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Réformes vous avez dit réformes ?

Depuis quelques années les réformes dans le domaine des études médicales s’enchainent à un rythme effréné.

Ainsi la première année a été considérablement remaniée avec 2 filières qui ont été créées : PASS et LASS.

Pour accéder à la PASS (il s’agit de la voie d’excellence), il faut montrer patte blanche avec un dossier déposé via PARCOURSUP et de très bonnes notes durant les années précédant le baccalauréat.

Autrement dit nos têtes pensantes ont voulu par ce biais montrer (ou plutôt faire croire) que le concours de première année qui nourrissait de nombreuses critiques était supprimé.

On a remplacé cette épreuve contestée par certains avec un nombre de places très limité, par une autre entité qui permettait d’avoir l’illusion que les vannes en ce qui concerne la formation des médecins était grande ouverte.

Malheureusement nombreux sont les jeunes adultes (prioritairement ceux qui ont été admis en LASS) qui ont manifesté leur mécontentement car le pourcentage de réussite à partir de cette filière est assez faible.

Même si le commun des mortels pense qu’il est actuellement aisé de réussir des études de médecine, la réalité est tout autre car les examens se révèlent très sélectifs.

Ce qui a quelque peu également modifié la donne est avant tout l’introduction des épreuves orales qui peuvent déstabiliser certains étudiants.

Cependant nous ne devons pas oublier que nous évoluons dans une société qui n’est pas autiste, et de ce fait il est fondamental d’apprendre aux étudiants en médecine que les patients doivent être abordés avec un maximum de professionnalisme et qu’il faut savoir leur parler.

Par voie de conséquence il est utile de discourir pour mieux comprendre la symptomatologie du patient (un de mes maîtres avait dit que 80% du diagnostic était obtenu par le seul interrogatoire bien orienté du patient).

Bien sûr des critiques peuvent être formulées du fait d’un biais concernant la partialité de ces examens oraux par un jury composé d’êtres humains.

Cependant il est difficile de trouver une formule qui ne soit pas exempte de critiques, et le parfait dans ce domaine d’existe pas.

Cependant ce qui doit nous faire réagir c’est surtout le comportement de certaines « écoles » privées qui continuent à encadrer les étudiants moyennant une participation financière indécente.

Des préparations sont même effectuées avant l’accession à cette première année, cela avec des « exigences » financières non négligeable.

Cette situation nous montre que ces études sont encore très élitistes, et il serait opportun  mon avis de contrecarrer un tel type de dérive.

Il est vrai qu’il existe également d’autres filières dans des pays étrangers, qui en donnant une somme conséquente, permet à certains jeunes d’être par la suite intégrés au système de formation des études médicales françaises.

Une autre réforme a fait couler pas mal de vague, celle du nouvel examen classant (EDN) en 6ème année qui est une épreuve très importante pour les étudiants, car elle conditionne leur avenir professionnel.

Une nouvelle donnée récente a été introduite : les ECOS.

Les enseignants ont voulu de cette manière que les futurs confrères aient un abord plus pratique dans leur exercice professionnel.

Cela partait d’une bonne intention, mais nombreux ont été les jeunes qui ont refusé d’essuyer les plâtres de cette nouvelle réforme, et ils ont savamment décidé de redoubler une année pour avoir du recul vis-à-vis de cette nouvelle épreuve.

Par voie de conséquence durant une année complète (l’année universitaire 2024/2025) le nombre d’étudiants admis en 7éme année va être plus réduit.

Les médias nous ont informés de cette situation en mettant en avant les difficultés que les citoyens puissent être pris en charge au sein des centres hospitaliers ; une manière indirecte de montrer l’utilité de ces étudiants pour faire fonctionner les services de ces établissements.

J’espère que cet état de fait fera comprendre à tous que les études en médecine sont très bien remboursées par une main d’œuvre pas très bien payée et surtout avec des horaires bien supérieurs aux 35 heures de certains français (cela est d’ailleurs pas très acceptable).

Cette prise de conscience de certains étudiants a été à l’origine du courroux d’autres qui ont passé les épreuves en acceptant cette nouvelle donne sans sourciller au départ.

Cependant ces derniers, non préparés à cette désaffection massive, ont pu constater que les postes offerts dans certaines spécialités ne pouvaient plus être aussi facilement accessibles (loi de l’offre et de la demande).

Mais nous devons nous rendre à l’évidence, en gardant le même nombre de postes dans toutes les spécialités on va favoriser un désengagement total de certaines filières pourtant utiles.

La réforme de 6ème année aurait pu s’échelonner sur plusieurs années, ce qui aurait probablement permis aux étudiants de mieux se préparer, et éviter de tels agissements…..

«  Les mauvais effets d’une juste réforme ne condamnent point cette réforme, mais la société » Jean Rostand.

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ces réformes sont perfectibles mais il faut bien en comprendre l’esprit : il s’agit de réintroduire des qualités humanistes et une ouverture d’esprit effacées par des années de dictature des sciences « dures ». Un 1er en math ne fait pas obligatoirement un bon praticien d’où l’ouverture (encore insuffisante) à d’autres modes de pensée d’où la réforme de l’entrée(LAST devrait effectivement être plus valorisée). Cet état d’esprit est confirmé par la défection des 6ème année face aux ECOS qui évaluent aussi la compétence au dépend des connaissances uniquement théoriques. Cet état d’esprit explique aussi une certaine désaffection pour l’exercice pratique à savoir l’installation expliquant en partie la désertification.

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