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« Le contentement de soi est trop souvent synonyme de nombrilisme » (1)

Un célèbre chanteur a voulu partager il y a quelques jours de cela son ressenti sur sa pathologie néoplasique, et a souhaité donner des nouvelles sur sa santé à ses fans.

Bien entendu, cet exercice pas très fréquent parmi les étoiles de la chanson a été à l’origine de nombreuses réactions du public, mais pas seulement.

En effet, de nombreux confrères attirés comme des éphémères par la lumière des projecteurs, n’ont pas hésité à donner des explications concernant la pathologie, et l’évolution possible de la maladie de cette personne qui a voulu sans fard partager sa maladie.

Cet exercice me semble une manière d’occuper les pages centrales des magazines ou les émissions télévisuelles, mais aussi une façon d’étaler sa culture professionnelle.

Est-il nécessaire pour ces confrères de donner des explications sur la pathologie d’un chanteur très en vue ?

Personnellement je pense qu’un tel exercice dessert quelque peu notre profession à plusieurs titres :

  • Un tel déballage me paraît très inconvenant car la vie privée des célébrités, surtout dans le domaine de la santé, ne devrait pas être l’objet de déclarations de la part de professionnels de santé
  • Il est quelque peu surprenant que « de grandes sommités » puissent avoir des avis sur un cas sans avoir des comptes-rendus précis sur la situation médicale de ce patient
  • Les propos souvent contradictoires des uns et des autres ne permettent pas d’être fier de ces soignants qui nous ridiculisent quelque peu car suite à de telles déclarations le public est très dubitatif sur les compétences des médecins

Nous ne devons pas oublier que l’exercice auquel s’est prêté le chanteur français célèbre n’avait qu’une seule volonté : celle de partager son éventuel désarroi, mais aussi communiquer sur le sujet du cancer que l’on tente d’esquiver par peur.

Son témoignage très fort, n’avait uniquement pour but de confier ses états d’âme.

Son récit avait pour but de sensibiliser les citoyens au cancer, mais aussi probablement à avoir une pensée concernant la prévention.

Aussi intervenir pour discuter et faire des suppositions sur l’avenir de cette star du paysage audiovisuel est quelque peu dérangeant.

Nous ne devons également pas perdre de vue que, dans cet exercice médiatique, le journaliste souhaite avant tout obtenir la ferveur du public dès lors qu’un scoop est annoncé.

Or dans ce cas les rédactions se moquent éperdument des retentissements de propos parfois peu confraternels ou ne respectant pas la vie privée.

Leur unique but est avant tout de permettre une plus grande diffusion de leur journal ou une plus grande écoute de leur programme.

Cette quête est malheureusement souvent génératrice de quiproquos qui ne permettent pas aux professionnels de santé de ressortir en étant plus célèbres.

Bien au contraire, ils se brûlent les ailes du fait d’une attraction malsaine qui arrive à les ridiculiser sur un moyen terme.

(1) Charles Baudelaire

Dr Pierre Frances

3 Commentaires

  1. Merci beaucoup Dr FRANCES pour ce commentaire.
    Vous avez tout dit, et dit exactement comme il le fallait, avec bon sens, bienséance, pudeur, et éthique…toutes qualités et valeurs étrangères aux commentaires (de confrères) auxquels vous avez fait allusion.
    Bien confraternellement,
    Dr Jérôme Lefrançois

  2. C’est bien.
    Lors de l’épidémie du covid, on a vu aussi plein de médecins intervenir dans les médias sans déclarer par exemple leurs conflits d’intérêt. Et je n’évoque pas tous les « pseudo spécialistes de la santé » chiro, ostéo, naturopathie et autres « pathes ».
    Hypocrate revient….

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