La dénomination d’épuisement professionnel est souvent substituée dans le langage courant par le terme de burn-out.
Derrière le verbe « burn out » nous trouvons la signification de brûler ou d’user qui a été initialement utilisé dans l’aérospatiale.
Dans ce domaine le burn out est assimilé à la fusée qui décolle sans avoir suffisamment de carburant, ce qui est à l’origine d’une surchauffe du moteur, et de ce fait est susceptible de générer des risques d’implosion.
L’épuisement professionnel est une notion qui a été initialement en 1959 par un psychiatre français (le Dr Veil), lequel décrivait l’interaction délétère entre un individu et une situation.
Tout être humain a une possibilité d’adaptation qui lui permet d’affronter des situations difficiles.
Cependant dans certains cas ce mécanisme est dépassé car les « réserves » individuelles (chacun présente des différences en ce qui concerne ses capacités « d’emmagasiner » une forme de résilience) qui permettent une stabilité dans le bien être du travailleur, ne sont pas indéfinies.
Dès lors, tout comme le grain de sable dans un mécanisme quel qui soit, on peut observer une désadaptation dans la manière de réagir, ce qui est la source d’un mal-être sur un plan professionnel (cela a souvent des conséquences sur la vie privée des personnes impactées par cet épuisement).
Le terme de burn-out qui est assimilé à celui d’épuisement professionnel a été décrit plus récemment (1971) par Herbert Freudenberger.
Ce professionnel (psychanalyste allemand) avait remarqué les difficultés des bénévoles impliqués dans l’aide des usagers de drogues dures, élément qui pouvait conduire à un épuisement professionnel de ces derniers.
En reprenant le verbe burn out utilisé dans l’aéronautique, ce dernier a voulu montrer que les contraintes engendrées par le travail étaient dans certains cas à l’origine d’un incendie touchant le plus profond de l’individu.
L’aspect extérieur est un faux ami en ne laissant pas subodorer la présence d’une flamme intérieure qui était présente à ce niveau.
Au-delà de cet aspect sémantique, nous sommes très régulièrement informés de situations de burn out dans certaines administrations, mais aussi de certaines entreprises privées (dans ce cas cet état de fait est souvent plus confidentiel).
Les médias mettent en avant la responsabilité le plus souvent des chefs d’entreprise, ou des cols blancs à la tête des administrations qui demandent une plus grande productivité aux employés.
Parfois les journalistes s’arrêtent sur des situations dramatiques où des ouvriers se suicident du fait d’une impossibilité de continuer de manière satisfaisante leur travail.
Cela nous permet de connaître mieux la réalité de l’épuisement professionnel.
Une situation que vivent également les professionnels de santé
La plupart de nos compatriotes pensent que les médecins ne peuvent pas souffrir d’un tel mal.
La réalité nous montre que cette idée est tout à fait fausse.
En effet, 50% des médecins déclarent être en épuisement professionnel.
Ce sont les plus jeunes confrères qui sont le plus souvent concernés par l’épuisement professionnel.
Parmi ces soignants, 59% sont des femmes, et plus souvent ce mal-être concerne prioritairement les médecins généralistes (57% des cas).
Comme nous le voyons ces données épidémiologiques sont peu rassurantes en ce qui concerne l’état de santé des médecins.
Souvent ils accueillent les patients avec le sourire, mais il ne faut pas l’oublier de nombreuses contraintes sont parfois à l’origine d’un épuisement professionnel.
A ce titre nous pouvons citer :
- L’agressivité de certaines personnes qui récusent les propos de médecins ou mettent en avant leur propre expertise. Ils veulent être reçus rapidement, et ne supportent plus la frustration
- Les services sociaux qui n’arrivent pas à répondre de manière correcte aux personnes rencontrées, et qui se défaussent en les envoyant vers le médecin traitant qui devra rédiger des rapports (ils sont souvent inutiles) auprès d’organismes comme la MDPH.
- Les administratifs des caisses d’assurance maladie qui cherchent des poux sur la tête des soignants en demandant également de justifier des actes, en demandant de remplir les cases du ROSP (ils ont toutes les données, alors pourquoi importuner les professionnels de santé déjà débordés ?), en convoquant les médecins pour s’expliquer (ce serait intéressant de faire de même pour eux)
- Les médias, et politiques de tout bord qui ne cessent de répéter que la responsabilité de l’inflation des arrêts de travail est due à un manque de vigilance des professionnels de santé. Jamais ces têtes pensantes ne se sont penchées sur les réelles causes de cette augmentation. Il est plus facile de trouver un bouc émissaire que de sanctionner le futur électeur potentiel
- Les juges qui n’ont pas la main suffisamment lourde pour sanctionner les agresseurs de médecins. Souvent les responsables d’actes répréhensibles sont relâchés, et doivent faire un stage citoyen
- Les fonctionnaires qui font des erreurs (nous faisons tous des erreurs) mais qui ne sont jamais jugés responsables de ces fautes. A contrario le médecin qui effectue des actes en doublon est sévèrement repris par « madame » la caisse qui le plus souvent explique qu’il s’agit d’une erreur hautement répréhensible
- En n’ayant aucune reconnaissance du nombre d’heures de travail effectué par le professionnel exerçant en libéral qui est bien supérieur à celui réalisé dans la plupart des administrations. On fustige les libéraux qui travaillent plus de 50 heures par semaine en moyenne
Les libéraux depuis des décennies sont les mal aimés des pouvoirs publics, ces derniers considérant qu’ils sont des fraudeurs potentiels (d’ailleurs les journalistes ne se cachent pas de dénoncer les détournements de fond de certains soignants).
On oublie trop facilement que nombreux (en général ce sont les médecins les plus âgés) sont ceux qui ont sacrifié leur vie familiale (le nombre de divorce chez ces derniers est important) pour se consacrer aux patients.
Non, les médecins ne sont pas des picsous, et ne recherchent pas tous le profit.
Ils veulent avant tout assurer un service de qualité, et ils sont parfois tristes dès lors qu’ils n’ont pas obtenu les résultats escomptés.
Les médecins sont, en 2025, avant tout des humanistes qui veulent donner le maximum, mais dans certains cas ils ne sont pas récompensés à leur juste valeur….
« Le fruit le plus agréable et le plus utile au monde est la reconnaissance » Ménandre
Pour en savoir plus
- Olié JP, légeron P. Le burn out. Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, no 2, 349-365, séance du 23 février 2016.
Médecin retraité et malade ….je vous prie de croire qu’il arrive que le patient soit mal reçu aussi bien par les secrétaires ,les infirmières et les médecins ….
Et …inversement par ex à hopital de Neuilly l’accueil est parfait
Les pouvoirs publics n’aiment pas les libéraux parce qu’ils n’aiment pas la liberté. Des autres, pas la leur. Les mots ont un sens.
J’ai eu, sans m’être rendu compte, des périodes d’épuisement.
Je viens de remplacer une consœur qui est hospitalisée pour burn out…
Trop de travail, de charges administratives et peut être trop d’empathie !
Je suis d’accord avec cette assertion
Courage à vous tous , comptez sur notre soutien, merci pour toutes vos écrits qui nous alertent et attisent nos réflexions ( en tout cas en ce qui me concernent…) et pour le temps que vous y consacrez.
merci beaucoup pour ce message qui me va droit au cœur.