Très régulièrement les médias mettent en avant les problématiques des unités psychiatriques de France.
A des fins économiques, mais aussi du fait d’une pénurie de soignants, une réduction importante des lits d’hospitalisation au sein des centre hospitaliers spécialisés (CHS) est observée.
Cette situation est tellement préoccupante que le chef de l’Etat a demandé que la santé mentale devienne une cause nationale.
D’ailleurs ses propos ont été relayés par le nouveau premier ministre qui a expliqué que cette question allait devenir une priorité de son action.
On se rend compte, un peu tardivement je le pense, que la psychiatrie ne devrait pas être le maillon faible de notre nation.
Les libéraux, pour la grande majorité d’entre eux, se rendent bien compte que la charge mentale des patients est de plus en plus difficile à prendre en charge du fait d’un déficit criant de soignants spécialisés dans cette tâche.
De plus les infrastructures mises à disposition des patients (studios, appartements thérapeutiques) ayant ces pathologies, pour assurer un hébergement de qualité, sont très limitées voire inexistantes.
Par ailleurs il est aisé de comprendre que ces patients ne sont pas capables, pour certains, de gérer un appartement, tant sur un plan sanitaire, que sur un plan administratif.
Par voie de conséquences nombreux sont ceux qui fréquentent des centres d’hébergement d’urgence réservés aux sans abris.
La toxicomanie au sein des établissements spécialisés, un fléau qui doit être pris en compte
Parallèlement à cette situation quelque peu difficile à accepter, un autre défi monopolise les acteurs des soins de ces établissements.
Ainsi, et du fait de signalements parfois itératifs de familles de patients, les psychiatres ont pris conscience de l’existence d’un fléau au sein de leurs services.
La drogue est omniprésente dans les CHS avec des dealers qui n’ont aucun scrupule à « mettre la main » sur une clientèle souvent compliante du fait de sa pathologie qui réduit considérablement le discernement.
Une journaliste (1) n’a pas hésité en 2021 à dénoncer cette nouvelle donne au sein de ces CHS, et a mis le doigt sur les difficultés à juguler le trafic induit par la drogue chez ces patients dont la capacité de refuser toute toxicomanie est minimisée.
Nous ne pouvons pas critiquer nos collègues qui travaillent d’arrache-pied au sein de ces institutions qui sont indispensables dans notre société, mais plutôt le fait que la toxicomanie est devenue un fléau (elle devrait être une cause nationale dans notre pays) que les pouvoirs publics sont en devoir d’endiguer.
Ce qui me touche particulièrement, c’est de voir que certains parents de jeunes ayant des pathologies mentales sont dans l’obligation de signaler cette dérive, cela du fait d’un manque criant de garde-fous dans ces CHS.
Outre leur chagrin en rapport avec la pathologie de leur progéniture, ils se rendent compte que la psychiatrie est le parent pauvre de notre système de soins.
Les pouvoirs publics sont bien entendu au courant de ces pratiques répréhensibles, et tentent de mettre des moyens pour pouvoir réduire l’impact de la toxicomanie au sein de ces établissements car ils sont conscients que le recours à la drogue a un rôle délétère sur l’état psychique des patients.
Outre le fait que le nombre de journées d’hospitalisation a de grandes chances d’augmenter de cette manière car des interférences entre drogue et traitement peuvent exister, il est également important de souligner que les patients pris en charge au sein de ces CHS vont quitter ces structures en ayant de nouveaux démons que les dealers auront des facilités de traiter à l’extérieur.
Ce qui doit nous interpeller dans ce cas de figure, c’est le fait que cette « pratique » n’est pas du tout anecdotique, et concerne un grand nombre de CHS qui œuvrent néanmoins pour limiter les conséquences de telles dérives.
La grosse difficulté ne concerne pas uniquement les vendeurs qui ont pour certains une énorme impunité à pénétrer dans ces établissements, mais aussi de certains patients qui sont des toxicomanes avérés, et qui pour gagner un peu d’argent vendent au sein de ces structures de la drogue.
L’enjeu est de taille, et il est nécessaire d’avoir une action coup de poing pour que les patients déjà très affaiblis par leur pathologie ne puissent pas devenir de véritables zombies.
C’est un challenge que nous devons affronter, et pour lequel nous devons à tout prix sortir victorieux.
- Febvre Roselyne « Les battements de cœur du colibri ». Ed. Du Rocher.
Le problème des toxicomanies est effectivement très insuffisamment abordé. On parle peu de leurs responsabilités dans les violences diverses ou à l’inverse à propos des nombreux désintérêts croissants dans notre société (pour l’activité professionnelle avec épidémie de « burn out », pour la sexualité hors violences cf les 25% de personnes sans activité sexuelle entre 18 et 25 ans..etc) . Le rôle joué par le syndrome amotivationnel lié au cannabis par exemple n’est jamais cité pour expliquer ces manques d’intérêts. De même les amnésies passagères lors de la consommation conjointe d’alcool même à petite dose avec du cannabis aussi à petite dose n’est cité nulle part. Il est vrai que les « victimes « ne s’en souvenant pas …elles ne peuvent le raconter!!!!