Un oubli de très mauvais aloi

Incidemment j’ai pu, au décours d’une de mes lectures, être informé de l’assassinat d’un confrère radiologue qui exerçait à l’hôpital Laveran.

Ce dernier (Dr Alban Gervaise) allait chercher ses enfants qui sortaient d’un établissement scolaire catholique.

Le radiologue qui attendait sa progéniture a été agressé par une arme blanche sauvagement, et du fait de ses blessures n’a pas survécu.

Son meurtrier a voulu de cette manière corriger Alban Gervaise qui était de confession catholique et non musulmane, et a expliqué qu’il avait perpétré ce geste au nom de dieu.

Le plus curieux, c’est de voir que cet innocent qui n’a rien demandé à personne, ni n’a été à l’origine d’aucune faute puisse être exécuté aussi lâchement.

Au delà de ce fait divers, il est inconvenant de voir que la presse et les médias n’ont quasiment pas relayé cette nouvelle ou de manière très partielle.

L’AFP qui est « le grossiste » de l’info s’est contentée de publier des images de cigognes attaquées pour développer ce sujet, ce qui a conduit bien entendu à des réactions de désapprobation.

Comment peut-on accepter que certains fanatiques religieux puissent se donner le droit de vie ou de mort sur des citoyens français, cela sans réagir ou montrer son désaccord?

En fait ce crime est survenu juste avant les élections législatives, et mettre sur le devant de la scène un tel fait divers est susceptible d’être à l’origine de débats houleux et de culpabilisation du pouvoir en place, ce qui risque de conduire à perdre la majorité au sein de l’Assemblée Nationale.

De ce fait la presse tout public est restée muette et a préféré, plutôt que d’être prise en grippe par le pouvoir, ne pas parler de cette situation très embarrassante à la veille d’une élection décisive.

Ce comportement est à mon avis coupable car cacher sous le tapis les moutons, cela permet d’avoir les mains libres à très court terme, mais à moyen terme cette manière de résoudre les problèmes ne fera qu’amplifier les réactions très critiques des français.

Les rares médias qui ont osé écrire quelques lignes dans la rubrique « impasse de la cachette » ont mis en avant le fait que cette action avait été perpétrée par un déséquilibré mental.

Or, la justice n’a pas souhaité une hospitalisation en établissement psychiatrique pour ce meurtrier, et a décidé de son incarcération immédiate.

Derrière ce fait divers, nous pouvons nous rappeler l’histoire du stade de France qui avait pris d’assaut par des délinquants proches de ce lieu sportif.

Au lieu d’informer les français, l’exécutif a préféré donner une version terrible et culpabilisante: l’achat de faux billets et la participation de supporter britanniques.

Bien entendu, la version de l’exécutif a été rapidement mise à mal, et le préfet de Paris a été quelque peu malmené (il faut bien trouver un responsable), et évidemment l’image de la France au Royaume Uni a été sérieusement été écornée. Quelle honte pour notre pays!

Cependant, ces deux événements nous montrent qu’il est difficile d’avoir des informations partiales en France, cela alors que nous sommes en théorie dans un pays démocratique.

On a l’impression que les médias ne se contentent que de relayer uniquement des informations dictées par des faits qui ne peuvent pas être sujets à caution ou ne pouvant déstabiliser un « ordre » établi.

On comprend tout à fait les raisons de cette initiative, mais les médias n’ont-ils pas pour rôle de relayer des faits qui peuvent mettre en péril la vie des français?

Néanmoins certains scandales mettant en cause la qualité du contrôle étatique d’établissements a été mis en pâture sur la place publique.

C’est ainsi que nous avons pu voir de cette manière comment de grands groupes investissant dans la dépendance des personnes âgées ont été rapidement mis sur le banc des accusés du fait de maltraitances avérées.

Pourquoi dans ce cas ne pas mettre en avant les conséquences du fanatisme religieux qui peut avoir des conséquences dramatiques sur la vie de nos concitoyens? La peur d’une émeute?

En ce qui concerne notre collègue radiologue, nous devons avoir à l’esprit que ce dernier même s’il a des convictions catholiques est avant tout un humaniste qui travaille au sein d’un établissement pour améliorer l’état de santé de certains concitoyens.

Il est important de lui rendre hommage, et de penser également à tous les professionnels de santé qui sont, en toute impunité, agressés sans qu’un seul journaliste ne daigne réagir ou dénoncer cette situation intolérable.

Le devoir des médias est d’informer les citoyens afin de relancer le débat, et mettre sur la table les problématiques que nous devons affronter.

Ce n’est pas la peur de procès ou de menaces qui doivent changer cette donnée, car en étant sourd concernant certains problèmes d’intégration, on risque très rapidement de ne plus pouvoir être égalitaire.

 

Dr Pierre Frances