Les professionnels de santé, des soignants ayant peu de scrupules ?
Très récemment un reportage réalisé pour un journal télévisé de grande écoute (ce n’était pas une chaine publique, ce qui ne met pas de l’huile sur le feu compte tenu de la situation actuelle de France Télévision) mettait en avant les déboires de l’assurance maladie qui dans un avenir proche a des chances, si aucune prise de conscience du déficit de cette structure n’est acquise, d’être en cessation de paiement.
Une consœur a dès lors été interrogée avec un aplomb, et une détermination, qui feraient trembler certains d’entre nous.
Cette dernière a expliqué que les professionnels de santé étaient très facilement capables de frauder les organismes sociaux grâce aux cartes vitales (elles ne sont pas toutes, et heureusement fausses).
Ainsi elle a pris l’exemple d’un collègue qui pouvait facturer un électrocardiogramme sans l’avoir effectué, ce qui lui aurait donné la possibilité de gagner un petit plus sur une consultation.
Le but de ce reportage était de montrer que la caisse d’assurance maladie allait être intraitable vis-à-vis de ces soignants fraudeurs de différentes manières :
- En faisant le décompte des frais engagés par la caisse d’assurance maladie lors des actes réalisés chez un praticien libéral. Il faut savoir qu’en tant qu’assuré social (je ne suis un très petit consommateur de soins il faut le reconnaître), je reçois dès lors que je consulte un soignant (dans le public ou privé) le solde qui est payé par la CPAM de mon département.
- En établissant le coût réel engendré par l’assuré social, et le déficit qui en découle, dès lors qu’il sollicite un remboursement par la CPAM. De cette manière il est vraisemblable que nos énarques en charge de la santé souhaitent que certains assurés sociaux se manifestent pour dénoncer des notes trop exorbitantes pour des actes fictifs. Ils pensent que le français de base comprendra que sans ce concours nous avons des chances de ne plus avoir un système de santé de qualité et peu onéreux. Cependant ces cols blancs oublient que les citoyens ont déjà le mail ou le courrier facile pour s’exprimer sur ce sujet de manière parfois injuste
En fait nous avons compris, suite aux différentes prises de parole lors de cette brève télévisée, que les soignants sont des fraudeurs potentiels.
Une nouvelle fois nous assistons à un lynchage médiatique, et nous apprenons que, comme les ours, un nombre non négligeable de soignants est attiré par le miel récolté par les organismes sociaux.
D’ailleurs le canard enchainé a développé la semaine dernière un article dénonçant le comportement de deux chirurgiens esthétiques (ils travaillent à la fois dans le public, et le privé).
Ces professionnels avaient la fâcheuse tendance de travailler énormément, et se faisaient rembourser des actes de chirurgie esthétique (il ne s’agissait pas de réparations suite à des pathologies cancéreuses) par les organismes sociaux.
Les sommes remboursées donnaient le tournis….
Je tiens à dire que nous ne sommes pas tous des délinquants, et loin de là même.
En effet nombreux sont les médecins qui sont très vertueux, et un grand nombre d’entre eux ne sont pas rémunérés pour certains actes réalisés.
De plus en étant conseiller ordinal, je me suis rendu compte que certains collègues ont de réels problèmes de trésorerie car les charges que les libéraux doivent payer sont de plus en plus conséquentes du fait des dérives d’un état trop dépensier (ce dernier se refuse à toute réduction budgétaire, malgré les recommandations de la Cour des Comptes).
Ces collègues qui sont en grande difficulté auraient pu facturer des actes fictifs pour améliorer leur situation économique.
En fait nous nous rendons compte qu’ils se refusent à le faire pour des raisons déontologiques, ce qui les honore.
Les médias ont des difficultés à développer ce sujet qui n’est pas politiquement correct à mon avis.
Néanmoins je ne suis pas non plus l’avocat du diable, et je reconnais le fait que certains professionnels de santé sont des délinquants, et escroquent en toute impunité les organismes sociaux.
Cependant une majeure partie d’entre eux est prise en flagrant délit, et les journalistes n’ont pas de scrupules cette fois à dénoncer ce comportement peu flatteur pour notre profession.
Le plus souvent à l’issue de procès les soignants impliqués partent la tête basse, et reconnaissent implicitement les détournements effectués.
A la suite d’une condamnation (elle est dans la plupart des cas financière), ils n’ont plus la possibilité de poursuivre leur activité professionnelle.
Et certains politiques ne sont-ils pas critiquables du fait de leur comportement, cela alors que le citoyen de base doit se serrer la ceinture ?
Parallèlement à cette situation les journaux de différents bords politiques ont critiqué les dérives financières de certains maires qui en toute impunité se servaient d’une enveloppe pour se payer des tenues vestimentaires réalisées par de grands couturiers.
Certains n’avaient pas de scrupules à aller dans des restaurants étoilés, et ont pu s’offrir du champagne de haut de gamme, tout cela avec l’argent des contribuables.
Bien entendu ce comportement, peu déontologique il faut le dire, a été vivement critiqué par les « sans dents ».
Ce qui est curieux, et contrairement aux médecins dont le doigt a été pris dans la confiture, ces politiques sont montés sur leurs grand chevaux pour expliquer que ces dépenses étaient effectuées dans le cadre des frais de représentation, et qu’ils étaient acceptés par tous car validés par les grandes instances de la république.
Par ailleurs ces derniers n’ont pas hésité à expliquer que cette dénonciation était un acte politique qui avait pour but de les déstabiliser.
Ce qui est quelque peu difficile à accepter, c’est de voir que ces personnes n’ont pas de scrupules à rester droits dans leur botte, comportement particulier d’autant plus qu’ils dilapident en toute impunité l’argent des contribuables (certains se saignent pour payer les impôts fonciers qui ne cessent d’augmenter).
Ces édiles qui dépensent sans compter ont, eux, de grandes chances de n’avoir aucune sanction judiciaire, ce qui n’est pas le cas des soignants.
De plus ils ont de grandes chances de poursuivre leur carrière dans la haute sphère du pouvoir.
Pour finir je souhaite être clair, et mettre en lumière le fait que de nombreux maires de certaines communes, tout comme un nombre de professionnels de santé sont des citoyens hors pairs et assurent des missions avec un professionnalisme qui feraient rougir certains politiques.
Pour méditer….
« La naissance de la délinquance, c’est l’investissement secret de toutes les facultés de l’intelligence dans la ruse » Daniel Pennac.
Autrement dit « La vraie naissance du crime, c’est quand toute l’ingéniosité d’une personne se tourne vers l’astuce et non vers le bien. » OU Un esprit brillant peut se perdre : quand l’intelligence sert la ruse, la délinquance est en marche… Pour méditer encore…
Merci pour vos argumentaires et votre plume !