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Une réduction des coûts programmée par les bureaucrates

Le directeur de la CNAM s’est exprimé sur différents sites d’information pour mener une bataille (ce n’est pas celle du rail qui va débuter le 11 décembre…sic) en ce qui concerne les prescriptions de médicaments.

Ce dernier explique que plus de 25 milliards sont dépensés pour faire face aux dépenses en rapport avec les molécules vendues dans les pharmacies.

Sur un plan comptable les frais engagés sur ce poste se majorent de 3,4% tous les ans.

Aussi, et en bon père de famille, M. Fatôme souhaite que des économies soient réalisées pour que le déficit de la Sécurité Sociale se réduise.

Je ne peux qu’acquiescer vis-à-vis du discours de notre cher énarque, discours qui nécessite cependant quelques éclaircissements venant de la base.

Tout d’abord il est intéressant avant de discourir de nous référer à l’excellente synthèse effectuée par le Quotidien du Médecin sur le site de cette revue médicale.

Le paracétamol plombe les comptes de la Sécurité Sociale….

Dans un premier temps nous apprenons que les dépenses les plus importantes concernent le paracétamol et ses différentes marques qui totalisent près de 300 millions d’euros par an.

Ce chiffre peut donner le tournis, mais plusieurs réflexions peuvent être effectuées :

  • Dans un premier temps le paracétamol est une molécule facilement prescrite du fait d’une innocuité relative, mais surtout du fait qu’il soulage les petits mots du quotidien. Près de 43 millions de français ont bénéficié de ce type de prescription en 2023, ce qui est colossal
  • Le paracétamol est administré facilement par tous les professionnels de santé car il permet d’obtenir un confort de vie vis-à-vis des douleurs, de l’hyperthermie, des céphalées…… Autrement dit on a recours à cette molécule pour de nombreux maux qui surviennent fréquemment
  • Nous ne devons pas oublier les différents épisodes du feuilleton concernant la vente d’une marque fétiche des français qui a irrité le gouvernement. En fait cette volonté de se débarrasser d’une marque pourtant très demandée par le « public » est due au fait que les prix d’une boite est dérisoire. Le laboratoire fournisseur considère que ce n’est pas rentable de continuer à vendre un produit avec une marge ridicule voire nulle

Le paracétamol trône dans toutes les pharmacies familiales afin de parer à une situation d’inconfort le week-end par exemple.

Les fins de semaines sont parfois difficiles pour nos compatriotes qui ne peuvent avoir recours à un professionnel de santé du fait d’une pénurie, et souvent les régulateurs du SAMU pour éviter un engorgement des urgences recommandent le recours au….paracétamol pour les lombalgies, les hyperthermies sans facteur de gravité…

De plus les slogans des caisses prônant le non recours aux antibiotiques incitent les médecins à donner des traitements symptomatiques pour les patients qui ont des viroses.

Le paracétamol a, dans la plupart des cas, une place de choix sur l’ordonnance du médecin, et je peux vous dire que toute administration de traitements non remboursables pour ce type de maux est très mal perçue par des patients habitués au tout gratuit.

Il serait peut-être utile de faire des annonces pour expliquer que le coût de la santé est à la charge de la collectivité !

Des médications très onéreuses, bien plus que celles qui sont épinglées par nos cols blancs

On oublie trop vite que les dépenses dans le domaine pharmaceutique concernent les traitements oncologiques, les biothérapies, et certaines thérapeutiques ciblées (cas de l’immunothérapie).

La population française vieillit, et dans ce cas elle est plus susceptible d’être prise en charge pour des pathologies en rapport avec le grand âge : DMLA, pathologies néoplasiques.

Or les traitements administrés ont un coût prohibitif qui est à mettre sur le compte de l’innovation thérapeutique.

Les patients atteints de cancers pulmonaires avaient une espérance de vie il y a 20 ans bien plus réduite qu’actuellement du fait du recours à l’immunothérapie.

Par ailleurs alors qu’il y a quelques décennies les pathologies dermatologiques bénéficiaient de traitements locaux dont l’efficacité était parfois aléatoire.

Les biothérapies ont révolutionné cette discipline en donnant des résultats sur certaines dermatoses parfois déconcertants (cas du psoriasis étendu).

En regardant uniquement les dépenses liées au recours du vyndaqel administré dans le cadre de certaines pathologies cardiaques (l’amylose), nous voyons qu’elles sont énormes avec 743 millions d’euros, ce qui est bien supérieur au coût engendré par la prescription de paracétamol.

Or, et ce qui est curieux, c’est de voir que le nombre de patients (il est dérisoire par rapport au paracétamol) ayant reçu ce traitement n’a pas été reproduit dans les colonnes de notre journal professionnel.

 

Autrement dit je comprends parfaitement la réaction de notre comptable en chef de la Sécurité Sociale, mais il est important avant tout de lui faire comprendre que des progrès dans le domaine médical ont manifestement été à l’origine de la mise sur le marché de thérapeutiques innovantes très coûteuses.

Faut-il dans ce cas accepter de faire comme dans certains pays, c’est-à-dire refuser certaines prises en charge chez les plus âgés ?

Je pense que ce n’est pas éthiquement acceptable, et M. Fatôme en est parfaitement conscient.

Malheureusement il n’a pas compris qu’en culpabilisant les libéraux (ce sont ceux qui sont jugés responsables de cette envolée des dépenses), il va faire très peu d’économies.

« Existe-t-il pour l’Homme un bien plus précieux que la Santé ? » Socrate

Dr Pierre Frances

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