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L’art de discourir….

Récemment j’ai été convié à l’inauguration d’un établissement médico-social.

Il est difficile de ne pas féliciter sur un plan organisationnel cette entrevue qui a montré les capacités des responsables administratifs d’assurer une gestion de cet événement au millimètre près.

Nous avons pu découvrir les différentes options proposées par cet établissement, mais nous avons également pu mieux connaître les lieux de vie des patients admis au sein de cette unité.

Le personnel en charge de la visite était très attentif à nos (nous étions nombreux à être présents à cette inauguration) questions, et nos interrogations.

A la fin de notre visite, nous avons pu écouter les différents politiques, et administratifs qui ont permis à cette unité d’être créée.

Et là j’ai été quelque peu surpris par les propos des différents interlocuteurs.

Les administratifs ont souligné la spécificité de cet établissement, son rôle, mais aussi ses priorités dans un futur plus ou moins proche.

Les politiques ont montré qu’ils avaient collaboré activement à ce projet.

Cependant ce qui m’a quelque peu décontenancé, c’est de voir la durée des discours que nous avons « écoutés ».

J’utilise les guillemets car j’ai toujours appris avec mes maîtres qu’il est important pour obtenir une écoute optimale, que le discours soit bien structuré, pas trop répétitif, et surtout avec une durée déterminée (au-delà de 15 minutes l’auditoire n’est plus à l’écoute).

Or cette fois j’ai été surpris par les palabres fleuves que nous avons sagement « ingurgitées » comme les oies que l’on gave.

Ce qui m’a le plus étonné, c’est de noter qu’au travers des paroles des politiciens et représentants de l’Etat, nous sentions le désir de se monter et de flatter leur égo parfois surdimensionné.

Quelques phrases présentaient un intérêt certain, mais la majeure partie des discours n’était pas très instructif pour les participants.

De plus, pour faire monter la mayonnaise, et la rendre un peu écœurante pas ailleurs, j’ai pu noter la répétitivité de formules très classiques dans lesquelles les orateurs louaient leur volonté de partager le souhait d’une meilleure qualité des soins pour les résidents.

Pour ces conférenciers le résident est LA priorité d’un établissement médico-social.

Que dire de ces propos très positifs, et qui portent sur les fonds baptismaux le bien être du patient ?

Nous ne pouvons qu’être réconfortés par ces paroles, mais surpris également.

En effet, discourir est une chose, et aller dans l’arène avec les invités (ce ne sont pas des animaux féroces!) est une autre chose.

Or ce qui m’a quelque peu chagriné, c’est de voir que cette inauguration était le prétexte pour les politiques de sortir et de se montrer.

Pourquoi ne pas raccourcir les discours, et accepter d’aller dans « la fosse aux lions » plutôt que de rester dans le confort de son carré VIP?

Il est vrai que se confronter à la réalité du terrain est parfois un exercice difficile, et ces personnes n’apprécient guère toute improvisation.

Il est plus réconfortant pour eux de rester en marge de cette masse qui pourrait les invectiver ou les critiquer.

C’est plus facile de rester dans l’illusion qu’ils sont les élites de notre société, et n’ont aucune leçon à recevoir.

Cette manière d’agir nous l’observons régulièrement dans les médias où nous voyons des représentants politiques qui passent leur temps dans des inaugurations, ou des visites éclairs sur des sites industriels.

Le plus souvent à la fin de leur déambulation bien sagement photographiée par une armada de journalistes (leur (s) responsable (s) qui travaille(nt) sur le créneau de la communication savent orchestrer ces rencontres) , ils s’arrêtent pour bien faire remarquer au travers d’un discours parfois fleuve qu’ils ont participé au rayonnement de l’entreprise qu’ils ont visité.

Par la suite, et au pas de charge, ils quittent précipitamment leur lieu de présentation, et vont vers d’autres cieux pour discourir une nouvelle fois.

De cette manière ils remplissent très facilement leur agenda, et sont satisfaits de leurs propos souvent très individualistes (« j’ai pu, j’ai été à l’origine de… »).

Ce comportement nous le voyons aussi bien dans le secteur industriel, agricole, que dans le secteur médical.

Combien de politiciens ont effectué des discours sur la qualité des soins dans les hôpitaux, et leur rôle pour assurer la promotion de la prévention ou leur participation dans l’élaboration de certains projets ? Un grand nombre.

Malheureusement on oublie souvent que « les grands esprits » devraient écouter quelque peu la base pour éviter des erreurs parfois grossières.

De plus ces énarques qui passent leur temps dans les réceptions oublient qu’ils ont obtenu leur place dorée grâce au français de base qui attend parfois des réponses à des questions parfois épineuses.

C’est probablement ce défaut qui est actuellement à l’origine du désamour des français vis-à-vis de la politique.

Dr Pierre Frances

Un Commentaire

  1. on a créé des postes qui n’ont qu’un seul but: nous en mettre plein la vue et nous endormir et c’est pareil discours ches les grands cadres d’entreprise. Et de ce fait, ceux qui ont des idées n’osent pas.

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