La presse éprouve souvent une grande satisfaction dès lors que des avancées positives dans les différents domaines (économique, et social notamment) mettent en avant les valeurs, et les prises de position très chauvinistes de nos dirigeants qui ont les commandes de « notre quotidien » au sein de la société française.
Ainsi notre président n’a cessé de répéter qu’il était important de réduire l’externalisation de la production de certains médicaments comme le paracétamol.
Rendre plus attractif le monde industriel français est un vœu que nous ne pouvons qu’applaudir des deux mains.
Cependant ce souhait n’est pas nécessairement suivi d’actes.
Une politique de fabrication des médicaments qui n’est pas très en faveur d’une production française
Ainsi en ce qui concerne un des postes capital pour la santé des français, le médicament, nous sommes quelque peu surpris par le comportement de l’exécutif.
En tant que professionnel de santé je remarque, et je ne suis pas le seul, régulièrement des pénuries de certaines molécules pourtant essentielles.
Nos énarques pour noyer le poisson, et éviter d’expliquer que ces « manques » sont en grande partie dus à une politique de réduction des coûts des médicaments, n’ont de cesse de répéter que ces problèmes sont en rapport avec une production déficiente sur le plan mondial.
Il est vrai que le marché du médicament (le marché du générique en quasi-totalité) est détenu en grande partie par deux pays : l’inde et la Chine.
Très récemment nous avons appris qu’un fleuron du générique français a été racheté par un industriel indien qui permettra de renflouer les comptes quelque peu déficitaires du groupe pharmaceutique qui avait lancé une marque qui s’est fait connaître par ses spots télévisuels.
Un ministre en exercice a montré son désarroi (il n’a été que de courte durée) à l’idée d’externaliser la production de ces médicaments dans un autre pays, mais surtout du fait d’un possible licenciement de près de 300 employés.
En regardant de plus près un article de presse, j’ai pu comprendre que l’Inde tirait grandement profit du marché européen en ce qui concerne la vente de produits génériques.
Ainsi l’usine PAB Organics qui emploie plus de 300 personnes réalise plus de 50% de son chiffre d’affaire avec les pays européens.
Cette entreprise ne cache pas les raisons de son succès : une réduction importante des coûts des médicaments vendus sur le marché occidental.
L’Inde est un pays où le coût de l’énergie et de la main d’œuvre est très faible (entre 40 et 70% moins important par rapport aux pays développés).
Entre 2017 et 2023 les exportations pharmaceutiques ont bondi de 66% à partir de ce pays. Mais cette croissance s’effectue au prix d’un laxisme concernant les règles d’hygiène et de stérilisation, et on ne parle pas des conditions de travail des salariés de ces entreprises (ils sont très loin des 35 heures de travail/ semaine).
Une exploitation honteuse des confrères cubains
La situation des citoyens cubains est tout aussi émouvante
Alors que les épreuves olympiques se déroulent actuellement (la cérémonie d’ouverture des jeux a été grandiose et certainement très coûteuse), nous apprenons par la presse que certains champions olympiques de cette nation du continent américain sont contraints de marchander les médailles qu’ils ont antérieurement gagnées pour pouvoir manger.
Le sort de ces athlètes doit aussi nous faire penser à celui de nos confrères de ce pays.
Un recrutement de ces professionnels de santé a été acté au sein de différents établissements hospitaliers français du fait d’une pénurie de médecins dans certains services.
Au plus fort de la crise du COVID la Martinique et la Guyane, mais aussi l’hôpital de Guingamp pour maintenir à flot sa maternité, ont décidé de faire appel à cette main d’œuvre.
Tout irait pour le bien de tous si la rétribution de ces confrères était directement donnée à ces collègues par les établissements ayant accepté leur recrutement.
En fait ces médecins sont payés par le gouvernement cubain (c’est lui qui reçoit directement les salaires de ces professionnels de santé) qui encaisse de ce fait une manne qui est évalué en 2020 à 3,9 milliards de dollars.
Quant à la rémunération de ces confrères elle est dérisoire compte tenu du travail effectué.
Cette situation honteuse a été vivement critiquée par certaines associations humanitaires (une plainte a été d’ailleurs déposée devant la Cour pénale de La Haye à ce sujet par Human Rights Watch) qui voient dans cet échange un réel esclavage humain.
Ne sommes-nous au final pas coupables de nos comportements pas si démocratiques que cela ?
Au final nous ne devons pas nous glorifier de notre politique de santé qui a pour but de faire des économies, cela au détriment :
- De certaines règles concernant la sécurité sanitaire de produits secondairement mis sur le marché français. Après tout l’objectif principal n’est-il pas de réduire le déficit budgétaire qui est devenu abyssal ?
- D’une volonté qui devrait être plus affirmée sur un plan humaniste. Comment accepter l’exploitation de certains professionnels de santé qui sont payés au lance-pierre par leur pays d’origine, et qui ont l’obligation de retourner dans leur pays ? Ne serait-il pas possible de leur permettre de rester sur le sol français?
Peu de journalistes dénoncent ces situations qui, en ce qui me concerne, me perturbent grandement.
Dans un pays où les valeurs d’Egalité, Liberté, et Fraternité sont chères à nos citoyens, nous voyons qu’elles ne sont pas appliquées dès lors que nous avons la possibilité de bénéficier individuellement d’une exploitation étrangère pour notre confort.
Ne sommes-nous pas trop égoïstes ?