpital, la médecine de ville… et repartir sur des bases plus saines.
    Arrêtez toutes ces pseudo revalorisation pour les bilans pour enfants, ALD x fois par an ( je ne l’ai jamais fait !), Rosp… Et fixé un « tarif » honnête. Dans le temps on parlait des « honoraires ».
    Je suis peut-être trop vieux mais je défends nos jeunes confrères depuis des années car je voyais déjà ce qui malheureusement pouvait arriver.
    Un médecin de famille et maintenant retraité et remplaçant…

  4. Je partage votre pessimisme sur l’effondrement programmé de notre système de santé. Et vous avez raison de dénoncer l’irresponsabilité des politiques à dresser le peuple contre les médecins libéraux, ce que le Dr Braun et d’autres font. Comme quoi le populisme peut aussi être du centre ! Je peux le dire car je suis moi même référent santé au MoDem de Paris et donc centriste.

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