Très récemment une députée de la Mayenne (Géraldine Bannier pour ne pas la nommer) a décidé de proposer une loi pour rendre obligatoire (voir article sur le site du Quotidien du Médecin), et ce durant une année, l’envoi de jeunes médecins (probablement ceux qui termineront leurs études) dans des déserts médicaux.
Selon cette dernière : « Les professionnels, jeunes médecins, y gagneront une expérience de vie forcément enrichissante et bénéfique pour le reste de leur carrière. »
Nous ne pouvons que rester perplexe quant à cette proposition qui semble malvenue car il ne faut pas l’oublier en ce qui concerne les internes de médecine générale ils vont devoir effectuer une année supplémentaire de manière prioritaire dans des déserts médicaux.
Cette mesure a été actée l’année dernière, et les jeunes qui ont choisi cette filière en novembre 2023 ne savent toujours pas à quelle sauce ils vont être avalés.
Autrement dit, si nous sommes logiques, ces futurs confrères devront faire deux années dans des déserts médicaux.
D’ailleurs François Braun, alors ministre de la santé à cette époque, avait bien dit : « Je l’ai dit dès le départ, je veux que ce soit un exercice en ambulatoire, prioritairement en zone sous-dense, je ne change pas ma ligne. On est quand même avec une spécialité qui est la plus transversale possible mais avec le moins de temps de formation, ce n’est pas très logique ».
Il est vrai que le commun des mortels ne cesse de répéter que les études médicales ont un coût prohibitif et dans ce contexte il semble « normal » qu’ils remboursent de cette manière les frais dépensés par l’Etat providence.
Cette remarque, galvanisée par les discours des médias et maintes fois répétée, n’est pas du tout juste.
En effet, et nous allons le voir très rapidement dans les faits, les internes en médecine sont une manne non négligeable pour assurer le fonctionnement des hôpitaux.
En novembre, du fait d’une réduction du nombre de ces étudiants, ces mêmes établissements publics vont devoir faire face à ce manque de bras.
Nombreux sont les chefs de certains services qui ont montré leurs craintes face à une telle pénurie qui aurait (il faut savoir après tout âtre capable d’affronter des situations de crise) des chances d’affecter la qualité des soins des patients.
Oui, les études médicales ont un coût, mais les étudiants remboursent par leur travail en 3ème cycle grandement cette somme financière, cela d’autant plus qu’ils travaillent bien plus que 35 heures pour un salaire qui est ridicule.
Que dire des étudiants qui suivent des études d’histoire, en économie……
Jamais aucun journaliste n’a souligné le fait que l’enseignement dans les universités a un coût, cela pour toutes les filières.
En revenant sur le sujet concernant l’année supplémentaire proposée par notre charmante députée, est en fait théoriquement déjà actée en ajoutant une année supplémentaire au 3ème cycle.
Il est difficile de concevoir que des jeunes puissent effectuer, après une année théorique de prise en charge de patients dans un désert médical qui est maintenant « acceptée » avec quelques grincements de dents d’associations estudiantines, une nouvelle année sous une autre étiquette.
Ce qui me gêne considérablement, c’est le fait que se profile une conception de la 4ème année de médecine générale qui ne sera pas nécessairement associée à une activité dans une zone sous-dotée comme l’avait annoncé M. Braun, et comme M. Valletoux l’avait vendue .
Et c’est là que le bât blesse, car il faut être logique cette 4ème année a été annoncée comme étant une possibilité de fidéliser les jeunes confrères à une activité dans un milieu peu attractif, but d’une formation complémentaire « utile » pour un exercice professionnel futur.
Or nous voyons au fil des mois que certains propos ont tendance à nous informer que ces étudiants auront pour tâche d’aider des professionnels pas forcément dans des déserts médicaux, mais aussi certains services hospitaliers.
Ne serait-il pas plus juste de demander dans ce cas que cette 4ème année soit dédiée à une adhésion totale à la proposition de Mme Bannier tout simplement ?
On a besoin de médecins libéraux sur le terrain, et pas d’étudiants qui servent de prétexte pour pallier à des mesures politiques mal ficelées.
Et les patients dans tout cela, que vont-ils penser lorsqu’ils apprendront qu’un renouvellement des étudiants sera effectif annuellement avec des jeunes pas forcément motivés ?
On oublie trop souvent que les étudiants en médecine sont des êtres humains, et qu’ils sont trop souvent malmenés, ou non écoutés.
La preuve en est que près de 67% des internes sont en dépression selon l’étude réalisée en 2021 par l’ISNI.
En ajoutant de telles propositions de loi pas très pertinentes sur un plan humain, n’allons-nous pas majorer cette situation déjà délicate ?