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Et la COVID alors?

Depuis quelques mois certains scientifiques ont alerté les pouvoirs publics de l’arrivée en été  d’une nouvelle vague de COVID-19 dont le variant est très contagieux.

Malheureusement, peu de réactions de la part du ministère de la santé ont été effectives concernant les mesures à prendre à ce sujet.

Tout aussi amusant est la fait que nous ne voyons  plus du tout M. Salomon qui s’invitait dans nos foyers, et nous donnait durant quelques mois journellement froid dans le dos en nous égrenant les chiffres de morts de la COVID-19 .

Il est vrai que deux facteurs contribuent à cette absence de réaction

  • L’approche des élections législatives dont l’enjeu est majeur pour le président nouvellement élu
  • Le fait qu’après de nombreuses mesures « vexatoires » (confinement notamment), les français veulent souffler un peu et qu’exiger de nouvelles mesures vexatoires pourraient avoir un effet très négatif pour les politiques

Malgré cette menace qui plane sur nos têtes, il a été proposé dans un souci d’apaisement probablement aux français de ne plus porter les masques dans les transports, lieux publics.

En ce qui concerne les établissements de soins il existe un flou artistique, et de nombreux confrères ont franchi également le pas en permettant aux patients de ne pas venir avec leurs masques et en ne mettant plus en place des mesures pour éviter une contamination (distanciation notamment)

Tout cela pour dire qu’en terme de santé publique, on ne peut que rester dubitatif vis à vis de mesures peu claires, et pas nécessairement justes.

Une réalité qui va rattraper le monde médical

Les pouvoirs publics prennent enfin conscience de la nécessité de travailler sur la crise du monde des urgences, services qui ont de grandes chances d’être saturés cet été du fait des vacances du personnel médical (ils ont droit tout comme l’ensemble des français de prendre des congés durant cette période, surtout qu’ils n’ont jamais démérité).

De ce fait des mesures « flash » vont être prises pour éviter un épuisement professionnel au sein de ces services (cela fait plus de 2 ans que les soignants du public manifestent pour alerter les pouvoirs publics sur cette situation critique, cela sans obtenir de réelles réponses).

Une de ces mesures m’a fait quelque peu sourire ou plutôt ma grandement étonné: les téléconsultations à l’entrée des services d’urgence.

Comment peut-on avoir à distance une idée sur une pathologie sans réellement examiner le patient?

Espérons que ces structures ne serviront pas d’urinoir.

En reprenant le fil de notre discours concernant la COVID, les politiques ont oublié que ce virus risque de majorer la crise hospitalière de différente manière durant la période estivale:

  • En nécessitant une prise en charge plus importante de patients
  • En réduisant d’autant plus le personnel qui risque d’être contaminé, et ne pourra pas de ce fait être sur le pont

 

Ce qui est curieux, c’est de voir que l’exécutif n’a jamais eu une seule parole sur ce sujet, le seul discours relayé concerne une éventuelle obligation des gardes des libéraux, et a conduit à des réactions dissonantes des uns et des autres.

Nous ne pouvons pas dire que ces énarques ( ceux travaillant à l’ARS notamment) ne sont pas aux abois car depuis quelques semaines ils nous exhortent à donner nos plages de disponibilité pour recevoir des patients grâce à une nouvelle plateforme (le SAS), mais aussi pour nous rappeler à nous les libéraux nos obligations.

Ces personnes qui travaillent dans des bureaux ne connaissent bien entendu que très peu le travail des libéraux, et oublient que contrairement à eux la plupart travaillent plus de 35 heures par semaine.

Aussi en chargeant de cette manière la mule sans aucun égard (la médecine libérale est celle qui permet d’engranger du fric selon l’exécutif), on va en décourager certains qui vont cesser plus prématurément leur activité.

Il est certain que l’été sera chaud pour les patients avec une prise en charge qui a de grandes chances de ne pas être optimale.

Cela est d’autant plus frustrant que notre ministre de la santé, qui est sur la départ, ne va probablement pas s’investir avant la nomination tardive (trop à mon goût) de son successeur.

En effet, lorsqu’on sait qu’on est désavoué par son camp du fait de résultats électoraux décevant, on ne peut qu’avoir de la rancœur, mais aussi peu d’entrain pour mener des réformes pourtant indispensables.

Or nous sommes à moins de 15 jours du grand rush des vacances, et aucune mesure concrète se dessine de manière claire pour résoudre la crise des urgences annoncée.

Il est, à ce titre, difficile de comprendre que le ou plutôt la 1er ministre n’ait pas pris la balle au bond pour nommer dans la foulée des résultats des législatives un ministre de la santé comme l’écologie: durable.

Tous ces éléments me désespèrent et me font penser que, même si je suis un libéral, je reste très attaché à notre système de santé dont la gestion est quelque peu calamiteuse avec une absence totale d’écoute des médecins de terrain.

 

Dr Pierre Frances

2 Commentaires

  1. Comprenez vous pourquoi et comment les hôpitaux publics sont incapables de s’organiser pour assurer la pérennité d’une prise en charge médicale correcte dans les services dits d’urgence (qui reçoivent en fait moins de 10% d’urgences vraies et dont les 2/3 des « venues » ne sont pas hospitalisés)?
    – Cette « crise » évolue pourtant depuis dix ans! Les ARS ont eu le temps de réfléchir!
    – De plus tous les PH ont l’obligation STATUTAIRE de participer aux gardes et astreintes.
    Que viennent faire dans cette galère les libéraux vilipendés par la FHF? Un peu de courage serait utile à nos énarques politisés des ARS dont les ancêtres sont responsables de l’instauration et de la pérennité du numérus clausus médical.

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