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Des nouveaux intervenants, et des résultats sur le terrain pas nécessairement à la hauteur

Le contribuable français (cette catégorie de citoyen est tout juste majoritaire proportionnellement au nombre d’habitants de notre pays) prend acte de mesures pour le faire payer un peu plus l’année prochaine (taxes sur les lavabos et les baignoires, essence plus chère…).

En parallèle notre premier ministre a de réelles difficultés à donner une feuille de route concernant la réduction des dépenses publiques.

Pourtant il s’était engagé à diminuer de manière drastique les frais engendrés par les administrations car ponctionner les actifs c’est bien, mais en période de disette il est nécessaire de faire des économies.

Ce qui est quelque peu irritant, et qui ne va pas dans le sens d’une limitation du déficit abyssal que nous connaissons et qui est régulièrement mis en avant par les médias, c’est le fait que très récemment l’exécutif a décidé de créer une nouvelle agence de prévention concernant les enfants : Le haut Commissariat à l’enfance.

Ce nouveau millefeuille (il sera bien entendu pourvu de nombreux fonctionnaires) a pour rôle de prévenir la santé mentale des jeunes, et de permettre une collaboration entre différents acteurs de la vie publique (justice, éduction nationale).

Bref un rôle qui est déjà donné à d’autres administrations en charge de l’enfance, mais après tout la redondance d’actions administratives (on ne verra que très rarement ces personnes auprès des enfants) est un privilège que nous pouvons avoir en période de récession économique qui nous fait régulièrement trembler (je parle de moi surtout).

Rien ne vaut la réalité du terrain ignorée par nos instances étatiques

Sur le terrain nous ne pouvons qu’être très irrités par cette nouvelle « création » qui ressemble à de l’enfumage, ou peut-être une occasion de recaser certaines copines ou copains.

Très récemment j’ai pu en faire l’expérience car certains jeunes, qui sortent à leur majorité des foyers où ils sont accueillis du fait d’une parentalité défaillante, ont des problématiques qui donnent froid dans le dos.

C’est ainsi que j’ai rencontré incidemment dans un centre de sans domicile fixe un jeune de 18 ans qui venait de quitter le foyer où il était hébergé.

J’ai pu récupérer son dossier médico-social, et j’ai été très décontenancé par les rapports qui étaient fournis.

Ce jeune, qui avait été violé de nombreuses fois par l’entourage familial dès l’âge de 6 ans, a été hospitalisé plusieurs fois durant son adolescence du fait d’abus de substances illicites ayant conduit à des conduites suicidaires.

Pire, ce dernier s’est prostitué à de nombreuses reprises pour s’acheter de la drogue, cela tout en expliquant qu’il avait essayé la PREP (traitement anti-VIH), médication qu’il n’avait pas supporté (un membre de son foyer l’avait conduit auprès d’un confrère pour obtenir ce traitement).

Ce qui m’a quelque peu interpellé, c’est le fait qu’il était très distant à mon égard malgré une volonté de ma part de le mettre en confiance.

Cette attitude devait être mise en relation avec la méfiance vis-à-vis des adultes qui ne l’ont pas vraiment soutenu par le passé assez proche, et qui ont été responsable en grande partie de son désarroi.

Aussi je tente, en étant patient, de mieux le comprendre pour tenter de « l’apprivoiser » (je ne veux pas que ce terme soit considéré comme péjoratif, mais a pour but de montrer qu’il faut avant tout qu’il soit rassuré dès lors que je le rencontre).

Ce qui est difficile à accepter, c’est le fait qu’il devait bénéficier au décours de son hébergement en tant qu’adolescent d’un suivi « de qualité » dans la structure de l’ASE (aide sociale à l’enfance).

Un reportage réalisé par un journaliste mettait en avant, il y a quelques mois de cela, les défaillances de ces structures qui manquaient cruellement de professionnels pour encadrer ces jeunes.

Ce constat est quelque peu dérangeant car nous ne devons pas l’oublier ces jeunes vont devenir adultes, et il est probable que leur place au sein de la société sera quelque peu difficile à obtenir.

En marge de cet exemple très émouvant (cela a été mon cas car ce jeune aurait pu être mon fils), une collègue pédiatre qui intervient dans ces foyers a demandé à l’Ordre des médecins du département de relayer une demande particulière.

En effet, outre le fait que ces jeunes vivent des situations émotionnelles très difficiles, il est quasiment impossible de leur trouver den médecin traitant.

Bien entendu, et ayant la même fibre que mes associés (nous sommes comme la plupart des généralistes des humanistes), nous nous sommes portés volontaires pour encadrer ces jeunes en grande difficulté.

Au final, plutôt que de créer des organismes administratifs qui n’ont pas un réel impact, il me semble préférable de travailler sur une autre dynamique : celle du terrain.

Ce qui est dramatique dans ce cas c’est le fait que nos politiques sont très créatifs pour développer des usines à gaz, mais se moquent éperdument de ce que nos concitoyens vivent journellement.

Or c’est en regardant les problèmes que doivent affronter la base que nous pourrons avancer.

 

Dr Pierre Frances

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