L’incendie de la cathédrale Notre de Paris a ému, et choqué, de nombreux français.
Nombreux sont ceux qui ont vu une perte inestimable d’un patrimoine appartenant à la patrie.
Même si cet édifice est avant tout un lieu de culte, il est également rattaché à notre pays sur un plan culturel.
Même si l’origine de ce désastre n’a jamais été réellement identifié, la plupart des français ont voulu avant tout une résurrection de ce symbole.
Les autorités en charge de l’enquête ont-elles voulu chercher de manière scrupuleuse le responsable de ce désastre (nous avons perdu malgré tout certains témoignages de notre passé qui ont été détruits par le feu) ? Difficile à dire.
Toujours est-il que de nombreux citoyens, suite aux propos du Président de reconstruire à l’identique cette cathédrale (une polémique est régulièrement mis sur le tapis en ce qui concerne la réalisation de vitraux contemporains à la place de ceux de Viollet le Duc), n’ont pas hésité à apporter leur contribution financière pour que les travaux puissent débuter rapidement.
Il a été assez inconvenant à mon goût de critiquer les dons de certaines entreprises qui ont été taxées de capitalistes (la manne qu’ils ont apportée a été providentielle, et on ne peut que les applaudir).
Cet élan de générosité a permis de voir plusieurs choses :
- Le fait que cette cathédrale est considérée par de nombreux compatriotes comme un symbole de notre patrie
- Le fait que ces dons montrent l’altruisme de certains qui veulent avant tout que notre patrimoine soit préservé. Cette action a mis en avant une qualité de certains (nous ne devons pas perdre de vue que des étrangers notamment américains ont été très généreux) qui n’avaient pas l’individualisme forcené que nous voyons régulièrement au sein de notre société
Parallèlement à la reconstruction de ce monument, l’incendie de Notre Dame a été le prétexte de fouilles afin d’avoir des indices sur le rôle de cette cathédrale dans le passé.
Bien que les résultats de ces recherches ne soient pas énormes, certaines trouvailles ont été très instructives.
A cet égard nous ne pouvons que féliciter le travail du Dr Crubézy qui est docteur en médecine, mais également archéologue.
Ce dernier a probablement identifié, à partir des deux sarcophages en plomb retrouvés dans les soubassements de la cathédrale, la dépouille de Joachim du Bellay.
Un de ces sarcophage (celui du célèbre écrivain) a été retrouvé au centre du transept, et non au niveau de la chapelle Saint-Crépin (lieu où son oncle archidiacre qui l’a élevé a été inhumé).
Il est possible que le cercueil de notre poète ait été déplacé après une possible inhumation auprès de l’archidiacre.
Mais il est vrai que Joaquim du Bellay avait plusieurs oncles bien placés dans les ordres (Eustache qui était évêque de Paris, et Jean cardinal à Rome).
Et pour arriver à être inhumé dans la cathédrale, il semblerait qu’une certaine somme d’argent a été dépensée par la famille du défunt.
Nous avons tous appris durant notre cursus scolaire certains sonnets de ce poète décédé en 1560, poète qui était un cofondateur de la Pléiade.
A sa mort son oncle qui était cardinal avait émis le souhait de son inhumation dans la cathédrale Notre Dame.
Or jamais la place du cercueil de cet illustre poète n’avait été retrouvée.
La découverte partagée par le Dr Crubézy est très passionnante car elle nous montre, à partir de la dépouille découverte dans cette cathédrale, la manière dont une identification (elle n’est pas certaine néanmoins) a pu être effective.
Dans un premier temps les restes du sarcophage (l’identité de la personne du second a été rapidement identifiée de manière formelle), ont permis de voir, grâce aux marques au niveau des fémurs, qu’il s’agissait d’un cavalier.
Or nous savons à partir d’écrits que Du Bellay avait un goût très prononcé pour l’équitation (c’était un cavalier émérite).
Parallèlement notre chercheur a retrouvé une mousse très fine au niveau occipital, élément qui témoigne d’une inflammation méningée (en fait il s’agissait d’une méningite chronique).
Par ailleurs des lésions endocrâniennes assez spécifiques, ont été révélatrices d’une tuberculose osseuse, pathologie qui a été à l’origine du décès de notre célèbre poète.
La tuberculose est une pathologie qui a des conséquences osseuses sur uniquement 3 à 4 patients/1000 ayant cette infection.
Ce qui est intéressant c’est de noter également un autre élément de poids : le fait que le crâne de notre célébrité a été scié, ce qui est en faveur une nouvelle fois d’une étude du cerveau de Joachim du Bellay qui était porteur d’une « encéphalose » (terme utilisé du fait de connaissances médicales très rudimentaires à cette époque).
Avec une grand détermination notre scientifique a analysé par le biais des isotopes les dents du défunt.
De cette manière il a pu identifier, grâce aux différents aliments consommés, son lieu de vie.
Cependant, les résultats obtenus ont montré que la personne retrouvée dans le sarcophage vivait dans la région parisienne ou dans la région Rhône Alpes, ce qui est bien loin du pays d’Anjou où notre poète a fait ses premiers pas (il est né à Liré).
Mais cette découverte a été un apport très utile, car selon le docteur Dr Crubézy Du Bellay a été recueilli très jeune sur Paris par un de ses oncles qui était archidiacre, du fait du décès prématuré des parents.
Il a fallu de la persévérance pour que le Dr Crubézy puisse comprendre de quelle manière le poète a pu résider en Anjou car aucun écrit ne le stipulait de manière formelle.
En fait sa maitrise du latin est un élément qui a conduit l’archéologue à penser à la fréquentation de l’université de Poitiers dès lors qu’il avait 20 ans (probable retour aux sources).
Par ailleurs les fouilles entreprises dans la cathédrale ont permis également de mieux connaître l’histoire de la cité, mais aussi sur la vie des prêtres qui ont été inhumés dans cette cathédrale.
Nous ne devons pas oublier que Notre Dame était une nécropole entre le XIVème et le XVème siècle.
Comme quoi l’incendie de Notre Dame a été l’occasion de trouver des indices pour mieux connaître la vie du clergé en XIVème et XVème siècle, mais a permis de montrer qu’une frange de la population française est très fière de son patrimoine.
Docteur,
Une petite chose concernant les dons.
Lorsqu’un milliardaire donne 100 millions d’euros, est-il nécessaire qu’il en fasse la moindre publicité ?
Alors qu’il donne 1000 fois moins qu’une personne qui donnerait 10 centimes quand sa fortune s’élèverait à 1000€ ?
Le don, à mon sens, n’a de noblesse que dans l’anonymat, sinon, c’est que l’on en attend un retour ; auquel cas, ce n’est plus un don.
Sincèrement.
Tout à fait, mais malgré tout c’est une manière de montrer également un attachement aux valeurs de notre nation